Dictionnaire de la langue verte. Alfred Delvau

Dictionnaire de la langue verte - Alfred Delvau


Скачать книгу
où le nez et le menton sont sur le point d'accomplir le mariage projeté depuis leur naissance.

       CASSE-POITRINE, s. m. Eau-de-vie poivrée,—dans l'argot du peuple.

       CASSE-POITRINE, s. m. pl. Individus voués aux vices abjects, qui manustupro dediti sunt, dit le docteur Tardieu.

       CASSER, v. n. Mourir,—dans l'argot des voleurs.

       CASSER, v. a. Couper,—dans l'argot des voyous.

       CASSER (Se la), v. réfl. S'en aller de quelque part; s'enfuir.

       CASSER DU BEC, v. n. Avoir une haleine infecte,—dans l'argot des faubouriens.

       CASSER DU GRAIN, v. a. Ne rien faire de ce qui vous est demandé. Argot du peuple.

       CASSER DU SUCRE, v. a. Faire des cancans,—dans l'argot des cabotins.

       CASSER LA GEULE A SON PORTEUR D'EAU, v. a. Avoir ses menses,—dans l'argot des voyous.

       CASSER LA HANE, v. a. Couper la bourse,—dans l'argot des voleurs.

       CASSER LA MARMITE, v. a. Se ruiner; s'enlever, par une folie, tout moyen d'existence. Argot des faubouriens.

       CASSER LE COU A UN CHAT, v. a. Manger une gibelotte,—dans l'argot du peuple.

       CASSER LE COU A UNE NÉGRESSE, v. a. Vider une bouteille.

       CASSER LE NEZ (Se), v. réfl. Avoir une déception plus ou moins amère, depuis celle qu'on éprouve à trouver fermée une porte qu'on s'attendait à trouver ouverte, jusqu'à celle qu'on ressent à voir un amant chez une femme qu'on avait le droit de croire seule.

       CASSER LE SUCRE A LA ROUSSE. Dénoncer un camarade ou plutôt un complice. Argot des voleurs.

       CASSEROLE, s. f. Mouchard,—dans le même argot.

       CASSEROLE, s. f. L'hôpital du Midi,—dans l'argot des faubouriens.

      Passer à la casserolle. Se faire soigner par le docteur Ricord; être soumis à un traitement dépuratif énergique.

       CCasser son cable, v. a. Mourir,—dans l'argot des gens de lettres, qui ont emprunté l'expression à Commerson.

      C'est une allusion à la rupture du câble transatlantique.

       CASSER SA CANNE, v. a. Dormir, et, par extension, mourir.

       CASSER UNE CROUTE, v. a. Manger légèrement en attendant un repas plus substantiel. Argot des bourgeois.

       CASSER SA CRUCHE, v. a. Perdre le droit de porter le bouquet de fleurs d'oranger,—dans l'argot du peuple, qui interprète à sa manière le tableau de Greuze.

       CASSER SA FICELLE, v. a. S'évader du bagne ou d'une maison centrale,—dans l'argot des voleurs.

       CASSER SA PIPE, v. a. Mourir, dans l'argot des faubouriens et des rapins.

       CASSER SON SABOT, v. a. Perdre le droit de porter un bouquet de fleur d'oranger,—dans l'argot du peuple.

       CASSEUR, s. m. Fanfaron,qui a l'air de vouloir tout casser,—dans l'argot du peuple.

      Mettre son chapeau en casseur. Sur le coin de l'oreille, d'un air de défi.

       CASSEUR DE PORTES, s. m. Voleur avec effraction,—dans l'argot des voyous.

       CASSINE, s. f. Maison où le service est sévère,—dans l'argot des domestiques paresseux; atelier où le travail est rude,—dans l'argot des ouvriers gouapeurs.

       CASSOLETTE, s. f. Bouche,—dans l'argot des faubouriens.

      Plomber de la cassolette. Fetidum halitum emittere.

