Psychopathia Sexualis avec recherches spéciales sur l'inversion sexuelle. R. von Krafft-Ebing

Psychopathia Sexualis avec recherches spéciales sur l'inversion sexuelle - R. von Krafft-Ebing


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leur genre. Il faut alors distinguer s'ils ont lieu après la consommation du coït dans lequel le libido nimia n'a pas été satisfait, ou si, dans le cas d'affaiblissement de la puissance génésique, ils servent de préparatifs pour la stimuler, ou si enfin, dans le cas d'une absence totale de la puissance génésique, les actes sadiques doivent remplacer le coït devenu impossible et provoquer l'éjaculation. Dans les deux derniers cas, il y a, malgré l'impuissance, un libido violent, ou du moins ce libido subsistait chez l'individu à l'époque où il a constaté l'habitude des actes sadiques. L'hyperesthésie sexuelle doit toujours être considérée comme la base des penchants sadistes. L'impuissance si fréquente chez les individus psycho-névropathiques dont il est ici question, à la suite d'excès faits dès la première jeunesse, est ordinairement de la faiblesse spinale. Quelquefois il se peut qu'il y ait une sorte d'impuissance psychique par la concentration de la pensée vers l'acte pervers, à côté duquel alors l'image de la satisfaction normale s'efface.

      Quel que soit le caractère extérieur de l'acte, pour le comprendre il est essentiel d'examiner les dispositions perverses de l'âme et le sens du penchant de l'individu atteint.

       Table des matières

      Comparez: Meizger Ger. Arzneiw, édité par Remer, p. 539; Klein's Annalen, X, p. 176, XVIII, p. 311; Heinroth, System der Psych. ger. Med., p. 270; Neuer Pitaval, 1855, 23 Th. (cas Blaize Ferrage).

      Le fait le plus horrible mais aussi le plus caractéristique pour montrer la connexité qui existe entre la volupté et la cruauté, c'est le cas d'Andreas Bichel que Feuerbach a publié dans son Aktenmæssigen Darstellung merkwürdiger Verbrechen.

      B. puellas stupratas necavit et dissecuit.—À propos de l'assassinat commis sur une de ses victimes, il s'est exprimé dans les termes suivants au cours de son interrogatoire:

      «Je lui ai ouvert la poitrine et j'ai tranché avec un couteau les parties charnues du corps. Ensuite j'ai apprêté le corps de cette personne, comme le boucher a l'habitude de faire avec la bête qu'il vient de tuer. Je lui ai coupé le corps en deux avec une hache de façon à l'enfouir dans le trou creusé d'avance dans la montagne et destiné à recevoir le cadavre. Je puis dire qu'en ouvrant la poitrine j'étais tellement excité que je tressaillais et que j'aurais voulu trancher un morceau de chair et le manger.»

      Geschlechtstrieb und Verbrechen in ihren gegenseitigen Beziehungen, Goltdammers Archiv, Bd. XXX.

      Un nommé Grassi (V. Lombroso op. cit., p. 12) a été pris nuitamment d'un désir sexuel pour une parente. Irrité par la résistance de cette femme, il lui donna plusieurs coups de couteau dans le bas-ventre, et lorsque le père et l'oncle de la malheureuse voulurent le retenir, il les tua tous deux. Immédiatement après il alla calmer dans les bras d'une prostituée son rut sexuel. Mais cela ne lui suffisait pas; il assassina son propre père et égorgea plusieurs bœufs dans l'étable.

      Il ressort des faits que nous venons d'énumérer que, sans aucun doute, un grand nombre d'assassinats par volupté sont dus à l'hyperesthésie associée à la paresthésie sexuelle. De même, à un degré plus élevé, la perversion sexuelle peut amener à commettre des actes de brutalité sur des cadavres, comme par exemple le dépècement du cadavre, l'arrachement voluptueux des entrailles. Le cas de Bichel indique clairement la possibilité d'une pareille observation.

