Retour. Морган Райс
comment fonctionnait le remède ?
Luna essaya de crier pour les avertir, mais en vain. Aucun son ne sortit de ses lèvres et, même s’il suffisait maintenant de la regarder pour voir que ses yeux avaient changé de couleur, personne ne la regardait. Les autres étaient tous trop occupés à essayer de se remettre de l’après-coup de la bataille, à guérir les blessés et à essayer de trouver assez de nourriture pour des gens qui n’avaient ressenti ni soif ni faim pendant des jours ou des semaines.
Alors, Bobby, le chien de berger, accourut, grogna et la mordit.
Luna ne sentit rien parce que, à ce stade, elle ne pouvait plus rien sentir. Elle baissa les yeux vers le chien, recula une jambe pour lui envoyer un coup de pied et comprit qu’elle allait le faire en dépit de tous ses efforts pour l’éviter. Bobby recula habilement en grognant, aussi sûr de lui-même que si elle avait été un loup qui attaquait un troupeau de l’Antiquité. Luna avança vers lui. À présent, elle levait le long éclat de métal.
— Bobby, que fais-tu ? demanda l’Ourson en avançant.
Luna se tourna vers lui, lui envoya un coup avec l’arme qu’elle tenait et réussit à le blesser légèrement alors même qu’il reculait. Elle se souvint de cette force et de cette vitesse, mais elle n’avait jamais eu l’occasion de l’utiliser pour frapper qui que ce soit. Elle n’avait pas compris que cela la rendait si dangereuse.
— Luna, que se passe-t-il ? demanda l’Ourson en esquivant un autre coup.
Luna le vit la regarder fixement.
— Oh, non. Non !
Luna fonça sur lui et sur les autres avec toute la vitesse de ceux que contrôlaient les extra-terrestres, crachant de la vapeur alors même qu’elle savait que cela serait sans effet sur des gens déjà vaccinés contre ce danger. Un homme se plaça sur sa route et elle l’abattit de son éclat de métal tout en écartant un autre homme de son chemin.
— Elle est transformée ! hurla l’Ourson au-dessus du chaos qui venait de se déclencher.
Alors, il fit l’impensable et prit une arme.
Luna se jetait déjà sur lui. Elle le repoussa et fit si vite tomber l’arme de sa main qu’elle ne put que s’étonner de la vitesse à laquelle elle bougeait.
— Attrapez-la ! hurla Ignatius au-dessus du chaos.
Luna lui envoya un coup, car le besoin d’obéir à la Ruche était plus fort que toute tentative de résistance. En son for intérieur, elle criait, mais, dehors, cela ne produisait qu’un sifflement atone. À ce moment-là, une dizaine d’autres personnes se jetèrent sur elle. Luna en repoussa une en la rejetant avec plus de force qu’elle n’aurait cru avoir et envoya un coup à une autre.
Malgré ses efforts, de plus en plus de gens lui sautaient dessus et, en dépit de toute sa force, toute sa férocité, Luna se retrouva bloquée entre eux. Il y en avait trop à combattre. Elle cracha de la vapeur comme en un espoir futile que cela transformerait certaines de ces créatures, de ces humains … mais, alors même qu’elle le pensait, Luna se reprit. Elle n’était pas ce que les extra-terrestres voulaient qu’elle soit. Il était hors de question qu’elle oublie qui elle était.
— Elle est transformée, dit l’Ourson en secouant la tête. Elle est partie. Luna nous a quittés.
Il tenait à nouveau l’arme et, maintenant, sa main semblait trembler comme s’il avait du mal à se décider. Luna devinait exactement en quoi consistait cette décision et elle la détestait.
— Ne dis pas ça, dit Leon. Elle est peut-être encore là-dedans.
Luna voulait crier qu’elle y était bel et bien. Elle voulait que l’Ourson voie qu’elle était encore là, que … en fait, elle ne savait pas ce qui allait se passer après ça.
