La prononciation du français langue étrangère. Группа авторов

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après une seule consonne, les taux d’élision sont considérablement plus faibles et ce particulièrement en lecture. Dans l’entretien guidé, le schwa est réalisé dans 112 cas. On note cependant ici un conditionnement lexical intéressant. En effet, parmi ces 112 cas, ce sont surtout les mots : all(e)mand(e)(s), prom(e)nade(s) et aim(e)rais qui sont réalisés avec un schwa. De même que pour promenade(s), les mots suivants apparaissent systématiquement avec un schwa interne dans le corpus : le verbe recevoir sous différentes formes, boulangerie et mangerons. Les mots suivants y figurent de manière conséquente sans schwa : seul(e)ment, arrondiss(e)ment(s) (27 occ.), Croqu(e)-Monsieur/Croqu(e)-Madame et méd(e)cin(s). Nous n’observons pas dans ce contexte d’effet général du niveau d’apprentissage. Dans certains mots seulement, la réalisation avec schwa a lieu surtout chez les élèves lors de leur trois premières années d’apprentissage : allemand(e)(s) (27/30) et promenade (12/19). La forme aimerais, en revanche, n’apparaît que chez les élèves dans leur trois dernières années d’apprentissage (bien qu’enseignée dès la 1ère année).

      Dans la lecture du texte PFC, le schwa interne est particulièrement souvent réalisé dans la forme du conditionnel indiqueraient – mot avec une seule réalisation sans schwa (par un élève de 6ème année).1 Les autres cas impliquant très régulièrement un schwa réalisé sont bêtement et détachement, où le schwa se trouve également à la frontière de morphème (devant -ment), ainsi que qu’est-ce qui et trente-six. Dans la lecture du texte Pro2F, le schwa est prononcé 19 fois dans heureusement, donc également devant le suffixe -ment. La lecture de la liste de mots confirme ce constat avec 17 réalisations d’heureusement avec voyelle. Par ailleurs, nous y trouvons 43 réalisations de schwa dans maintenant. Pour revenant (donc après le préfixe re-), le schwa interne ne chute que dans 3 cas. Tout comme en parole spontanée, les résultats en lecture nous indiquent que le schwa interne est majoritairement réalisé par les élèves en début d’apprentissage (de la première à la troisième année d’étude) – mis à part revenant, où les réalisations se répartissent de manière égale sur tous les niveaux.

      4.1.2 Réalisation du schwa obligatoire

      En ce qui concerne la réalisation obligatoire du schwa en syllabe interne après deux consonnes, le schwa est élidé en parole spontanée dans 30 % des cas et en lecture entre 52 % et 81 % des cas. Ce contexte pose donc des problèmes aux apprenant.e.s. En termes de contextes linguistiques, dans les entretiens guidés, les 30 % d’élision concernent en grande partie le mot appart(e)ment(s) ; nous relevons également des élisions dans gouvern(e)ment et dans 5 adverbes en -ment (correct(e)ment, direct(e)ment, exact(e)ment, just(e)ment, probabl(e)ment). En lecture, nous retrouvons les mêmes mots : gouvern(e)ment dans le texte PFC (37 occ. sans schwa) ainsi qu’appart(e)ment dans le texte Pro2F (115 occ. sans schwa) et dans la liste de mots (110 occ. sans schwa). Dans ce contexte phonotactique, nous n’observons pas d’effet du niveau de compétence. En revanche, en ce qui concerne les clitiques après deux consonnes, le schwa ne s’élide que très rarement dans le corpus, ce qui est conforme à la norme de prononciation : on ne trouve que 5 cas d’élision dans la totalité du corpus. Ces cas se répartissent de la manière suivante : 1 en parole spontanée (c(e) que), 2 dans le texte PFC (gloir(e) d(e), risqu(ent) d(e)) et 2 dans le texte Pro2F (bord d(e) la mer, 2 occ. ; schwa en question en gras). Ces occurrences ont été produites par des élèves en 1ère, 4ème, 5ème et 6ème année d’apprentissage du français.

