Dictionnaire de la langue verte. Alfred Delvau

Dictionnaire de la langue verte - Alfred Delvau


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       ASTEC, s. m. Avorton, homme chétif,—dans l'argot du peuple. Adversaire méprisable,—dans l'argot des gens de lettres.

      C'est un souvenir du passage à Paris, il y a quelques années, de ces petits monstres mexicains exhibés sous le nom d'Aztecs.

       ASTIC, s. f. Epée,—dans l'argot des voleurs, qui ne se doutent pas que ce mot vient de l'allemand stich, chose pointue, dont on a fait estic, puis astic, et même asti.

       ASTIC, s. m. Tripoli,—dans l'argot des troupiers, qui s'en servent avec un mélange de savon, d'eau-de-vie et de blanc d'Espagne, pour nettoyer les cuivres de leur fourniment.

      D'où Aller à l'astic.

       ASTICOT, s. m. Vermicelle,—dans l'argot des faubouriens.

       ASTICOTER, v. a. Harceler quelqu'un, le contrarier, le piquer par des injures ou seulement par des épigrammes, ce qui est le forcer à un mouvement vermiculaire désagréable. Argot du peuple.

       ASTIQUER (S'), v. réfl. Se chamailler de paroles avant d'en venir aux voies de fait.

      On dit aussi Astiquer quelqu'un, dans le sens d'Agacer.

       ATELIER, s. m. L'endroit où l'on se réunit—dans l'argot des francs-maçons.

       ATIGER, v. a. Blesser quelqu'un avec une arme quelconque. Argot des prisons.

       ATOUSER, v. a. Encourager quelqu'un, lui donner de l'atout. Même argot.

       ATOUT, s. m. Courage,—parce que souvent au jeu de cartes, l'atout c'est du cœur.

       ATOUT, s. m. Aplomb, acquis, assurance,—dans l'argot du peuple qui sait par expérience que les gens de cœur marchent volontiers le front haut, comme défiant les lâches.

       ATOUT, s. m. Coup plus ou moins grave que l'on reçoit en jouant—maladroitement—des poings avec quelqu'un.

       ATOUT, s. m. Estomac,—dans l'argot des voleurs.

       ATOUT, s. m. Argent, monnaie,—dans l'argot des faubouriens.

      Signifie aussi capacités, talents.

       A TOUT CASSER. Extrêmement,—dans l'argot du peuple.

       ATTACHE, s. f. Boucle,—dans l'argot des voleurs.

      Attaches d'huile. Boucles de souliers en argent.

      Attaches d'Orient. Boucles en or.

       ATTAQUE (Être d'). v. s. Être solide, montrer du sang-froid, du courage, de la résolution dans une affaire. Argot du peuple.

      Y aller d'attaque. Commencer une chose avec empressement, avec enthousiasme.

       ATTENDRIR (S'), v. réfl. Arriver à cette période de l'ivresse où l'on sent des flots de tendresse monter du cœur aux lèvres. Argot des faubouriens.

       ATTRAPE, s. f. Plaisanterie, mensonge,—dans l'argot du peuple, qui disait cela du temps de Calvin.

      On dit aussi Graine d'attrape.

       ATTRAPER, v. a. Engueuler,—dans le même argot.

      Se faire attraper. Recevoir, sans l'avoir demandée, une bordée d'injures poissardes.

       ATTRAPER, v. a. Éreinter un livre ou un confrère. Argot des journalistes.

       ATTRAPER, v. a. Siffler. Argot des coulisses.

      Se faire attraper. Recevoir des pommes crues et des sifflets.

       ATTRAPER L'OGNON, v. a. Recevoir un coup destiné à un autre; payer pour ceux qui ont oublié leur bourse, argot des faubouriens.

      On dit aussi Attraper le haricot ou la fève,—sans doute par allusion au haricot ou à la fève qui se trouve dans le gâteau des rois, et qui met celui à qui elle échoit dans la nécessité de payer sa royauté.

       ATTRAPE-SCIENCE, s. m. Apprenti,—dans l'argot des typographes.

       ATTRIMER, v. a. Prendre, Saisir. Argot des voleurs.

       ATTRIQUER, v. a. Acheter des effets volés.

       ATTRIQUEUSE, s. f. Femme qui achète des objets volés.

       AUBERT, s. m. Argent,—dans l'argot des voleurs qui connaissent leur Villon, ou dont les ancêtres faisaient monnaie avec les mailles des hauberts, comme les enfants avec les loques de cuivre.

       AUTEL, s. m. La table devant laquelle est assis le vénérable. Argot des francs-maçons.

       AUTEL DE PLUME, s. m. Le lit,—dans l'argot du peuple, qui dit cela depuis longtemps, comme le témoigne ce couplet d'une vieille chanson que nos grand'mères chantaient, en s'accompagnant de l'épinette, sur l'air de Le démon malicieux et fin:

      «A Damon vous avez tout permis

      Pour l'hymen qu'il vous avait promis;

      Mais, Iris, savez-vous la coutume?

      Avez-vous pu l'en croire à son serment?

      Ceux que l'on fait sur un autel de plume

      Sont aussitôt emportés par le vent!»

       AUTEUR, s. m. Père ou mère,—dans l'argot des faubouriens et des vaudevillistes.

       AUTEUR BEURRIER, s. m. Ecrivain dont les productions ne se vendent pas en livres, aux lecteurs, mais à la livre, à la fruitière ou à l'épicier, qui en enveloppent leurs produits.

       AUTOMÉDON, s. m. Cocher,—dans l'argot des académiciens et des vaudevillistes de l'école Scribe, qui se souviennent de l'écuyer d'Achille.

       AUTOR ET D'ACHAR (D'). Apocope d'Autorité et d'Acharnement, qu'on emploie,—dans l'argot des faubouriens,—pour signifier: Vivement, sans répliquer, en grande hâte.

       AUTRE PAIRE DE MANCHES (C'est une). C'est une autre affaire.

      Expression populaire usitée dès le milieu du XVIIIe siècle.

       AUVERPIN, s. m. Auvergnat,—dans l'argot des faubouriens, qui donnent ce nom à tous les charbonniers et à tous les commissionnaires.

       AVALÉ LE PÉPIN (Avoir). Être enceinte,—par allusion à la fameuse pomme dans laquelle on prétend que notre mère Eve a mordu.

       AVALER DES COULEUVRES, v. a. Eprouver des déceptions; essuyer des mortifications. Argot du peuple.

       AVALER LE LURON, v. a. Communier,—dans l'argot des voleurs, qui appellent la sainte hostie le luron, sans doute après l'avoir appelée le Rond.

       AVALER SA CUILLER, v. a. Mourir,—dans l'argot des faubouriens.

      On dit aussi Avaler sa fourchette, avaler sa gaffe et avaler sa langue.

       AVALER SON POUSSIN, v. a. Recevoir une réprimande, être congédié. Argot des peintres en bâtiment.

       AVALÉ UNE CHAISE PERCÉE (Avoir). Se dit dans l'argot des faubouriens,—à propos de quiconque a l'haleine homicide.

       AVALOIR, s. m., ou Avaloire, s. f. Le gosier,—dans l'argot des faubouriens, dont les pères ont chanté:

      «Lorsque la cruelle Atropos

      Aura tranché mon avaloire,

      Qu'on dise une chanson à boire!»

       AVANTAGES, s. m. pl. La gorge des femmes,—dans l'argot des bourgeois.

       AVANT-COURRIER, s. m. Mèche anglaise à percer. Argot des voleurs.


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