Alors, elle vit l’Ourson lever son arme.
— Je sais ce que c’est d’être une de ces choses. Même si Luna est là-dedans, elle n’y restera pas longtemps. Ces créatures te vident de ton identité.
— Mais elle y est maintenant, dit Leon. Nous pouvons encore la sauver. La déflagration —
— La déflagration a converti tous les gens qui étaient aux alentours pendant la bataille, mais elle n’a pas sauvé Luna, dit l’Ourson.
À présent, Luna voyait qu’il avait les larmes aux yeux.
— Elle est partie et, maintenant, il faut que je fasse … il faut que je fasse la seule chose que nous puissions faire.
Luna devinait qu’il pensait que c’était la même situation qu’avec son père, l’Ours, qu’il n’y avait aucune possibilité et qu’il lui épargnait un destin pire que la mort. Pourtant, il pointait une arme sur elle et elle détestait ça. Comment pouvait-il lui faire ça ? Comment pouvait-il penser, ne serait-ce que l’espace d’un instant, que c’était ce qu’il fallait faire ?
— Attends ! hurla Ignatius, la dernière personne que Luna se serait attendue à voir s’interposer entre elle et une arme, car le chimiste et ex-fabricant de drogue était surtout un lâche.
— Sors-toi, répondit sèchement l’Ourson.
— Nous pouvons encore la sauver, insista Ignatius.
— Si elle n’a pas été sauvée lors de la déflagration —
— C’est parce qu’elle se trouvait au centre, dans l’œil du cyclone ! dit Ignatius sans s’écarter alors que Luna se serait attendue à ce qu’il soit le premier à fuir cette sorte de danger. Cela ne signifie pas qu’on ne peut pas la sauver. Il nous faut juste —
— Quoi ? Recréer la déflagration ? demanda l’Ourson, et Luna aurait pu désirer assécher ses larmes, même si elle n’en approuvait pas la raison. Recréer une explosion aléatoire d’énergie extra-terrestre qui atteindrait les cristaux avec exactement la bonne fréquence ? Imagines-tu que je n’ai pas prêté attention à ce que tu as dit, Ignatius ? Si je pensais qu’il y avait une solution …
Il appuya sur la détente de son arme et Luna vit jaillir la poussière qui se trouvait devant ses pieds. Le corps contrôlé de Luna ne tressaillit pas et ne réagit même pas.
— C’était un avertissement, Ignatius, dit l’Ourson et, à présent, Luna entendait la résolution dans sa voix. Sors-toi.
Luna essaya de faire bouger son corps pour qu’Ignatius ne soit pas dans la ligne de feu, mais elle était prisonnière de sa propre chair et immobilisée par les mains de ceux qui la retenaient. Leurs ennemis voulaient ça. Ils voulaient nuire à une majorité de personnes.
— La déflagration nous a permis de détruire les nanobots responsables de la transformation pour des centaines de gens, dit Ignatius, mais nous pouvons encore trouver un remède qui conviendrait à une seule personne à la fois. Il suffirait qu’on le produise.
Luna vit l’Ourson hésiter. Cela semblait être le seul argument susceptible de le faire hésiter.
— Vous pouvez vraiment le faire ? demanda-t-il.
— Pas ici, admit Ignatius. La bataille a fait de gros dégâts, mais il me suffirait d’avoir un labo avec le bon équipement et quelques machines spécifiques.
— Et entre temps, nous devrons tous empêcher Luna de nous tuer ? demanda l’Ourson.
— Nous pouvons construire quelque chose pour la retenir, dit Barnaby.
Il semblait déjà travailler sur cette idée, levant des débris de métal face aux restes d’une remorque de moto comme s’il voyait déjà dans sa tête comment les assembler.
— Mais elle va attirer tous les extra-terrestres à cent kilomètres à la ronde, dit l’Ourson.
Luna savait ce qu’il voulait dire. Les créatures qui la contrôlaient verraient tout