La Saga de Njal. Anonyme

La Saga de Njal - Anonyme


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chevaux, puis ils s'en allèrent, passant la rivière, du côté de Hjardarholt, jusqu'au bout de la vallée, et ils restèrent là, dans la montagne, parmi les gorges du Haukadal, en un endroit où on ne pouvait les trouver que si on arrivait droit sur eux. Leurs selles et leurs armes étaient restées dans la forge, et il leur fallut aller les chercher. Mais pas un homme ne s'aperçut de leur départ.

      Cette même nuit Höskuld s'éveilla à Höskuldstad, et il éveilla tous ses hommes. «Je veux vous dire mon rêve, dit-il. Il m'a semblé que je voyais un grand ours sortir de la maison, (et je sais bien que cet ours n'avait pas son pareil). Deux ours le suivaient, et ils semblaient vouloir du bien à cet ours. Il s'en allait vers Hrutstad, et il entra dans la maison. À ce moment je m'éveillai. Maintenant je veux vous demander ce que vous avez vu de ce grand homme?» Un des hommes répondit: «J'ai vu ceci: de dessous sa manche sortait une bordure d'or et un habit rouge, et à la main droite il avait un anneau d'or». Höskuld dit: «Ceci est un esprit, et celui de nul autre que de Gunnar de Hlidarenda. Je vois maintenant tout ce qui va venir, et il faut monter à cheval, et aller à Hrutstad».

      Ils sortirent tous, et vinrent à Hrutstad. Ils frappèrent à la porte. On homme sortit et ouvrit la barrière. Ils entrèrent. Hrut était couché dans son lit fermé, et il demanda qui étaient ces gens-là? Höskuld dit son nom et demanda quels hôtes il y avait à Hrulstad. Hrut répond: «Il y a ici Kaupahjedin».--«Un plus grand que lui de toute la tête, dit Höskuld; car je crois qu'il y a en ici Gunnar de Hlidarenda».--«Alors il s'est fait ici une tromperie» dit Hrut. «Qu'est-il arrivé?» dit Höskuld.--«Je lui ai dit comment il fallait faire la citation pour réclamer les biens d'Unn, et je me suis cité moi-même en justice, et il a dit après moi; et voilà que maintenant l'affaire est engagée, et c'est selon la loi».--«C'était une idée de grand sens, dit Höskuld; mais Gunnar ne l'a pas eue tout seul. Njal doit lui avoir donné ce conseil; car il n'a pas son pareil pour la ruse». Alors ils se mettent à chercher Hjedin, et Hjedin est parti.

      Ils rassemblèrent du monde et cherchèrent Hjedin et ses gens trois jours et trois nuits, et ils ne trouvèrent rien. Gunnar chevaucha, quittant la montagne, jusqu'au Haukadal. Il passa à l'est des gorges et vint à Holtavörduheidi, et il ne s'arrêta pas qu'il ne fût arrivé chez lui. Il alla trouver Njal et lui dit qu'il s'était bien trouvé de son conseil.

       Table des matières

      Gunnar monta à cheval et alla au ting. Hrut et Höskuld allèrent aussi au ting, et beaucoup d'hommes avec eux.

      Gunnar porta l'affaire devant le ting, et il prit des hommes libres à témoins dans sa cause, et ceux de Hrut avaient pensé à l'attaquer, mais ils ne s'y risquèrent pas.

      Après cela Gunnar alla devant le tribunal du pays du Breidafjord et il fit sommation à Hrut d'écouter son serment, et l'exposé de l'affaire, et toutes les preuves. Puis il prêta serment et exposa l'affaire. Puis il fit comparaître les témoins de la citation, et ensuite les témoins de ce qu'il avait pris en main la cause. Njal n'était pas au tribunal.

      Gunnar donc poursuivit l'affaire en sommant Hrut de se défendre. Hrut nomma des témoins, et dit que la procédure était nulle, et que Gunnar avait oublié les trois témoignages qu'il aurait dû produire devant le tribunal: le premier, celui qui est pris devant le lit, le second devant la porte des hommes, et le troisième au tertre de la loi.

      Alors Njal était arrivé au tribunal. Il dit qu'il remettrait bien l'affaire en bon chemin s'ils voulaient la continuer. «Je ne veux pas cela, dit Gunnar. Je veux faire à Hrut comme il a fait à Mörd mon parent. Les deux frères, Hrut et Höskuld, sont-ils assez près pour entendre mes paroles?»--«Nous entendons dit Hrut; mais que veux-tu?» Gunnar dit: «Que ceux-là soient témoins, qui sont ici et m'écoutent, que je te cite, Hrut, en combat singulier dans l'île. Et tu combattras avec moi aujourd'hui dans cette île qui est ici dans l'Öxara. Mais si tu ne veux pas combattre, paye tout l'argent aujourd'hui».