       CASSOLETTE, s. f. La matula de Plaute, et le «Pot qu'en chambre on demande» de Lancelot,—dans l'argot du peuple, qui va chercher ses phrases dans un autre Jardin que celui des Racines grecques.

      Se dit aussi du Tombereau des boueux, quand il est plein d'immondices et qu'il s'en va vers les champs voisins de Paris fumer les violettes et les fraises.

       CASTE DE CHARRUE, s. m. Quart d'un écu,—dans l'argot des voleurs.

       CASTILLE, s. f. Petite querelle,—dans l'argot des bourgeois, qui cependant n'ont pas lu l'Histoire de Francion.

      Chercher castille. Faire des reproches injustes ou exagérés.

       CASTOR, s. m. Chapeau d'homme ou de femme, en feutre ou en soie, en tulle ou en paille,—dans l'argot du peuple, qui n'emploie pas cette expression précisément en bonne part.

       CASTROZ, s. m. Chapon,—dans l'argot des voyous.

      Ils disent aussi Castion.

       CASTU, s. m. Hôpital,—dans l'argot des voleurs, qui savent mieux que personne que les premiers établissements hospitaliers en France, notamment l'hôpital général à Paris, ont été de véritables forteresses, castelli.

       CASTUC, s. f. Prison, un autre hôpital, celui des vices, qui sont la maladie de l'âme.

       CAT, s. m. Chat,—dans l'argot des enfants, qui parlent mieux le vieux français que les grandes personnes:

      Lou cat a fain Quant manjo pain,

      dit un fabliau ancien.

       CATAPLASME AU GRAS, s. m. Épinards,—dans l'argot des faubouriens.

       CATAPLASME DE VENISE, s. m. Soufflet, coup sur le visage,—dans 'argot du peuple.

       CAUTEAU, s. f. Fille qui n'a pas voulu coiffer sainte Catherine et s'est mariée avec le général Macadam.

       CATHOLIQUE A GROS GRAINS, s. m. Catholique peu pratiquant,—dans l'argot des bourgeois.

       CATIN, s. m. Un nom charmant devenu une injure, dans l'argot du peuple, qui a bien le droit de s'en servir après Voltaire, Diderot, et Mme de Sévigné elle-même.

       CATINISER (Se). De fille honnête devenir fille.

       CAUCHEMARDANT, adj. Ennuyeux, importun,—dans l'argot des faubouriens.

       CAUCHEMARDER, v. a. Ennuyer, obséder.

       CAUSE GRASSE. Cause amusante à plaider et à entendre plaider,—dans l'argot des avocats, héritiers des clercs de la Basoche. Le chef-d'œuvre du genre est l'affaire du sieur Gaudon contre Ramponneau, Me Arouet de Voltaire plaidant—la plume à la main.

       CAUSETTE, s. f. Causerie familière, à deux, dans l'argot du peuple, qui a eu l'honneur de prêter ce mot à George Sand.

      Faire la causette. Causer tout bas.

       CAUSOTTER, v. n. Se livrer à une causerie intime entre trois ou quatre personnes.

       CAVALCADE, s. f. Aventure galante.

      Avoir vu des cavalcades. Avoir eu de nombreux amants.

       CAVALE, s. f. Course précipitée, fuite,—dans l'argot des voyous.

      Se payer une cavale. Courir.

       CAVALE, s. f. Grande femme maigre, mal faite, déhanchée.

       CAVALER (Se), v. réfl. S'enfuir comme un cheval,—dans l'argot des faubouriens.

       CAVALOT, s. m. Pièce de menue monnaie,—dans le même argot.

       CAVÉ, s. m. Dupe,—dans le même argot.

       CAVÉE, s. f. Église,—dans l'argot des voleurs, qui redoutent les rhumatismes.

       CAYENNE, s. m. Cimetière extra muros,—dans l'argot du peuple, pour qui il semble que ce soit


Скачать книгу