Les Quatres Nobles Verités. Rimpoché Gonsar
nous obtenons un résultat, c’est le but. Il faut comprendre parfaitement cette démarche qui doit être très claire dans notre esprit.
Bien sûr, il ne suffit pas uniquement de développer des vues correctes. Il faut aussi pratiquer l’éthique. C’est le deuxième point et il est encore plus important. Tout ce que nous éprouvons en tant qu’être sensible avec notre corps, notre parole et notre esprit, que ce soit du bonheur ou de la souffrance, est le résultat direct de nos actions. Toutes les expériences que nous faisons, à un niveau individuel ou collectif, ne sont donc pas le résultat de la philosophie que nous avons en tête mais bien la conséquence de nos actes. C’est la raison pour laquelle avoir un comportement correct est de la plus haute importance.
La philosophie que nous avons acquise ne nous aidera pas beaucoup si notre comportement laisse à désirer. C’est pourquoi il est important d’avoir un comportement adéquat : abandonner les actions négatives et accomplir les actions positives, correctes et pures avec notre corps, notre parole et notre esprit. Telle est la définition d’un comportement correct. Ce point est également très important.
Sur la base des vues correctes et d’une éthique correcte, il est possible de poursuivre avec le troisième point : la méditation correcte ou entraînement de l’esprit. Ce dernier n’est rien d’autre qu’une méthode qui permet de développer dans notre esprit un potentiel positif. En chacun de nous résident des facteurs mentaux comme la sagesse, la bonté aimante, la compassion, la concentration, la patience etc. que nous pouvons développer, rendre constants et pousser à la perfection. Ce processus est un travail de l’esprit, une sorte de méthode spirituelle interne. Tel est, en fait, le sens de la méditation.
Cet aspect est également très important, mais il nécessite comme base les deux premiers points. En l’absence des vues correctes et de l’éthique correcte, il n’existe aucun chemin permettant de pratiquer une méditation ou un entraînement de l’esprit correct. C’est semblable à la construction d’une maison : les vues et l’éthique correspondent au terrain adéquat pour la méditation. C’est pourquoi il est indispensable de réunir ces trois points ! Un seul ne suffit pas.
Le premier enseignement du Bouddha
Les Quatre Nobles Vérités sont non seulement un enseignement fondamental mais aussi le premier enseignement donné par Bouddha. Elles contiennent une explication détaillée des vues correctes, de la pratique de l’éthique ainsi que de la méditation allant du niveau fondamental au niveau le plus subtil. Elles sont donc la base même de ces pratiques. De plus, elles sont l’un des objets les plus significatifs de la méditation bouddhiste. Ces différents aspects montrent donc l’importance de cet enseignement.
Après avoir atteint la pleine Illumination, le Bouddha Shakyamouni donna ses premiers enseignements à ses cinq premiers disciples, dans la forêt de Sarnath. Cet endroit est d’ailleurs devenu un lieu de pèlerinage que l’on peut encore visiter de nos jours.
L’essentiel du Bouddhisme
Il faut maintenant clarifier un aspect essentiel avant d’approfondir cette étude : quel est en réalité le point central du Bouddhisme ? L’essentiel de cette religion ne concerne ni le Bouddha, ni l’Illumination, ni une déité quelconque, ni une vue ou une idée particulière de la philosophie. Tous les enseignements du Bouddha, que ce soit dans les Soutras ou dans les divers aspects des Tantras, reposent sur un point essentiel : les êtres sensibles. Les diverses pratiques comme la discipline, l’éthique et la méditation sont directement en relation avec la situation des êtres sensibles, leurs souffrances, les causes de leurs souffrances ou la libération de leurs souffrances, leur liberté, leur possibilité d’atteindre l’Illumination. On peut même préciser que le point central est la compassion (Ahimsa). Traduit littéralement ce terme signifie «non-violence», il sous-entend toutes les pensées et actions négatives qu’il faut éviter.
Voilà comment on peut décrire l’éthique fondamentale du Bouddhisme. Quel que soit le niveau auquel elle se situe, elle est basée sur ce principe fondamental : éviter de nuire aux autres êtres sensibles. Ce point est également très important.
Les Quatre Nobles Vérités
Le premier enseignement que le Bouddha a donc donné n’est rien d’autre que l’exacte explication de la situation réelle des êtres sensibles. Il décrit notre propre situation et celle de tous les autres êtres. Si nous ne connaissons pas notre situation correctement, si nous avons des fausses vues et des comportements erronés, il nous sera alors impossible de reconnaître sans erreur la situation des autres êtres. C’est la raison pour laquelle Bouddha a donné cet enseignement sur les Quatre Nobles Vérités : il voulait nous montrer très clairement et très précisément notre situation actuelle, notre situation fondamentale et ordinaire.
Comment pouvons-nous modifier cette situation ? Tout est décrit dans les Quatre Nobles Vérités. Les deux premiers points donnent des explications sur notre situation actuelle, sur notre situation fondamentale, et les deux suivants décrivent la situation modifiée et la manière de la modifier. C’est ainsi que Bouddha a parlé de ces quatre points.
Les Quatre Nobles Vérités sont :
– la Noble Vérité de la souffrance
– la Noble Vérité de l’origine de la souffrance
– la Noble Vérité de la cessation de la souffrance
– la Noble Vérité du chemin.
Bouddha a dit :
Ceci est la Noble Vérité de la souffrance, ceci est la Noble Vérité de l’origine, ceci est la Noble Vérité de la cessation et ceci est la Noble Vérité du chemin.
Puis il a précisé dans une deuxième répétition comment les pratiquer :
Il faut reconnaître la souffrance,
abandonner l’origine ou la cause,
réaliser la libération et
pratiquer le chemin.
Il ne suffit donc pas de connaître les Quatre Nobles Vérités et de les citer. Il faut en plus réaliser l’objectif de chaque Vérité.
La Noble Vérité de la souffrance
Dans le Bouddhisme, on parle souvent d’un cycle des existences ou des renaissances appelé Samsara. Nous, les êtres ordinaires, y vivons actuellement ; nous sommes même conditionnés dans ce cycle et toutes les expériences que nous faisons s’y déroulent. Le cycle des existences est caractérisé par la souffrance et tous les êtres ordinaires, comme nous, cherchent à s’en libérer.
Nous avons par ailleurs toujours deux exigences intérieures : être libérés ou définitivement séparés de la souffrance, et expérimenter le bonheur. Ce sont les désirs les plus intimes de chacun. Ces vœux intérieurs ne concernent pas seulement les êtres humains les plus intelligents, mais également les animaux : ils se trouvent exactement dans la même situation que nous ; ils éprouvent aussi des souffrances et eux non plus n’aiment pas cela. Ils essaient donc par tous les moyens de les éviter, de ne pas subir la faim ou des souffrances mentales et espèrent trouver et expérimenter le bonheur. Ils sont du reste occupés jour et nuit à courir pour atteindre ce but. Les êtres intelligents procèdent d’ailleurs de la même façon, ils ont ce même besoin pressant, urgent, depuis l’aube jusqu’au soir et même pendant la nuit. Ils sont toujours pressés et très occupés tout comme le sont également les êtres mondains et les personnes religieuses. Nous tous sommes donc toujours très occupés et aspirons au même but : éviter la souffrance et expérimenter le bonheur. En fait, ce désir profond ne nous laisse jamais en paix, il nous presse et nous préoccupe sans arrêt. Nous nous affairons toujours pour les mêmes choses et rencontrons beaucoup de difficultés, ce qui nous fait éprouver de multiples souffrances.
Pourtant,