Noël Pour Toujours. Софи Лав
prénatale est la dernière chance pour la maman et le papa d’être en vacances avant que les exigences du bébé ne prennent tout leur temps.
— Je n’ai jamais rien entendu d’aussi dorloteur, dit Patricia en reniflant.
Ignorant sa mère, Emily remarqua que Chantelle semblait un peu inquiète à l’idée qu’elle et Daniel partent pour un week-end. Elle avait toujours une hésitation quand ils la quittaient, car ses terribles débuts dans la vie lui avaient enseigné que quand les gens partaient, ils ne revenaient pas nécessairement à la maison. Il était si dur d’essayer de réparer les dégâts causés par l’éducation de Sheila.
— Ne t’inquiète pas, chérie, lui dit Emily. Je ne peux plus prendre l’avion, donc ça ne servirait pas à grand-chose.
— Emily ! s’écria Amy, incrédule. Le fait est que Daniel et toi avez une dernière chance pour un voyage romantique ensemble. Vos vies sont sur le point de changer pour toujours. Tu ne veux pas d’un dernier hourra ? Ce n’est pas comme si vous étiez obligés d’aller loin. Vous pourriez vous rendre à Québec en voiture. C’est magnifique à cette époque de l’année.
Pour la première fois, Emily commença vraiment à se demander si une lune de miel prénatale serait amusante. Juste elle et Daniel, tout le stress de la gestion de leur entreprise et toute l’anxiété de l’accouchement laissés derrière eux.
— Tu ne trouves pas que ça tombe un peu juste ? dit Emily. Je dois accoucher dans trois semaines.
— Et seulement 20% des bébés naissent à la date prévue, répondit Amy.
— Tu étais en retard, au fait, Emily, lui dit Patricia. Tout comme Charlotte. Moi aussi. Si tu es comme moi, elle sera en retard. Avec vous deux, j’étais à 42 semaines plus 7 jours.
— Non ! s’exclama Emily. Elle n’en avait jamais été informée. Ça a l’air extrêmement peu agréable.
— Pas du tout, répondit Patricia. Ton corps sait ce qu’il veut. Tu dois lui faire confiance.
— Je ne savais même pas que l’on pouvait être autant en retard, dit Amy.
Patricia acquiesça.
— De mon temps, on évitait de déclencher l’accouchement si on le pouvait, et on laissait la nature faire son œuvre. C’est plus courant qu’on ne le pense. Certains bébés mettent plus de temps à cuire.
Amy et Chantelle rirent alors, mais Emily se sentait nauséeuse à cette idée. La grossesse était difficile ! Elle ne voulait pas que ça dure plus longtemps que nécessaire ! Mais peut-être sa mère avait-elle raison. Les générations plus âgées étaient beaucoup moins dorlotées et moins exigeantes. Ils n’avaient pas de lune de miel prénatale ou quoi que ce soit de ce genre. Parfois, la voie pragmatique et sans histoires était meilleure.
Ils achevèrent de décorer les couloirs et entrèrent dans la salle à manger ensuite, où ils placèrent des flocons de neige scintillants sur toutes les tables et remplacèrent les centres de table à thème automnal par ceux de l’hiver. C’était magnifique, et Emily était encore plus excitée pour Noël.
Mais l’excitation ne suffit pas à l’empêcher de bâiller. Le travail de décoration était plutôt éprouvant et elle n’avait tout simplement pas tant d’énergie ces jours-ci.
— Je vais devoir m’arrêter un peu, avoua-t-elle. Si j’essaie de faire la salle de bal, je pourrais m’endormir !
Elle remarqua alors qu’Amy et Chantelle échangeaient des regards malicieux.
— Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-elle en posant les mains sur ses hanches.
— Rien, dit Amy d’un ton qui suggérait le contraire.
— Est-ce qu’on peut lui montrer ? demanda Chantelle à Amy.
— C’est à toi de voir. C’est toi qui voulais que ce soit une surprise.
— Me montrer quoi ? s’exclama Emily.
Mais Chantelle et Amy ne faisaient que se parler entre elles. Elle s’impatientait.
— Les filles, je veux savoir quelle est la surprise ! s’écria-t-elle.
— D’accord, dit Chantelle. Viens avec moi.
Elle lui prit la main et la conduisit dans le couloir au plafond bas qui s’ouvrait sur la salle de bal. Mais au lieu de marcher tout droit, elle tourna à droite, le long du passage encore plus petit qui serpentait jusqu’aux appentis et au garage. Elles s’arrêtèrent à l’une des portes.
Emily fronça les sourcils, curieuse.
— Nous ne savions pas où nous pouvions faire ça, lui dit Chantelle. Parce qu’on ne voulait pas prendre une des chambres de l’auberge. Puis Amy m’en a suggéré une dans les appentis à l’extérieur. Alors… Elle fit une pause pour un effet dramatique, puis ouvrit la porte.
Emily cligna des yeux, puis haleta. La petite pièce avait été complètement transformée. Au lieu de murs en briques apparentes, ceux-ci avaient été plâtrés et peints en jaune. Au lieu du sol en ciment, on avait posé du vinyle et, par-dessus, un tapis duveteux. La pièce était remplie de lumières – des veilleuses, des guirlandes et des lumières musicales qui projetaient des étoiles sur les murs.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda Emily, stupéfaite.
— C’est la salle de jeux ! s’exclama Chantelle.
Amy prit alors la parole.
— Nous avons pensé que ce serait bien pour les filles d’avoir un endroit pour jouer à l’écart du reste de l’auberge. Un endroit où elles pourraient faire autant de bruit qu’elles le voudraient sans déranger les clients. Et un endroit où ranger leurs jouets pour qu’ils ne finissent pas éparpillés partout.
Emily était si touchée. La pièce était adorable. Il ne restait plus qu’à la remplir de jouets !
— Je l’adore, merci beaucoup les filles, dit-elle en embrassant Amy et Chantelle tour à tour.
Elles retournèrent dans le salon pour qu’Emily puisse se reposer avant que le reste du travail de décoration ne commence. Puis, une fois qu’elle se sentirait revigorée, elles s’attelleraient à la tâche colossale de décorer la salle de bal.
— Tu sais qu’il manque quelque chose, dit Emily, une fois qu’elle eut accroché les dernières guirlandes lumineuses.
— Quoi ? demanda Chantelle.
— Un sapin de Noël ! s’écria Emily.
Les yeux de Chantelle s’écarquillèrent, excités.
— Bien sûr. Mais il nous en faut plus d’un, non ? Il nous en faut un pour la salle de bal et un pour le couloir. Et un pour chez Trevor. Et le spa. Et le restaurant.
— On dirait qu’il va falloir une forêt entière, plaisanta Amy.
— Et si on y allait tous demain ? suggéra Emily. Yvonne m’a parlé d’une magnifique pépinière de sapins en dehors de la ville. Ce n’est pas celle de l’année dernière, celle-là est censée être énorme. On pourrait y passer la journée ?
— Mamie Patty peut venir aussi ? demanda Chantelle.
Emily secoua la tête.
— Elle part aujourd’hui, dit-elle.
L’expression de Chantelle se fit triste. Emily détestait la voir triste.
— Pourquoi tu ne lui demandes pas ? lui suggéra-t-elle.
Patricia l’avait surprise récemment. Peut-être resterait-elle dans les parages s’ils disaient clairement qu’ils le souhaitaient aussi.
Chantelle bondit hors de la salle de bal et fonça dans le couloir jusqu’à