      Alors Gunnar chanta ces vers.

      «Oui, Hrut et moi dans notre fureur, nous combattrons dans l'île aujourd'hui même, et les casques et les boucliers se choqueront. Qu'ils m'entendent, tous ces guerriers que je prends à témoins. Sinon, que le vieillard paye sur l'heure le douaire de la femme au voile flottant».

      Après cela Gunnar s'en alla du tribunal avec toute sa troupe. Höskuld et Hrut rentrèrent aussi chez eux. Et l'affaire ne fut plus ni poursuivie ni défendue à partir de ce jour.

      Hrut dit, comme il entrait dans sa hutte: «C'est une chose qui ne m'est jamais arrivée, qu'un homme m'ait offert le combat, et que je l'aie refusé».--«Alors tu songes à combattre, dit Höskuld; mais cela ne sera pas, si j'ai un conseil à te donner, car tu n'es pas plus à la taille de Gunnar, que Mörd n'était à la tienne. Et nous ferions mieux de payer tous deux l'argent à Gunnar».

      Alors les deux frères demandèrent aux hommes de leur pays, ce qu'ils voulaient donner. Ils répondirent tous qu'ils donneraient autant que Hrut voudrait. «Allons donc, dit Höskuld, à la hutte de Gunnar, et payons lui l'argent».

      Ils allèrent à la hutte de Gunnar et l'appelèrent dehors. Il sortit devant la porte de la hutte et les autres hommes avec lui. Höskuld dit: «Tu vas maintenant prendre l'argent». Gunnar dit: «Compte le donc. Je suis prêt à le prendre». Et ils comptèrent toute la somme jusqu'à la dernière pièce d'argent. Höskuld dit: «Jouis en maintenant comme tu l'as acquis». Alors Gunnar chanta:

      «Les hommes qui ont acquis de la gloire dans les combats peuvent jouir de leurs biens sans crainte. Nul ne me disputera mes richesses les armes à la main. Mais si nous versions le sang à cause d'une femme, mal nous en prendrait, à nous les vaillants guerriers».

      «Tu en seras mal récompensé» dit Hrut. «Il en sera ce qu'il pourra» dit Gunnar. Höskuld et les siens rentrèrent dans leurs huttes. Höskuld roulait ses pensées dans sa tête, et il dit à Hrut: «N'aurons-nous jamais vengeance de Gunnar pour s'être joué de nous?»--«Cela ne sera pas, dit Hrut, il en sera puni certainement mais nous n'aurons de part ni à la vengeance ni au profit. Il est à prévoir cependant qu'il se tournera vers ceux de notre famille pour demander leur amitié». Et ils n'en dirent pas plus long.

      Gunnar montra l'argent à Njal. «Cela a bien marché» dit Njal.--«Et c'est toi qui as fait cela» dit Gunnar.

      Les hommes quittèrent le ting, et retournèrent chez eux, et Gunnar eut beaucoup d'honneur de cette affaire. Il remit tout l'argent à Unn, et n'en voulut rien avoir. Mais il dit qu'il lui semblait qu'il pouvait attendre plus d'aide, à l'avenir, d'elle et de ses parents que de nul autre. Elle répondit que c'était vrai.

       Table des matières

      Il y avait un homme nommé Valgard. Il demeurait à Hofi sur la Ranga. Il était fils de Jörund le godi, fils de Hrafn le simple, fils de Valgard, fils d'Aefar, fils de Vemund le muet, fils de Thorolf au long nez, fils de Thrand le vieux, fils d'Harald aux grandes dents, fils de Hrærek le briseur d'anneaux. La mère d'Harald aux grandes dents était Aud, fille d'Ivar aux longs bras, fils de Halfdan le sage. Le frère de Valgard le mauvais était Ulf, godi d'Ör, de qui sont descendus ceux d'Odda. Ulf, godi d'Ör, fut père de Svart, père de Lodmund, père de Sigfus, père de Sæmund le sage. Lodmund fils de Svart fut père de Grim, père de Sverting, père de Vigdir, mère de Sturla dans la vallée. De Valgard est descendu Kolbein le jeune.

      Ces frères, Ulf, godi d'Ör, et Valgard le mauvais, allèrent demander la main d'Unn, et elle épousa Valgard sans prendre l'avis d'aucun de ses parents. Mais cela sembla mauvais à Gunnar, et à Njal, et à beaucoup d'autres; car Valgard était un homme d'humeur méchante et sans amitié. Ils eurent ensemble un fils qui s'appela Mörd; et il sera longtemps dans cette saga. Quand il fut arrivé à l'âge d'homme, il fut mauvais pour ses parents


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