Retour. Морган Райс

Retour - Морган Райс


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Comme vous n’avez pas d’IA, ça sera un peu plus lent pour vous, mais vous pourrez quand même demander ce que vous voulez. Laissez-moi vous montrer.

      Elle se plaça devant la niche sans dire un mot et un plateau de nourriture apparut comme par magie. Il contenait des fils de bleu qui fumaient, mélangés à ce qui semblait être des baies rouges.

      — Mon IA me dit que la laxatha devrait être une nourriture sans danger pour vous. C’est une de mes préférées, dit-elle. Tenez, essayez-la.

      Elle la posa devant eux et s’assit à côté d’eux avec une simplicité qui semblait étrange pour une générale. Chloe fut la première à goûter le plat et le mélange de plaisir et d’étonnement qui apparut sur son visage se passa de toute explication.

      — C’est … non, ce n’est pas bon, c’est étonnant. Il faut que tu l’essaies, Kevin.

      Kevin essaya timidement d’en manger une bouchée et fut étonné par le goût excellent de cette mixture. Il n’avait qu’une question en tête et elle ajoutait une saveur légèrement étrange au repas qu’ils mangeaient.

      — Générale s’Lara, dit-il, pourquoi nous servez-vous à manger ?

      — Parce que vous êtes nos invités, dit la générale.

      — C’est très gentil, mais vous auriez pu le faire faire à quelqu’un d’autre. N’avez-vous pas des réunions et d’autres choses à faire ?

      Kevin avait rencontré quelques personnes importantes et il ne pouvait pas les imaginer faire ça.

      — Pourquoi vous ?

      La générale s’Lara hocha la tête.

      — J’admets qu’il y a de nombreuses conversations à mener, mais mon IA gère au moins quelques-unes d’entre elles avec d’autres personnes. De plus, être ici avec vous pourrait être une des choses les plus importantes que j’aie à faire.

      Pendant un instant, Kevin ne comprit pas ce qu’elle voulait dire puis il fronça légèrement les sourcils quand la lumière se fit dans son esprit.

      — À cause de tout ce que nous savons peut-être ?

      — Je ne vais pas vous mentir, dit la générale s’Lara. Je pense que vous détenez la clé de ce problème, tous les trois. Nous avons réussi à battre des membres individuels de la Ruche, nous pouvons facilement y arriver quand nous affrontons des effectifs équivalents aux nôtres, mais ils ne sont jamais équivalents pour longtemps. La Ruche a toujours plus de membres et, pire encore, si elle en perd, ça ne lui fait ni chaud ni froid. Les Plus Purs nous envoient des quantités d’ennemis sans se soucier de les voir mourir ou survivre. Comment peut-on affronter un ennemi qui n’a pas peur de mourir ?

      Kevin n’était pas sûr de savoir quoi répondre à cette question. Il s’était servi de la peur de mourir contre les Ilariens quand ils s’étaient battus. Il avait envoyé des vaisseaux contre eux en considérant leur désir de vivre comme une faiblesse à exploiter.

      — C’est la plus grande force de la Ruche, dit Ro.

      — Le fait que vous la connaissiez et que vous ayez réussi à vous enfuir pourrait nous aider à comprendre comment les battre. En fait, nous pourrions gagner cette guerre.

      — Mais nous ne savons rien, dit Kevin.

      — Vous ne savez peut-être pas que vous savez, dit la générale. Déjà, que savez-vous sur votre talent ?

      Kevin secoua la tête.

      — Presque rien. J’entends des signaux et je peux les traduire. Je vois qu’il faut traduire certaines choses et mon cerveau le fait automatiquement.

      — Et ça le tue, ajouta Chloe d’un air sombre, rappelant tristement à Kevin l’existence de la bombe à retardement qui s’était réactivée dans son corps.

      — Ça vous tue ? Comment ça ? demanda la générale s’Lara.