      4.2 La liaison

      Au total, le corpus Pro2F contient 14 179 contextes codés pour la liaison, dont 37 % des cas font état d’une consonne liaisonnante : les entretiens guidés contiennent 4 549 contextes codés (dont 45 % de réalisations), le texte PFC 3 430 contextes (26 % de réalisations), le texte Pro2F 4 486 contextes (32 % de réalisations) et la liste de mots Pro2F 1 714 contextes (46 % de réalisations). Dans cette section, nous détaillons les résultats de l’analyse du corpus Pro2F en nous concentrons tout d’abord sur les liaisons obligatoires puis sur les liaisons fréquentes.

      4.2.1 Liaison obligatoire

      Concernant la liaison obligatoire (cf. tableau 15), nous constatons avec surprise que les taux de réalisation sont moins élevés en lecture qu’en parole spontanée – contrairement à ce qui s’observe chez les natifs et les apprenant.e.s les plus avancé.e.s étudiés jusqu’à maintenant (cf. section 2). Nous présenterons par la suite d’abord les résultats pour la parole spontanée pour ensuite en venir aux tâches de lecture.

      Lorsque l’on se concentre sur les mots liaisonnants les plus fréquents (10 occurrences ou plus) en parole spontanée, on note des taux de réalisation de la liaison relativement faibles après les mots suivants : mon, très, ils, un, deux, trois, neuf, en, États-Unis et de temps en temps (cf. tableau 15). On constate en revanche des résultats plus élevés pour les autres déterminants et pronoms. Les résultats du corpus confirment donc qu’il existe des différences importantes entre les mots liaisonnants. À titre d’exemple, les élèves réalisent la liaison après mes dans 95 % des cas, mais seulement dans 62 % des cas après mon. Le faible taux de réalisation observé après le déterminant possessif mon touche principalement deux contextes : mon // ami(e) (15/33) et mon // anniversaire (23/62). Alors que l’absence de liaison dans mon // ami(e) se rencontre particulièrement dans le discours des élèves lors de leur trois premières années d’apprentissage, mon // anniversaire apparaît également chez les élèves les plus avancés. Tandis que le pourcentage de réalisation est considérablement plus élevé au pluriel – mes (95 %) – la majeure partie des cas où une absence de liaison est constatée a pour contexte droit le mot ami(e)s : mes // ami(e)s (17/363). Pour ce qui est des déterminants numéraux, les taux de réalisation varient entre 81 % et 83 % après vingt, deux et trois et 100 % après six et dix. Les non-réalisations les plus fréquentes sont relevées dans deux // heures (10/50), neuf [f] ans (11/15) et neuf [f] heures (9/16) réalisés avec la consonne finale fixe [f] au lieu de la consonne de liaison [v]. Concernant l’adverbe très (63 % de liaison), on constante qu’il est réalisé 27 fois sans liaison quand il est suivi d’un adjectif commençant par une voyelle (dont 13 fois devant intéressant). Ce problème concerne tous les niveaux d’étude.

      Dans le cas de la préposition en, les erreurs concernent trois contextes droits : les noms de pays (14/64 ; p. ex. en // Italie, 4/18) ainsi que les substantifs désignant les saisons (en // été, 6/37 ; en // hiver, 2/13) et les mois (en // août, 1/2 ; en // octobre, 2/3). Ce phénomène s’observe chez les élèves issus de toutes les années d’apprentissage (en première année, on ne trouve qu’une seule occurrence de ce contexte : en[n] Espagne avec une liaison (sans enchaînement).

      Pour ce qui est des déterminants et des pronoms, les taux d’élision sont en général assez élevés, entre 91 % et 95 % (cf. tableau 15), s’approchant ainsi davantage de la réalisation catégorique des natifs. Seul le pronom personnel ils (67 %) et le déterminant indéfini un (83 %) font exception (cf. supra). Quand on s’intéresse de plus près aux contextes posant problème aux apprenant.e.s, à savoir après les articles les et des ainsi qu’après les pronoms clitiques sujet nous et on, les occurrences nous // allons (14/94 sans liaison) et nous // avons (7/141 sans liaison) sont les plus fréquentes. Les autres erreurs observées se répartissent sur une multitude de contextes droits. Toutes les non-réalisations de liaison obligatoire dans ces contextes ont en commun qu’elles ne se limitent pas aux


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