Alsace, Lorraine et France rhénane. Stéphen Coubé

Alsace, Lorraine et France rhénane - Stéphen Coubé


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du Rhin, la vue du vieux fleuve lui inspira ces strophes:

      Lorsque j'arrivai au pont du Rhin, tout près de la ligne

       du port, je vis couler à la lueur de la lune le grand

       fleuve.

      «Salut, vénérable Rhin! Comment as-tu vécu depuis?

       J'ai pensé plus d'une fois à toi avec désir et avec

       regret!»

      C'est ainsi que je parlai, et j'entendis dans les profondeurs du fleuve des sons étranges et gémissants: c'était comme la toux sèche d'un vieillard, comme une voix à la fois grognarde et plaintive.

      «Sois le bienvenu, mon enfant! Cela me fait plaisir que

       tu ne m'aies pas oublié! Voilà treize ans que je ne t'ai pas

       vu. Pour moi, depuis ce temps, j'ai eu bien des désagréments!

      «À Biberich, j'ai avalé des pierres; vraiment ce n'est

       pas trop friand. Mais pourtant les vers de Nicolas Becker

       me pèsent encore plus sur l'estomac!

      «Il m'a chanté comme si j'étais encore une vierge pure,

       qui ne s'est pas laissé dérober la couronne virginale!

      «Quand j'entends cette sotte chanson, je m'arracherais

       bien ma barbe blanche et vraiment je serais tenté de me

       noyer dans mes propres flots!

      «Les Français le savent bien que je ne suis pas une

       vierge! Ils ont si souvent mêlé à mes flots leurs eaux

       victorieuses!

      «Quelle sotte chanson! Et quel sot rimeur que ce

       Nicolas Becker avec son Rhin libre! Il m'a affiché de honteuse

       façon. Il m'a même, d'une certaine manière, compromis

       politiquement.

      «Car quand un jour les Français reviendront, il me

       faudra rougir de honte devant eux, moi qui, tant de fois, pour leur retour, ai prié le ciel avec des larmes!

      «Je les ai toujours tant aimés, ces gentils petits Français!

       Chantent-ils, dansent-ils encore comme autrefois?

       Portent-ils encore des pantalons blancs?

      «Je serais heureux de les revoir! Mais j'ai peur de leur

       persiflage à cause de cette maudite chanson, j'ai peur de

       la raillerie et du blâme qu'ils m'infligeront.

      «Alfred de Musset, ce méchant garnement, viendra

       peut-être à leur tête en tambour et me tambourinera aux

       oreilles toutes ses mauvaises plaisanteries!»

      Telle fut la plainte du vieux fleuve, du père Rhénus.

       Il ne pouvait en prendre son parti. Je lui dis mainte parole

       consolante pour lui rendre le calme…

      Ce vieux père Rhénus! Quand je vous disais qu'il nous aime! C'est un contemporain des Celtes et des Francs Saliens; il a vu passer le grand Biturige Ambigat, et Clovis, et Charlemagne à la barbe fleurie comme la sienne; il est même leur aîné. Mais comme il s'intéresse à leurs petits-enfants! Comme il s'attendrit à leur souvenir! Comme il prie pour leur retour! Vous voyez bien qu'il est de la famille. Allons, c'est entendu, vieux père, nous irons te consoler, te porter nous-mêmes de nos nouvelles et te tambouriner notre Wacht am Rhein!

      * * * * *

      Le Rheingelüst, «le désir du Rhin».

      Dans les vieilles légendes, il y a des gouffres qui attirent les voyageurs. Le Rhin a ce pouvoir mystérieux. Mais il n'apparaît pas comme un gouffre de mort; c'est la vie et la richesse qu'il charrie.

      Les Allemands ont subi sa fascination à laquelle ils ont donné un nom: le Rheingelüst, le désir ou la convoitise du Rhin. Nous l'avons éprouvée, nous aussi, mais quelle différence entre leur sentiment et le nôtre!

      Le Rhin recèle un trésor dans ses flots. Mal gardé par les Ondines, enlevé par un monstre, puis par le vieux dieu Wotan, son or a servi à forger l'anneau du Nibelung, anneau maudit qui chasse l'amour des cœurs qui le possèdent et qui en sont possédés.

      Voilà bien l'image de la concupiscence, du Rheingelüst, des Allemands. Ils n'ont cherché qu'à s'enrichir en se répandant sur les bords du fleuve. Ils nous ont volé la part du trésor qui nous revenait, à nous les riverains des siècles passés. Ils en ont chassé l'amour, car jamais les reîtres n'ont su se faire aimer des Ondines.

      Nous avons aimé le Rhin nous aussi, et c'était notre droit. D'ailleurs nous n'allons jamais nulle part sans être précédés par ce noble fourrier, le droit. Nos pères le mettaient en tête de leurs entreprises. Notre Charlemagne était «le droit empereur» et notre saint Louis «le roi droiturier». Avec le droit, c'est aussi l'amour qui nous attire au Rhin. Les âmes qu'il nourrit nous appellent comme les Ondines de la légende.

      La rive gauche nous crie: «Je suis à vous; je vous ai été fiancée avant l'arrivée des barbares; je vous ai donné mon anneau d'or. Je l'ai vu, l'anneau béni, au doigt de Clovis, de Charlemagne, de Henri II, de Louis XIV et de Napoléon. On vous l'a brisé, on vous en a enlevé les morceaux en 1815 et en 1870; mais j'ai assez de Rheingold pour en forger un nouveau, plus splendide que l'ancien. Il est déjà fait, je vous le garde et je le mettrai au doigt du premier petit soldat bleu qui passera le pont de Strasbourg.»

      Nous l'avons eu, votre Rhin allemand! Et nous l'aurons encore. Et vos monstres et votre dieu Wotan ne nous voleront plus son anneau!

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