Dictionnaire de la langue verte. Alfred Delvau
s. f. Chanteuse des rues, qui se trouve souvent dépourvue lorsque «la bise est venue».
CIGALE, s. f. Pièce d'or,—dans l'argot des voleurs, qui aiment à l'entendre sonner dans leur poche.
Ils disent aussi cigue, par apocope, et Ciguë, par corruption.
CIGOGNE, s. f. Le Palais de justice,—dans l'argot des voleurs.
Dab de la Cigogne. Le procureur général.
CIMENT, s. m. Moutarde.—dans l'argot des francs-maçons.
CINQ-CENTIMADOS, s. m. Cigare d'un sou,—dans l'argot des faubouriens, qui ont voulu parodier à leur façon les trabucos, les cazadores, etc.
CINQ SOUS, s. m. Cigare de vingt-cinq centimes.
CINQUIÈME, s. m. Verre de la contenance d'un cinquième de litre,—dans l'argot des marchands de vin.
Les faubouriens amis de l'euphonie, disent volontiers cintième.
CIPAL, s. m. Garde municipal,—dans l'argot des voyous, amis des aphérèses.
CIREUX, adj. et s. Qui a de la chassie, de la cire aux yeux.
CIRURGIEN, s. m. Médecin, chirurgien,—dans l'argot du peuple, qui parle comme Ambroise Paré écrivait. C'est le χειρουργικος [grec: cheirourgikos] des anciens.
CITOYEN OFFICIEUX, s. m. Laquais,—dans l'argot révolutionnaire, qu'on emploie encore aujourd'hui.
CIVADE, s. f. Avoine,—dans l'argot des maquignons et des voleurs, qui emploient un mot de la vieille langue française. Civade, vient de cive, qui venait de cæpa, oignon, d'où cæpatum civet, plat à l'oignon; et l'étymologie n'a rien de forcé, aimé venant bien d'amatum.
Les Espagnols disent cebada pour Orge.
CIVARD, s. m. Herbage.
CIVE, s. f. Herbe.
CLABAUDER, v. n. Crier à propos de tout, et surtout à propos de rien,—comme un chien. Argot des bourgeois.
Signifie aussi Répéter un bruit, une nouvelle; faire des cancans,—et alors il est verbe actif.
CLAIRTÉ, s. f. Lumière, netteté, beauté,—dans l'argot du peuple, fidèle à l'étymologie (claricas) et à la tradition.
«Parquoy s'ensuit qu'en toute claireté
Son nom reluyt et sa vertu pullule,»
dit Clément Marot.
CLAMPIN, s. m. Fainéant, traîne-guêtres, homme qui a besoin d'être fortifié par un clamp.—le clamp de l'énergie et de la volonté.
CLAMPINER, v. n. Marcher paresseusement, flâner.
CLAPIER, s. m. Maison mal famée, où l'on élève du gibier domestique à l'usage des amateurs parisiens.
L'expression se trouve dans beaucoup d'écrivains des XVe et XVIe siècles.
CLAQUE, s. f. Soufflet,—dans l'argot du peuple, qui aime les onomatopées.
Figure à claques. Visage moqueur qui donne des démangeaisons à la main de celui qui le regarde.
CLAQUÉ, s. m. Homme mort.
La boite aux claqués. La Morgue.
Le jardin des claqués. Le cimetière des hospices.
CLAQUE-FAIM, s. m. Homme sans ressources, qui meurt de faim.
Le peuple dit aussi, dans le même sens, Claque-soif,—par compassion, l'homme qui meurt de soif étant pour lui plus à plaindre que celui qui meurt de faim.
CLAQUER, v. a. Donner des soufflets.
CLAQUER, v. a. Vendre une chose, s'en débarrasser,—dans le même argot.
Claquer ses meubles. Vendre son mobilier.
CLAQUER, v. n. Manger,—dans l'argot des voyous, qui font allusion au bruit de la mâchoire pendant la mastication.
CLAQUER, v. n. Mourir.—dans l'argot des faubouriens.
CLARINETTE DE CINQ PIEDS, s. f. Fusil,—dans l'argot des soldats.
CLAVIN, s. m. Clou,—dans l'argot des voleurs, plus fidèles à l'étymologie (clavus) qu'à l'honnêteté.
CLICHÉ, s. m. Phrase toute faite, métaphore banale, plaisanterie usée,—dans l'argot des gens de lettres.
CLIQUE, s. f. Diarrhée. Argot du peuple.
CLIQUE, s. f. Bande, coterie, compagnie de gens peu estimables. Même argot.
Mauvaise clique. Pléonasme fréquemment employé,—clique ne pouvant jamais se prendre en bonne part.
CLOPORTE, s. m. Concierge—soit parce qu'il habite une loge sombre et humide, comme l'oniscus murarius; soit parce qu'il a pour fonctions de clore la porte de la maison.
CLOQUE, s. f. Phlyctène bénigne qui se forme à l'épiderme.—dans l'argot du peuple, ami des onomatopées.
Les bourgeois, eux, disent cloche: c'est un peu plus français, mais cela ne rend pas aussi exactement le bruit que font les ampoules lorsqu'on les crève.
CLOS-CUL, s. m. Le dernier-né d'une famille ou d'une couvée.
On dit aussi Culot.
CLOU, s. m. Le mont-de-piété,—où l'on va souvent accrocher ses habits ou ses bijoux quand on a un besoin immédiat d'argent.
Coller au clou. Engager sa montre ou ses vêtements chez un commissionnaire au mont-de-piété.
Grand clou. Le Mont-de-piété de la rue des Blancs-Manteaux, dont tous les autres monts-de-piété ne sont que des succursales.
CLOU, s. m. Prison,—dans l'argot des voleurs.
CLOU, s. m. La salle de police,—dans l'argot des soldats, qui s'y font souvent accrocher par l'adjudant.
Coller au clou. Mettre un soldat à la salle de police.
CLOUER LE BEC, v. a. Imposer silence à un importun, ou à un mauvais raisonneur,—dans l'argot du peuple.
On dit aussi River le clou.
CLOUS, s. m. pl. Outils,—dans l'argot des graveurs sur bois, qui confondent sous ce nom les échoppes, les burins et les gouges.
CLOUS DE GIROFLE, s. m. pl. Dents noires, avariées, esgrignées comme celles de Scarron.
CO, s. m. Coq,—dans l'argot des paysans et des enfants.
COCANGES, s. f. pl. Coquilles de noix avec lesquelles certains fripons font des dupes.
COCANGEUR, s. m. Voleur qui a la spécialité des Cocanges et de la Roubignole.
COCARDE, s. f. La tête,—dans l'argot du peuple.
Taper sur la cocarde. Se dit d'un vin trop généreux qui produit l'ivresse.
Avoir sa cocarde. Être en état d'ivresse.
COCARDIER, s. m. Homme fanatique de son métier,—dans l'argot des troupiers.
COCASSERIE, s. f. Saugrenuïté dite ou écrite, jouée ou peinte,—dans l'argot des artistes et des gens de lettres.
COCHE,