      Kevin commença à répondre et se leva ce faisant. La douleur le frappa presque immédiatement et il se rendit compte que les choses qu’il avait ressenties quand ils avaient atterri avaient dépassé de loin les symptômes de fond qui l’avaient tourmenté depuis qu’il s’était évadé de la Ruche.

      Il s’était tellement habitué à ignorer ces symptômes qu’il l’avait même fait quand son corps avait essayé de l’avertir que quelque chose n’allait pas. Maintenant, tous ses symptômes semblaient le frapper en même temps. Il fut accablé par des vertiges, tourna à moitié sur lui-même et tomba à terre par étapes, tendant une main pour se rattraper alors même qu’il commençait à avoir des mouvements convulsifs annonciateurs d’une crise qui semblait lui torturer le corps entier.

      La douleur accompagna ces symptômes et entra brusquement dans sa tête en une supernova de souffrance extrême. Il eut alors l’impression que quelque chose se brisait en lui et il aurait crié s’il avait encore pu contrôler sa bouche. Autrefois, quand des signaux lui étaient parvenus brusquement, il avait senti qu’il perdait le contrôle de son corps mais, cette fois-ci, c’était différent. Cette douleur-là ne promettait pas l’arrivée d’un message ou d’une réponse ; la seule promesse qu’elle semblait apporter était l’obscurité qui se trouvait au-delà, qui menaçait de s’élever et de tout engloutir.

      Kevin voyait Chloe, Ro et la générale s’Lara à côté de lui. Ils parlaient, car leurs lèvres bougeaient. Chloe semblait lui crier quelque chose, mais il n’entendait rien. Il avait la sensation d’être de l’autre côté d’un rideau et de s’en éloigner toujours plus à chaque seconde.

      Il mourait et il n’y pouvait rien.

      CHAPITRE TROIS

      Luna se réveilla, cligna des yeux dans la lumière et même cela la surprit. Quand elle s’était endormie, elle s’était attendue à tomber dans l’obscurité pour ne plus jamais se réveiller, complètement consumée par les nanobots des extra-terrestres qui prenaient lentement possession de son corps. En fait, elle pouvait encore se souvenir de qui elle était, et de là où elle était, et de toutes les horreurs qui avaient frappé le monde.

      Ce ne fut que quand son corps se releva sans qu’elle le lui ait demandé qu’elle se rendit compte que quelque chose n’allait pas.

      — Non ! cria-t-elle, mais le cri se limita à un gémissement dès qu’il sortit de ses lèvres, qui refusaient de bouger comme elle le leur avait ordonné ; elles ne lui appartenaient plus, ou pas vraiment, car quelqu’un d’autre tirait les ficelles qui la contrôlaient.

      Elle inspecta l’enceinte où ils avaient affronté tant d’humains transformés et d’extra-terrestres et Luna eut la sensation qu’elle n’était pas la seule à regarder aux alentours en ce moment-là. D’autres choses regardaient par ses yeux, prenaient des décisions pour elle, envoyaient des ordres sans se soucier de savoir si elle allait en souffrir.

      Luna luttait contre ces ordres aussi fort que possible, mais en vain. Elle n’avait pas plus le contrôle de son propre corps que la dernière fois où elle avait été contrôlée par les extra-terrestres. En fait, elle était comme prisonnière de sa propre chair. Son corps commença à avancer vers les autres, contraint par ses propres muscles. Elle saisit un long éclat de métal aussi tranchant qu’une machette ou un couteau. Si elle se coupa les mains en le faisant, elle ne le remarqua pas.

      Luna ne comprenait pas. Avant, les humains transformés s’étaient jetés aveuglément sur les gens et avaient essayé de les convertir. Sans contrôle direct, ils avaient été incapables d’agir. Par contre, maintenant … on aurait dit que quelqu’un se servait d’elle pour quelque chose de beaucoup plus spécifique, de beaucoup plus dangereux.

      Elle avança d’un pas raide et ce ne fut qu’à ce moment qu’elle se rendit exactement compte de vers qui elle se dirigeait. Ignatius, l’Ourson,


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