Dictionnaire érotique moderne. Alfred Delvau

Dictionnaire érotique moderne - Alfred Delvau


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se faire couper les cheveux. Aller au bordel. – L’expression date de l’établissement des bains de mer de Trouville, fréquentés par la meilleure société parisienne. Trouville est pour ainsi dire un faubourg du Havre, mais un faubourg sans bordels. Les messieurs sans dames qui ont des besoins de cœur s’échappent, vont au Havre et reviennent l’oreille basse, la queue entre les jambes, comme honteux de leurs mauvais coups. – D’où venez-vous? leur demandent les dames. – J’ai été me faire couper les cheveux, répond chaque coupable. – Les dames trouvaient – trouvillaient, dirait Commerson; – qu’ils allaient bien souvent se faire arranger – la chevelure.

      Aller trop vite à l’offrande et faire choir le curé. Décharger au moment où l’on va baiser une femme que l’on a désirée trop longtemps, et débander immédiatement.

      Allonger (S’). Bander, – dans l’argot des maquignons.

      Allumelle. Membre viril.

      Plusieurs n’aimassent tout autant

      Pour chatouiller leur allumelle

      Le réservoir d’une pucelle.

(Heures de Paphos.)

      Allumer (S’). Être en érection, soit devant une femme, soit devant une photographie obscène.

      Il ne s’allume pas!.. Je ne s’rais pourtant pas fâchée qu’i m’ baise, car il a un rude membre.

Lemercier de Neuville.

      Allumer la chandelle. Mettre un homme en état de baiser, par des attouchements habiles aux environs de son braquemard et sur son braquemard lui-même.

      Allumer le flambeau d’amour. Copuler.

      J’ m’approch’ crân’ment et j’ lui propose

      D’allumer le flambeau d’ l’amour;

      Cédant au désir qui m’allèche.

      De mon feu n’ jaillit qu’un’ flammèche.

F. de Calonne.

      Allumer un homme. Se dit des femmes légères – comme chausson – qui, par leurs regards incendiaires, provoquent les hommes à la fouterie.

      Elle! elle n’allumerait pas même un homme en amadou.

Lemercier.

      Allumette. Le membre viril, avec lequel on met le feu à tant de jeunes imaginations.

      N’approche pas de moi ton allumette: tu me brûlerais, et je n’y suis pas disposée.

Baron Wodel.

      Modeste appelle une allumette

      Ce que lui montre son amant.

E. T. Simon.

      Amant. Nom que l’on donne, non pas à l’homme qui aime une femme, mais à celui qui la fout.

      Un vieux monsieur millionnaire,

      Remplaçant le prince Charmant

      Rêvé par toute pensionnaire,

      De Manette eût été l’amant.

Alfred Delvau.

      Amant de cœur. Greluchon, maquereau, homme qui, s’il ne se fait pas entretenir par une femme galante, consent cependant à la baiser quand il sait parfaitement qu’elle est baisée par d’autres que lui: c’est, pour ainsi dire, un domestique qui monte le cheval de son maître. – Il y a cette différence entre l’amant simple et l’amant dit de cœur que le premier est un fouteur qui souvent se ruine pour sa maîtresse, et que le second est un fouteur pour lequel sa maîtresse se ruine quelquefois – quand il la fout bien. Aussi devrait-on appeler ce dernier l’amant de cul, le cœur n’ayant absolument rien à voir là-dedans.

      Amarris. Vieux mot hors d’usage signifiant matrice, employé dans un sens obscène pour désigner la nature de la femme.

      Et madame qui perd l’attente

      Du bien que donnent les maris,

      Soupire de son amarris.

J. Grevin.

      C’est ma maîtresse

      Qui a mal à son amatrix.

(Ancien Théâtre français.)

      Amâtiner (S’). Se prostituer à tous les hommes, comme une chienne chaude à tous les mâtins.

      Ami. Synonyme décent d’amant, qui est lui-même synonyme de fouteur.

      Les autres qui auront plus de hâte et prendront des amis par avance pour en essayer…

Mililot.

      Amitié. Dans tout vocabulaire érotique, amitié est le synonyme d’amour. – C’est tout un petit drame intime et bourgeois, qui se joue à trois personnages: la femme, le mari et l’amant. S’il en survient un quatrième, c’est l’ami de l’amant, qui, presque toujours, est à l’amant…

      … Ce que l’amant est au mari.

Gavarni.

      Amour. Sentiment de création moderne. Les anciens ne connaissaient que la fouterie, – ce que Théophile Gautier, un poète, a si fort à tort appelé un «sentiment ridicule accompagné de mouvements malpropres,» – et il était donné à notre génération, épuisée par tant de masturbations intellectuelles, d’inventer cette sinistre plaisanterie qui dépeuplerait promptement la terre, si les Auvergnats n’étaient pas là.

      L’amour est une affection

      Qui, par les yeux, dans le cœur entre,

      Et par forme de fluxion

      S’écoule par le bas du ventre.

Régnier.

      Amour, substantif des deux genres: échange de deux fantaisies; privilége pour toutes les folies que l’on peut faire; pour toutes les sottises que l’on peut dire. – On a de l’amour pour les fleurs, pour les oiseaux, pour la danse, pour son amant, quelquefois même pour son mari: jadis on languissait, on brûlait, on mourait d’amour; aujourd’hui, on en parle, on en jase, on le fait, et le plus souvent on l’achète.

E. Jouy.

      De son vit couturé de chancreuses ornières,

      Pénétrer, chancelant, au fond d’un con baveux.

      Mettre en contact puant les canaux urinaires,

      De scrofules pourris, nous créer des neveux.

      De spermes combinés faire un hideux fromage;

      Au fond de la cuvette, humide carrefour,

      En atomes gluants voir le foutre qui nage…

      Voilà l’amour!

Paul Saunière.

      Amoureuse entreprise (L’). L’acte vénérien.

      Amoureux des onze mille vierges. Jeune homme timide qui toutes les nuits couche, en imagination, avec toutes les femmes qu’il a rencontrées dans la journée, et, en réalité, avec la veuve Poignet, – qu’il a toujours sous la main.

      Je n’ai jamais sérieusement aimé qu’une femme, la mienne; et cependant, comme tous les jeunes gens, j’ai été amoureux des onze mille vierges.

A. François.

      Amoureux larcin. La petite oie de la fouterie, la monnaie de la jouissance, – baisers dérobés, fesses pincées, etc.

      Dans ses amoureux larcins,

      Le papelard se rengorge;

      Quand sa main flân’ sur ma gorge,

      Il dit qu’il ador’ les saints.

Jules
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