      De notre temps, on peut citer comme exemple Menesclou (V. Annales d'hygiène publique) sur lequel Lasègue, Brouardel et Motet ont donné un rapport. On le jugea d'esprit sain, et il fut guillotiné.

      Observation 17.—Le 18 avril 1880, une fille de quatre ans disparut de la maison de ses parents. Le 16 on arrêta Menesclou, un des locataires de cette maison. Dans ses poches on trouva les avant-bras de l'enfant; de la cheminée on retira la tête et les viscères à moitié carbonisés. Dans les lieux d'aisance on trouva aussi des parties du cadavre. On n'a pu retrouver les parties génitales de la victime. Menesclou, interrogé sur le sort de l'enfant, se troubla. Les circonstances ainsi qu'une poésie lascive trouvée sur lui, ne laissèrent plus subsister aucun doute: il avait assassiné l'enfant après en avoir abusé. Menesclou ne manifesta aucun repentir; son acte, disait-il, était un malheur. L'intelligence de l'accusé est bornée. Il ne présente aucun stigmate de dégénérescence anatomique; il a l'ouïe dure et il est scrofuleux.

      Menesclou a vingt ans. À l'âge de neuf mois il eut des convulsions; plus tard, il souffrit d'insomnies; enuresis nocturna; il était nerveux, se développa tardivement et d'une façon incomplète. À partir de l'âge de puberté il devint irritable, manifestant des penchants mauvais; il était paresseux, indocile, impropre à toute occupation. Il ne se corrigea pas, même dans la maison de correction. On le mit dans la marine; là non plus il n'était bon à rien. Rentré de son service, il vola ses parents et eut de mauvaises fréquentations. Il n'a jamais couru après les femmes. Il se livrait avec ardeur à l'onanisme et, à l'occasion, il se livrait à la sodomie sur des chiennes. Sa mère souffrait de mania menstrualis periodica; un oncle était fou, un autre oncle ivrogne.

      L'autopsie du cerveau de Menesclou a permis de constater une altération morbide des deux lobes frontaux, de la première et de la seconde circonvolution temporale ainsi que d'une partie des circonvolutions occipitales.

      Observation 18.—Alton, garçon de magasin en Angleterre, va se promener dans les environs de la ville. Il attire une enfant dans un bosquet, rentre après y avoir passé quelque temps, va au bureau où il inscrit sur son carnet la note suivante: Killed to day a young girl, it was fine and hot (Assassiné aujourd'hui une jeune fille; le temps était beau; il faisait chaud).

      On remarque l'absence de l'enfant, on se met à sa recherche et on la trouve déchirée en morceaux; certaines parties de son corps, entre autres les parties génitales, n'ont pu être retrouvées. Alton ne manifesta pas la moindre trace d'émoi et ne fournit aucune explication ni sur le mobile ni sur les circonstances de son acte horrible. C'était un individu psychopathe qui avait de temps à autre des états de dépression avec tædium vitæ.

      Son père avait eu un accès de manie aiguë, un parent proche souffrait de manie avec penchants à l'assassinat. Alton fut exécuté.

      Dans de pareils cas, il peut arriver que l'individu morbide éprouve le désir de goûter la chair de la victime assassinée et que, cédant à cette aggravation perverse de ses représentations objectives, il mange des parties du cadavre.

      Observation 19.—Léger, vigneron, vingt-quatre ans, dès sa jeunesse sombre, renfermé et fuyant toute société, s'en va pour chercher de l'ouvrage. Pendant huit jours il rôde dans une forêt. Puellam apprehendit duodecim annorum: stupratæ genitalia mutilat, cor eripit, en mange, boit le sang et enfouit le cadavre. Arrêté, il nie d'abord, mais finit par avouer son crime avec un sang-froid cynique. Il écoute son arrêt de mort avec indifférence et est exécuté. À l'autopsie, Esquirol a constaté des adhérences pathologiques entre les méninges et le cerveau (Georgel, Compte rendu du procès Léger, Feldtmann, etc.).

      Observation 20.—Tirsch, pensionnaire de


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