Dictionnaire de la langue verte. Alfred Delvau

Dictionnaire de la langue verte - Alfred Delvau


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en conscience, ou à la conscience. Travailler à la journée.

       CONSCRIT, s. m. Elève de première année,—dans l'argot des Polytechniciens, dont beaucoup se destinent à l'armée.

      C'est aussi l'élève de seconde année à Saint-Cyr.

       CONSERVATOIRE, s. m. Grand Mont-de-piété,—dans l'argot du peuple.

       CONSOLATION, s. f. Eau-de-vie,—dans l'argot du peuple, qui se console à peu de frais.

      Débit de consolation. Liquoriste, cabaret.

       CONSOLER SON CAFÉ. Mettre de l'eau-de-vie dedans. Habitude normande,—très parisienne.

       CONSOMME, s. f. Apocope de consommation,—dans l'argot des faubouriens.

       CONSTANTE, s. f. Nom que les Polytechniciens donnent à l'élève externe, parce que l'externe sort de l'école comme il y est entré: il n'a pas d'avancement; il n'est pas choyé, il joue au milieu de ses camarades le rôle de la constante dans les calculs: il passe par toutes les transformations sans que sa nature en subisse aucune variation.

       CONTRE, s. m. Consommation personnelle, au café, que l'on joue avec une autre personne contre sa consommation.

       CONTRÔLE, s. m. Flétrissure, marque de fer rouge sur l'épaule des forçats,—dans l'argot des prisons.

       CONTRÔLER, v. a. Donner un coup de talon de botte sur la figure de quelqu'un. Argot des faubouriens.

      On dit aussi mettre le contrôle.

       CONVALESCENCE, s. f. Surveillance de la haute police,—dans l'argot des voleurs.

      Être en convalescence. Être sous la surveillance de la police.

       COPAIN, s. m. Compagnon d'études,—dans l'argot des écoliers.

      On écrivait et on disait autrefois compaing, mot très expressif que je regrette beaucoup pour ma part, puisqu'il signifiait l'ami, le frère choisi, celui avec qui, aux heures de misère, on partageait son pain,—cum pane. C'est l'ancien nominatif de compagnon.

       COPE, s. f. Apocope de copie,—dans l'argot des typographes.

      Avoir de la cope. Avoir un manuscrit à composer.

       COPEAU, s. m. La langue,—dans l'argot des souteneurs de filles.

      Lever son copeau. Parler, bavarder.

       COPIE, s. f. Travail plus ou moins littéraire, bon à livrer à l'imprimeur,—dans l'argot des gens de lettres, qui écrivent copiosissimè dans l'intérêt de leur copia.

      Faire de la copie. Écrire un article pour un journal ou pour une revue.

      Caner sa copie. Ne pas écrire l'article promis.

      Pisser de la copie. Écrire beaucoup trop, sur tous les sujets.

      Pisseur de copie. Ecrivain qui a une facilité déplorable et qui en abuse pour inonder les journaux ou revues de Paris, des départements et de l'étranger, de sa prose ou de ses vers.

       COQ, s. m. Cuisinier,—dans l'argot des ouvriers qui ont servi dans la marine, et qui ne savent pas parler si bien latin, coquus.

       COQUARD, s. m. Œil,—dans l'argot des bouchers.

       COQUARD, s. m. Œuf,—dans l'argot des enfants.

       COQUARDEAU, s. m. Galant que les femmes dupent facilement,—dans l'argot du peuple.

      Le mot n'est pas aussi moderne qu'on serait tenté de le croire, car il sort du Blason des fausses amours:

      «Se ung coquardeau

      Qui soit nouviau

      Tombe en leurs mains,

      C'est un oyseau

      Pris au gluau

      Ne plus ne moins.»

       COQUARDER, v. n. Alvum deponere. Argot des faubouriens. (V. Coquard et Pondre un œuf.)

       COQUER, v. a. Dénoncer,—dans l'argot des voleurs, qui ont emprunté à l'argot lyonnais ce mot qui signifie embrasser, comme fit Judas Iscariote pour Jésus.

       COQUER, v. a. Donner,—dans le même argot.

      Coquer la camouffle. Présenter la chandelle.

      Coquer la loffitude. Donner l'absolution.

      Coquer le poivre. Empoisonner.

      Coquer le taf. Faire peur.

       COQUEUR, s. m. Dénonciateur.

       COQUEUR DE BILLE, s. m. Bailleur de fonds.

       COQUILLARD, s. m. Pèlerin,—dans l'argot des faubouriens.

       COQUILLE, s. f. Lettre mise à la place d'une autre,—dans l'argot des typographes.

       COQUILLON, s. m. Pou,—dans l'argot des faubouriens, qui se rappellent sans doute qu'on donnait autrefois ce nom à un capuchon qui se relevait sur la tête.

       CORBEAU, s. m. Frère de la Doctrine chrétienne,—dans l'argot des faubouriens, qui ont été frappés de l'analogie d'allures qu'il y a entre ces honnêtes instituteurs de l'enfance et l'oiseau du prophète Elie.

       CORBEAU, s. m. Employé des pompes funèbres,—dans le même argot.

       CORBUCHE, s. f. Ulcère,—dans l'argot des voleurs.

      Corbuche-lof. Ulcère factice.

       CORDER, v. n. Fraterniser, vivre avec quelqu'un toto corde,—dans l'argot du peuple.

       CORDON BLEU, s. m. Cuisinière émérite. Argot des bourgeois.

       CORNARD, s. m. Galant homme qui a épousé une femme galante,—dans l'argot du peuple, impitoyable pour les malheurs ridicules et pour les martyrs grotesques.

       CORNEAU, s. m. Bœuf,—dans l'argot des voleurs.

      Corneaude. Vache.

       CORNER, v. a. Publier une chose avec éclat; répéter une nouvelle, fausse ou vraie,—dans l'argot du peuple.

      Corner une chose aux oreilles de quelqu'un. La lui répéter de façon à lui être désagréable.

       CORNER, v. n. Puer,—dans l'argot des faubouriens, qui font probablement allusion à l'odeur insupportable qu'exhale la corne brûlée.

       CORNET, s. m. Estomac,—dans le même argot.

      Se mettre quelque chose dans le cornet. Manger.

      N'avoir rien dans le cornet. Être à jeun.

       CORNET D'ÉPICES, s. m. Capucin,—dans l'argot des voleurs.

       CORNICHE, s. f. Chapeau. Argot des faubouriens.

       CORNICHON, s. m. Veau. Argot des voleurs.

       CORNICHON, s. et adj. Nigaud, homme simple, qui respecte les femmes,—dans l'argot de Breda-Street; parfois imbécile,—dans l'argot au peuple, qui juge un peu comme les filles, ses filles.

       CORNIÈRE, s. f. Étable.

       CORNIFICETUR, s. m. Galant homme qui a épousé une femme galante et qui le regrette tous les jours.

       CORSER, v. a. Multiplier les péripéties,—dans l'argot des gens de lettres; augmenter la force d'un liquide,—dans l'argot des marchands de vin.

       CORSER


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