Noël Pour Toujours. Софи Лав
hésita, puis finit par céder.
— Oh, d’accord alors. Si vous insistez.
Elle prit la scie à Daniel et regarda l’arbre comme si c’était un ennemi. Daniel se pencha et écarta les grosses branches de son chemin, exposant le tronc là où elle devait couper. Patricia s’accroupit, dans une tentative manifeste de ne pas laisser son genou toucher le sol boueux. Emily ne put s’empêcher de rire intérieurement. Sa mère ressemblait à une grenouille !
Patricia tendit la main et scia le tronc de l’arbre. Elle poussa un cri, ravie, et regarda la famille qui l’observait.
— Tu as raison, dit-elle à Chantelle. C’est amusant !
Emily gloussa à haute voix. À peine quelques jours dans le Maine avec sa famille et Patricia avait goûté aux s’mores et coupé du bois !
Terry arriva alors avec son tracteur et mit l’arbre à l’arrière.
— Tout le monde à bord, dit-il.
Ils montèrent tous à l’arrière avec l’arbre, mais Patricia ne bougea pas. Elle avait l’air abasourdie.
— Vous voulez que je monte là-dedans ?
Chantelle bondissait sur le banc en bois.
— C’est marrant ! Tu dois me croire !
— Ai-je le choix ? demanda Patricia.
Chantelle secoua la tête, toujours en souriant diaboliquement.
Patricia soupira et monta dans la remorque du tracteur.
Une fois tout le monde installé, Terry les ramena à leur voiture et aida Daniel à fixer le très gros arbre sur le toit de sa camionnette. Puis ils le payèrent et quittèrent la pépinière, tous euphoriques.
— J’ai hâte de le décorer, dit Chantelle. Tu vas m’aider Mamie Patty ?
Patricia acquiesça.
— Oui, mais je dois partir après ça. D’accord ?
Chantelle fit la moue, l’air un peu triste.
— Si tu le dois. Mais j’ai adoré que tu sois là. Tu reviendras pour Noël ?
Emily regardait sa mère dans le rétroviseur. Elle ne pouvait même pas se souvenir de la dernière fois qu’elles avaient passé Noël ensemble. Même quand elle vivait à New York avec Ben, elles avaient eu tendance à passer Noël avec sa famille plutôt qu’avec Patricia. Ce n’était pas comme si la femme s’était un jour particulièrement mise dans l’esprit de Noël, et cela semblait être une idée stupide pour Emily de se faire subir tout cela. Elle se demandait si le côté plus doux de Patricia qu’elle avait vu ces derniers jours pouvait aller aussi loin.
— Peut-être, dit-elle, évasivement. Je pense que tes parents auront peut-être beaucoup de choses à faire à ce moment-là. Le bébé sera né d’ici là, n’est-ce pas ?
— Encore mieux ! la pressa Chantelle. Elle a besoin de rencontrer sa Mamie Patty.
Comprenant clairement qu’elle se heurtait au côté têtu de Patricia, Chantelle fit une autre suggestion.
— Ou si ce n’est pas pour Noël, peut-être le Nouvel An ? On fait une fête à l’auberge. Tu peux venir à celle-là, n’est-ce pas ?
Patricia resta évasive dans ses réponses.
— Nous verrons, fut tout ce à quoi elle s’engagea.
Chantelle regarda ensuite Emily.
— Tu penses que Papa Roy voudra venir pour Noël ? demanda-t-elle.
Emily se sentait tendue. Il était encore moins probable que son père puisse venir avec sa santé qui se détériorait.
— On peut demander, lui dit Emily, et la conversation retomba dans le silence.
Ils arrivèrent à l’auberge et Daniel se gara. Stu, Clyde et Evan étaient à la maison, aussi sortirent-ils pour aider à porter l’arbre à l’intérieur. Puis, ensemble, les quatre hommes le traînèrent jusqu’à sa place dans le vestibule.
— C’est un sacré arbre, dit Clyde en sifflant. Il essuya la transpiration de son front et baissa les yeux vers Chantelle. Comment vas-tu mettre l’ange au sommet ? Même sur mes épaules, je ne pense pas que tu y arriveras.
Pour souligner son point de vue, il se saisit d’une Chantelle riante et la mit sur ses épaules. Il commença à la faire parader. Emily remarqua que Patricia grimaçait. Sûrement à cause du plancher de bois dur en dessous, un instinct maternel que même Patricia possédait !
— Je vais chercher l’échelle, dit Stu en se dirigeant vers le garage.
Evan et Clyde aidèrent aussi en prenant toutes les boîtes de décorations du garage. Puis les trois hommes partirent en ville pour regarder un match et prendre un verre après leur longue journée de travail sur l’île, ne laissant que la famille pour décorer.
— Nous devons mettre de la musique de Noël, dit Emily, se dirigeant vers la réception où le système de sonorisation avait été installé. Elle trouva un vieux CD des Crooners de Noël et le mit. La voix de Frank Sinatra emplit la pièce.
— Et… ajouta Daniel, il nous faut des chocolats chauds !
Chantelle hocha la tête avec enthousiasme et ils se précipitèrent tous dans la cuisine. Daniel fit bouillir du lait sur la gazinière, tandis que Chantelle fouillait le garde-manger à la recherche de restes de guimauves. Elle revint avec non seulement des guimauves, mais aussi des vermicelles arc-en-ciel et de la crème fouettée.
— Excellent, dit Daniel, en leur versant chacun une tasse de chocolat chaud, puis en les nappant de crème, de guimauves et de vermicelles.
Emily n’avait jamais vu Patricia consommer une chose pareille de sa vie ! Les s’mores avaient été assez impressionnants à voir, mais ceci était tout autre chose. C’était comme si Patricia avait été métamorphosée par l’esprit de Noël, enfin, après soixante ans de résistance !
Ils retournèrent dans le vestibule, où le sapin de Noël géant attendait d’être décoré, et se mirent au travail. Bien sûr, Chantelle prit les commandes.
— On a besoin de lumières ici, papa, dit-elle à Daniel, en montrant du doigt un endroit dénudé. Et Mamie Patty, ces rennes doivent être sur cette branche.
Emily se pencha vers sa mère et dit :
— Chantelle a une vision très précise.
Patricia rit.
— Oui, je peux voir ça. Elle a le sens du détail. Un jour, elle fera une merveilleuse décoratrice d’intérieur.
Emily pouvait définitivement l’imaginer. Soit ça, soit une sorte d’organisatrice d’événements. Elle se toucha le ventre, se demandant quel genre de personnalité la petite Charlotte aurait, si elle serait semblable à sa sœur – une leader, une organisatrice, une socialisatrice, une artiste – ou si elle serait différente. Peut-être tiendrait-elle d’Emily elle-même, et serait moins encline à être sous les feux de la rampe, plus satisfaite de lire un livre et d’emmener les chiens promener tranquillement à la campagne. Ou peut-être serait-elle comme son père, pragmatique et travailleuse, sujette à ces moments où l’on broie du noir . Ou, comme Emily avait tendance à le penser, elle pourrait tenir de la tante qui lui avait donné son nom : douce, imaginative, curieuse, calme. Elle avait hâte de le découvrir.
— Mamie Patty, dit alors Chantelle, interrompant la rêverie d’Emily. Comment était maman quand elle avait mon âge ?
Patricia était occupée à étirer un gros morceau de guirlande scintillante à travers les branches, la passant dessus dessous pour éviter qu’elle ne tombe.
— À huit ans ? Laisse-moi réfléchir. Ses cheveux étaient