David Copperfield – Tome II. Чарльз Диккенс

David Copperfield – Tome II - Чарльз Диккенс


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réprimer ses sanglots. Alors, me menant près de la porte:

      «Que Dieu vous bénisse, M. David! me dit-elle, et soyez toujours un ami pour lui, le pauvre cher homme!»

      Puis elle courut hors de la maison pour se laver les yeux, avant d'aller se rasseoir près de lui, pour qu'il la trouvât tranquillement à l'ouvrage en se réveillant. En un mot, lorsque je les quittai, le soir, elle était l'appui et le soutien de M. Peggotty dans son affliction, et je ne pouvais me lasser de méditer sur la leçon que mistress Gummidge m'avait donnée et sur le nouveau côté du coeur humain qu'elle venait de me faire voir.

      Il était environ neuf heures et demie, lorsqu'en me promenant tristement par la ville, je m'arrêtai à la porte de M. Omer. Sa fille me dit que son père avait été si affligé de ce qui était arrivé, qu'il en avait été tout le jour morne et abattu, et qu'il s'était même couché sans fumer sa pipe.

      «C'est une fille perfide, un mauvais coeur, dit mistress Joram; elle n'a jamais valu rien de bon, non, jamais!

      – Ne dites pas cela, répliquai-je, vous ne le pensez pas.

      – Si, je le pense! dit mistress Joram avec colère.

      – Non, non,» lui dis-je.

      Mistress Joram hocha la tête en essayant de prendre un air dur et sévère, mais elle ne put triompher de son émotion et se mit à pleurer. J'étais jeune, il est vrai, mais cette sympathie me donna très-bonne opinion d'elle, et il me sembla qu'en sa qualité de femme et de mère irréprochable, cela lui allait très-bien.

      «Que deviendra-t-elle? disait Minnie en sanglotant. Où ira-t-elle? que deviendra-t-elle? Oh! comment a-t-elle pu être si cruelle envers elle-même et envers lui?»

      Je me rappelais le temps où Minnie était une jeune et jolie fille, et j'étais bien aise de voir qu'elle s'en souvenait aussi avec tant d'émotion.

      «Ma petite Minnie vient seulement de s'endormir, dit mistress Joram. Même en dormant, elle appelle Émilie. Toute la journée, ma petite Minnie l'a demandée en pleurant, et elle voulait toujours savoir si Émilie était méchante. Que voulez-vous que je lui dise, quand le dernier soir qu'Émilie a passé ici, elle a détaché un ruban de son cou et qu'elle a mis sa tête sur l'oreiller, à côté de la petite, jusqu'à ce qu'elle dormit profondément. Le ruban est à l'heure qu'il est autour du cou de ma petite Minnie. Peut-être cela ne devrait-il pas être, mais que voulez-vous que je fasse? Émilie est bien mauvaise, mais elles s'aimaient tant! Et puis, cette enfant n'a pas de connaissance.»

      Mistress Joram était si triste que son mari sortit de sa chambre pour venir la consoler. Je les laissai ensemble, et je repris le chemin de la maison de Peggotty, plus mélancolique, s'il était possible, que je ne l'avais encore été.

      Cette bonne créature (je veux parler de Peggotty), sans songer à sa fatigue, à ses inquiétudes récentes, à tant de nuits sans sommeil, était restée chez son frère pour ne plus le quitter qu'au moment du départ. Il n'y avait dans la maison avec moi qu'une vieille femme, chargée du soin du ménage depuis quelques semaines, lorsque Peggotty ne pouvait pas s'en occuper. Comme je n'avais aucun besoin de ses services, je l'envoyai se coucher à sa grande satisfaction, et je m'assis devant le feu de la cuisine pour réfléchir un peu à tout ce qui venait de se passer.

      Je confondais les derniers événements avec la mort de M. Barkis, et je voyais la mer qui se retirait dans le lointain; je me rappelais le regard étrange que Ham avait jeté sur l'horizon, quand je fus tiré de mes rêveries par un coup frappé dehors. Il y avait un marteau à la porte, mais ce n'était pas un coup de marteau: c'était une main qui avait frappé, tout en bas, comme si c'était un enfant qui voulût se faire ouvrir.

      Je mis plus d'empressement à courir à la porte que si c'était le coup de marteau d'un valet de pied chez un personnage de distinction; j'ouvris, et je ne vis d'abord, à mon grand étonnement, qu'un immense parapluie qui semblait marcher tout seul. Mais je découvris bientôt sous son ombre miss Mowcher.

