Psychopathia Sexualis avec recherches spéciales sur l'inversion sexuelle. R. von Krafft-Ebing

Psychopathia Sexualis avec recherches spéciales sur l'inversion sexuelle - R. von Krafft-Ebing


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sentiments éthiques (sentiment sexuel normal) est troublée ou empoisonnée.

      Il faut considérer comme pervertie toute manifestation de l'instinct sexuel qui ne répond pas au but de la nature, c'est-à-dire à la perpétuité de la race, si cette manifestation s'est produite malgré l'occasion propice pour satisfaire d'une manière naturelle le besoin sexuel. Les actes sexuels pervertis que la paresthésie provoque sont très importants au point de vue clinique, social et médico-légal; aussi est-il indispensable de les traiter ici à fond et de vaincre à cet effet tout le dégoût esthétique et moral qu'ils nous inspirent.

      La perversion de l'instinct sexuel, comme je le démontrerai plus loin, ne doit pas être confondue avec la perversité des actes sexuels. Celle-ci peut se produire sans être provoquée par des causes psychopathologiques. L'acte pervers concret, quelque monstrueux qu'il soit, n'est pas une preuve. Pour distinguer entre maladie (perversion) et vice (perversité), il faut remonter à l'examen complet de l'individu et du mobile de ses actes pervers. Voilà la clef du diagnostic. (Voir plus bas.)

      La paresthésie peut se combiner avec l'hyperesthésie. Cette combinaison clinique se présente très souvent. Alors, on peut sûrement s'attendre à des actes sexuels. La perversion de l'activité sexuelle peut avoir comme objectif la satisfaction sexuelle avec des personnes de l'autre sexe ou du même sexe.

      Ainsi nous arrivons à classer en deux grands groupes les phénomènes de la perversion sexuelle.

       Table des matières

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      Note 27: (retour)

      Ainsi nommé d'après le mal famé marquis de Sade, dont les romans obscènes sont ruisselants de volupté et de cruauté. Dans la littérature française «Sadisme» est devenu le mot courant pour désigner cette perversion.

      Entre autres: Novalis, dans ses Fragmenten; Goerres: Christliche Mystik, t. III, p. 400.

      Comparez les célèbres vers d'Alfred de Musset à l'Andalouse:

      Qu'elle est superbe en son désordre

      Quand elle tombe les seins nus,

      Qu'on la voit béante se tordre

      Dans un baiser de rage et mordre

      En hurlant des mots inconnus!

      Les anciens auteurs avaient déjà appelé l'attention sur la connexité qui existe entre la volupté et la cruauté.

      Blumröder (Ueber Irresein, Leipzig, 1836, p. 51) hominem vidit qui compluria vulnera in musculo pectorali habuit, quæ femina valde libidinosa in summa voluptate mordendo effecit.

      Dans un essai «Ueber Lust und Schmerz» (Friedreichs Magazin für Seelenkunde, 1830, II, 5), il appelle l'attention particulièrement sur la corrélation psychologique qui existe entre la volupté et la soif du sang. Il rappelle à ce sujet la légende indienne de Siwa et Durga (Mort et Volupté), les sacrifices d'hommes avec mystères voluptueux, les désirs sexuels de l'âge de puberté associés à un penchant voluptueux pour le suicide, à la flagellation, aux pincements, aux blessures faites aux parties génitales dans le vague et obscur désir de satisfaire le besoin sexuel.

      Lombroso aussi (Verzeni e Agnoletti, Roma, 1874) cite de nombreux exemples de tendance à l'assassinat pendant la surexcitation produite par la volupté.

      Au milieu de l'exaltation du combat l'image de l'exaltation de la volupté vient à l'esprit. Comparez, chez Grillparzer, la description d'une bataille faite par un guerrier:

      «Et lorsque sonne le signal,—que les deux armées se rencontrent,—poitrine contre poitrine,—quels délices des dieux!—Par ici, par là—des ennemis,—des frères,—sont abattus par l'acier mortel.—Recevoir et donner la mort et la vie,—dans l'échange alternant et chancelant,—dans une griserie sauvage!» (Traum ein Leben, acte I).

      Ces exemples forment des cas de transition entre les cas manifestement pathologiques.

      Très instructifs aussi les exemples des Césars dégénérés (Néron, Tibère), qui se réjouissaient en faisant égorger devant eux des jeunes gens et des vierges, ainsi que le cas de ce monstre, le maréchal Gilles de Rays (Jacob, Curiosités de l'Histoire de France, Paris, 1858) qui a été exécuté en 1440 pour viols et assassinats commis pendant huit ans sur plus de huit cents enfants. Il avoua que c'était, à la suite de la lecture de Suétone et des descriptions des orgies de Tibère, de Caracalla, que l'idée lui était venue d'attirer des enfants dans son château, de les souiller en les torturant et de les assassiner ensuite. Ce monstre assura avoir éprouvé un bonheur indicible à commettre ces actes. Il avait deux complices. Les cadavres des malheureuses victimes furent brûlés et seules quelques têtes d'enfants exceptionnellement belles furent gardées comme souvenir.

      Quand on veut expliquer la connexité existant entre la volupté et la cruauté, il faut remonter à ces cas qui sont encore presque physiologiques où, au moment de la volupté suprême, des individus, normaux d'ailleurs mais très excitables, commettent des actes, comme mordre ou égratigner, qui habituellement ne sont inspirés que par la colère. Il faut, en outre, rappeler que l'amour et la colère sont non seulement les deux plus fortes passions, mais encore les deux uniques formes possibles de la passion forte (sthénique). Toutes les deux cherchent leur objet, veulent s'en emparer, et se manifestent par une action physique sur l'objet; toutes les deux mettent la sphère psycho-motrice dans la plus grande agitation et arrivent par cette agitation même à leur manifestation normale.

      Schultz (Wiener med. Wochenschrift,


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