Retour. Морган Райс
de réagir plus vite et de comprendre des choses qu’on ne comprendrait jamais sans elle, pendant que, de notre côté, nous fournissons l’émotion et l’intuition. Ça fonctionne.
Kevin essaya de l’imaginer et n’y parvint pas. Ce qu’il connaissait de plus proche était la connexion à la Ruche, et cela n’avait aucun rapport avec ce que la générale s’Lara avait décrit. Cela ressemblait plus à une sorte d’amitié parfaite, comme celle qu’il avait eue avec Luna sur la Terre. L’un avait comblé les lacunes de l’autre et l’un avait immanquablement soutenu l’autre.
Luna lui manquait tellement qu’il en avait mal.
— Tenez bon, dit la générale s’Lara.
Pourtant, quand le petit vaisseau sortit du grand, ce fut sans la moindre secousse. Il se dirigea alors vers la surface de la planète.
Alors qu’ils allaient vers le monde d’au-dessous, Kevin vit la verdure qui les attendait. Elle était si imposante qu’elle semblait tout inclure. Pendant les quelques premières secondes, ce ne fut qu’une marée géante de vert mais, peu à peu, Kevin commença à distinguer différentes nuances et textures dans la masse. Il y avait des zones qui ressemblaient à des prairies ouvertes et beaucoup d’autres qui semblaient être des forêts presque infinies. Il y avait des zones d’un vert foncé qui faisait penser à des pins et d’autres qui évoquaient des palmiers tropicaux.
Quand ils descendirent encore plus, Kevin commença à se faire une idée de la taille des arbres. Beaucoup d’entre eux semblaient être de taille normale, mais il y en avait d’autres qui étaient aussi hauts que des cathédrales et dont la canopée s’étendait si loin qu’elle recouvrait des surfaces de terre immenses et faisait presque oublier le sol qui se trouvait dessous.
— C’est un bel endroit, dit la générale s’Lara. Il y a énormément de vie sur cette planète, mais elle n’a pas été prévue pour nous accueillir. Elle est trop sauvage et, s’il y a trop de membres d’une espèce quelconque, cela déséquilibrera son écosystème.
La générale fit descendre son vaisseau très bas et Kevin aperçut des bâtiments nichés parmi les arbres, si bien cachés que, pendant quelques secondes, il eut du mal à les distinguer du feuillage. Les maisons pendaient comme de grands fruits ou étaient posées en équilibre sur les branches et elles étaient si belles qu’elles auraient pu être une partie naturelle de la forêt.
— Combien de gens avez-vous là-bas ? demanda Kevin.
— Quelques milliers, pas assez pour créer une vraie civilisation, répondit la générale. Même avec tous les gens que nous avons emmenés avec nous … nous ne sommes plus que l’ombre de ce que nous étions.
Des véhicules passaient rapidement d’arbre en arbre, loin au-dessus du sol. D’autres bougeaient lentement au niveau du sol, déguisés par des couleurs qui changeaient en reflétant la lumière.
— Avez-vous des armes, ici ? demanda Kevin, qui espérait vraiment qu’ils auraient quelque chose susceptible de détruire la Ruche.
— Quelques-unes, dit la générale s’Lara. Nous aimons pouvoir défendre les endroits où nous avons des bases, mais notre défense principale est le secret. Cet endroit a toujours été conçu pour rester caché.
— Pourtant, nous y allons maintenant, signala Chloe.
— Nous n’avons plus le choix, dit la générale s’Lara. Nous manquons de gens, d’endroits, de tout sauf de ça. Nous nous cacherons ici aussi longtemps que possible.
— Et si la Ruche nous trouve ? demanda Kevin.
La générale s’Lara secoua la tête.
— Nous l’avons semée quand nous avons commencé à courber l’espace. À cette vitesse, même eux ne pourraient jamais nous suivre, ou alors, vous savez une chose que nous ignorons.