      Je n'aurais pas été disposé à recevoir avec beaucoup de bienveillance cette petite créature, si, au moment où elle détourna son parapluie qu'elle ne pouvait venir à bout de fermer malgré les plus grands efforts, j'avais retrouvé sur sa figure cette expression «folichonne» qui m'avait fait une si grande impression lors de notre première et dernière entrevue. Mais, lorsqu'elle tourna son visage vers le mien, elle avait un air si pénétré, et quand je la débarrassai de son parapluie (dont le volume eût été incommode, même pour le Géant irlandais), elle tendit ses petites mains avec une expression de douleur si vive, que je me sentis quelque sympathie pour elle.

      «Miss Mowcher! lui dis-je après avoir regardé à droite et à gauche dans la rue déserte sans savoir ce que j'y cherchais, comment vous trouvez-vous ici? Qu'est-ce que vous avez?»

      Elle me fit signe avec son petit bras de fermer son parapluie, et passant précipitamment à côté de moi, elle entra dans la cuisine. Je fermai la porte; je la suivis, le parapluie à la main, et je la trouvai assise sur un coin du garde-cendres, tout près des chenets et des deux barres de fer destinées à recevoir les assiettes, à l'ombre du coquemar, se balançant en avant et en arrière, et pressant ses genoux avec ses mains comme quelqu'un qui souffre.

      Un peu inquiet de recevoir cette visite inopportune, et de me trouver seul spectateur de ces étranges gesticulations, je m'écriai de nouveau: «Miss Mowcher, qu'est-ce que vous avez? Êtes- vous malade?

      – Mon cher enfant, répliqua miss Mowcher en pressant ses deux mains sur son coeur, je suis malade là, très-malade; quand je pense à ce qui est arrivé, et que j'aurais pu le savoir, l'empêcher peut-être, si je n'avais pas été folle et étourdie comme je le suis!»

      Et son grand chapeau, si mal approprié à sa taille de naine, se balançait en avant et en arrière, suivant les mouvements de son petit corps, faisant danser à l'unisson derrière elle, sur la muraille, l'ombre d'un chapeau de géant.

      «Je suis étonné, commençai-je à dire, de vous voir si sérieusement troublée…» Mais elle m'interrompit.

      «Oui, dit-elle, c'est toujours comme ça. Tous les jeunes gens inconsidérés qui ont eu le bonheur d'arriver à leur pleine croissance, ça s'étonne toujours de trouver quelques sentiments chez une petite créature comme moi. Je ne suis pour eux qu'un jouet dont ils s'amusent, pour le jeter de côté quand ils en sont las; ça s'imagine que je n'ai pas plus de sensibilité qu'un cheval de bois ou un soldat de plomb. Oui, oui, c'est comme ça, et ce n'est pas d'aujourd'hui.

      – Je ne peux parler que pour moi, lui dis-je, mais je vous assure que je ne suis pas comme cela. Peut-être n'aurais-je pas dû me montrer étonné de vous voir dans cet état, puisque je vous connais à peine. Excusez-moi: je vous ai dit cela sans intention.

      – Que voulez-vous que je fasse? répliqua la petite femme en se tenant debout et en levant les bras pour se faire voir. Voyez: mon père était tout comme moi, mon frère est de même, ma soeur aussi. Je travaille pour mon frère et ma soeur depuis bien des années… sans relâche, monsieur Copperfield, tout le jour. Il faut vivre. Je ne fais de mal à personne. S'il y a des gens assez cruels pour me tourner légèrement en plaisanterie, que voulez-vous que je fasse? Il faut bien que je fasse comme eux; et voilà comme j'en suis venue à me moquer de moi-même, de mes rieurs et de toutes choses. Je vous le demande, à qui la faute? Ce n'est pas la mienne, toujours!»

      Non, non, je voyais bien que ce n'était pas la faute de miss Mowcher.

      «Si j'avais laissé voir à votre perfide ami que, pour être naine, je n'en avais pas moins un coeur comme une autre, continua-t-elle en secouant la tête d'un air de reproche, croyez-vous qu'il m'eût jamais montré le moindre intérêt? Si la petite Mowcher (qui ne s'est pourtant pas faite elle-même, monsieur) s'était adressée à lui ou à quelqu'un de ses semblables au nom de ses malheurs, croyez-vous que l'on eût seulement écouté sa petite voix? La petite Mowcher n'en avait pas moins besoin de vivre, quand elle eût été la plus sotte et la plus grognon des naines, mais elle n'y eût pas réussi, oh! non. Elle se serait essoufflée à demander une tartine de pain et de beurre, qu'on l'aurait bien laissée là mourir de faim, car enfin elle ne peut pourtant pas


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