Dictionnaire érotique moderne. Alfred Delvau
de là que ceux qui aiment le plus, comme ces amoureux transis, sont ceux qui chevauchent le moins.
Amour physique (L’). Le seul amour, le véritable amour, celui des gens bien portants d’esprit et de corps, – enfin celui que prisent sérieusement toutes les femmes, même celles qui lisent le plus de romans.
En style énergique
Mon amour physique
S’explique.
Amour platonique. L’amour ridicule par excellence, l’amour des poètes, des gens qui ont plus de cervelle que de queue, et qui aiment la femme à distance respectueuse parce que leurs moyens ne leur permettent pas de l’aimer plus près.
Je fais grand cas
De l’amour pur et platonique,
Mais je n’en use pas.
Amour socratique. La pédérastie, que Socrate pratiquait si volontiers à l’endroit – je veux dire à l’envers d’Alcibiade.
Amuser un homme. Le faire jouir par tous les moyens connus et inconnus.
Dans mon bordel il vient souvent beaucoup de vieux,
Ce sont ceux-là, d’ailleurs, qui nous payent le mieux:
Sais-tu par quels moyens, petite, on les amuse,
Et de quelle façon à leur égard on use?
Amuser (S’). Se branler.
Amusette (Faire l’). Se peloter mutuellement en attendant le moment de baiser, ou après avoir baisé; plus spécialement, se branler avec l’extrémité d’un membre viril, quand on est femme.
Lorsque nous avions couru quelques postes et que j’avais quelque peine à remonter sur ma bête, elle, qui n’était ni fatiguée ni rassasiée, s’emparait avec autorité de ma lavette et faisait l’amusette.
Anandryne. Femme qui n’aime pas les hommes, ou au moins leur préfère les femmes pour se livrer au libertinage et à la fouterie. Sapho était anandryne; elle avait un long clitoris et s’en servait comme un homme de son vit avec les femmes. Horace appelait Sapho mascula, femme mâle, femme hommesse, comme le dit Mirabeau dans son Erotika Biblion. Les Vestales à Rome, les Gymnopédistes à Sparte, instituées par Lycurgue, étaient anandrynes.
Anchois. La verge d’un petit garçon, et même la queue d’un homme lorsqu’elle a des dimensions trop grêles, – par allusion à la gracilité de ce poisson.
Approche ton anchois, ton mignon… là… bien… tu y es… Le sens-tu frétiller?
Andouille. Le membre viril, dont les femmes sont si friandes, – elles qui aiment tant les cochonneries!
De tout le gibier, Fanchon,
N’aime rien que le cochon:
Surtout devant une andouille,
Qu’aux carmes l’on choisira,
Elle s’agenouille, nouille,
Elle s’agenouillera.
Andouille des carmes (L’). Le membre viril.
Andrins. Culistes, hommes qui ne font aucun cas des charmes féminins et ne fêtent que des Ganymèdes.
Les andrins sont les jacobins de la galanterie; les janicoles en sont les monarchiens démocrates, et les francs sectateurs du beau sexe sont les royalistes de Cythère.
Androgyne. Pédéraste, qui réunit en lui les deux sexes puisqu’il sert de maîtresse aux hommes et d’amant aux femmes, – comme ce grand libertin de Jules-César, qui était le mari de toutes les femmes et la femme de tous les maris.
Androgyne (Faire l’). Baiser une femme, ce qui est proprement réunir les deux sexes en un seul.
Anglais. Noble étranger, fils de la perfide Albion ou de la rêveuse Allemagne, qui consent à protéger de ses guinées une femme faible – de vertu – pendant toute la durée de son séjour à Paris.
Amélie ne te recevra pas, Polyte: elle est avec son Anglais.
Anglais (Avoir ses). Avoir ses menstrues, à cause de la couleur rouge de cet écoulement, qui est aussi la couleur de l’uniforme anglais.
Puis de son corps couvrant ma mère,
Dans le sang des Anglais baigné,
Que de coups a tirés mon père
Dans la montagne où je suis né.
Anglais ont débarqué (Les). Les menstrues ont fait leur apparition.
Il n’y a pas moyen ce soir, mon chéri: les Anglais ont débarqué.
Angora. Petit nom d’amitié que les filles donnent à leur con, à cause de son épaisse fourrure.
Flatte mon angora, cher ange, baise-le de tes lèvres: nous allons jouir.
Anneau d’Hans Carvel (L’). Le con de la femme – dans lequel tout honnête homme doit mettre le doigt quand il n’y peut plus mettre la pine.
Une femme aimable est un anneau qui circule dans la société, et que chacun peut mettre à son doigt.
Chantons l’anneau du mariage,
Bijou charmant, bijou béni;
C’est un meuble utile au ménage,
Par lui seul un couple est uni.
Avant quinze ans, jeune fillette
Veut que l’on pense à son trousseau,
Et qu’on lui mette, mette, mette,
Mette le doigt dans cet anneau.
Anus (L’). Le trou du cul.
Déferle ton entrecuisse,
Que j’ contemple
Le saint temple
De Vénus,
Et ton anus.
Aphrodisiaques. Remèdes propres à tonifier, à roidir – momentanément – le membre qui a cessé d’être viril, par suite de maladies ou d’excès vénériens. Les stimulants les plus généralement employés sont les truffes, le musc, le phosphore, le safran et les cantharides.
Puis, ce sont encor des parfums
Aphrodisiaques en diable.
Apothicaire. Pédéraste, ou sodomite; homme qui se trompe volontairement de côté quand il est au lit avec une femme et qui l’encule au lieu de la baiser.
Jean, ce frotteur invaincu,
Au soir, dans une taverne,
Frottait Lise à la moderne,
C’est-à-dire par le cul.
Elle, qui veut qu’on l’enfile,
Selon sa nécessité,
Disait d’un cœur irrité
Qu’un clystère est inutile
A qui crève de santé.