Même si la générale ne semblait pas soupçonner Kevin de quoi que ce soit, l’intéressé eut la sensation qu’on ne lui faisait pas entièrement confiance. Il se tourna vers Ro, qui secoua la tête.
— La Ruche a volé beaucoup de technologies, mais elle ne peut pas repérer les Ilariens. C’est pour cela que les Plus Purs ont requis tes services pour pister leurs signaux. Sans toi …
— Sans moi, ils n’auraient jamais été capables de détruire le monde où les Ilariens s’étaient réfugiés, dit Kevin.
La générale s’Lara secoua la tête.
— D’autres personnes tenteront de vous le reprocher, Kevin, mais pas moi. On vous a contrôlé et nous sommes maintenant en sécurité.
Ils avancèrent entre les arbres. Des vaisseaux se faufilaient entre les troncs et atterrissaient sur de grandes plates-formes qui dépassaient du côté des bâtiments situés entre les arbres. D’aussi près, Kevin voyait qu’il y avait toute une ville à cet endroit.
Le vaisseau atterrit et ils en sortirent. À l’intérieur du vaisseau, entre les parois, il n’y avait pas eu de sensation d’espace mais, maintenant, Kevin voyait à quelle hauteur la plate-forme était. Elle était si haut que l’air lui semblait raréfié, lui donnait mal à la tête et le faisait trébucher. Son cerveau semblait dérouté par cette hauteur surprenante.
— Venez, dit la générale s’Lara, j’ai annoncé notre arrivée pendant qu’on approchait et il y a des gens qui veulent vous rencontrer. Ils sont impatients de rencontrer des gens qui ont réussi à échapper à la Ruche et ils vous trouvent très spécial, Kevin.
— Eh bien, je me sens exclue, là, dit Chloe, mais elle ne semblait pas vraiment le dire sérieusement.
Kevin posa une main sur son épaule.
— Moi, je te trouve spéciale.
— Vous l’êtes, lui assura la générale s’Lara. Si vous permettez à nos scientifiques de tous vous examiner, nous pourrons en apprendre énormément.
Chloe eut l’air inquiète à cette idée.
— J’ai eu ma dose d’examens pour la vie.
— Nous ne vous forcerons pas, dit la générale s’Lara, dont le ton sembla exprimer sa compréhension. C’est à vous d’en décider. Allez, venez. Je vais vous montrer la base.
Kevin trouva l’intérieur aussi impressionnant que l’extérieur. Les couloirs étaient décorés des mêmes paysages incroyables que l’intérieur des vaisseaux. Chaque décor semblait être une toile que les IA des Ilariens pouvaient manipuler. Alors qu’ils passaient, Kevin vit un des extra-terrestres à la peau bleue transformer le mur en une forme étrange de toile abstraite. L’extra-terrestre se tourna vers eux et offrit une sorte de révérence à la générale.
— Oh, arrête, Cler, tu sais que c’est moi qui devrais te faire la révérence, dit la générale.
Ils poursuivirent leur route et la générale commença à expliquer la fonction des bâtiments au fur et à mesure qu’ils les traversaient.
— Théoriquement, les gens prennent les pièces qu’il leur faut pour tout ce qu’ils essaient de faire et les modifient à ces fins, mais il y a aussi des zones communes, dit-elle. Il y a des espaces de vie des deux côtés, dans des capsules qui partent du couloir principal. Ces espaces-ci ont l’air vides. Vous pouvez les occuper.
Était-ce vraiment aussi décontracté ? Il leur fallait une pièce, donc, on leur en donnait une ? La générale les emmena dans un grand espace de vie qui contenait des canapés et des lits le long des murs. L’endroit tout entier était vide et silencieux, mais il ne paraissait pas stérile comme l’Institut qu’avait connu Kevin et il n’avait pas l’opulence millimétrique des tours dorées de la Ruche. En fait, il était confortable et donnait l’impression qu’on pouvait facilement s’y sentir chez soi.
— Donc, on n’a qu’à entrer et prendre