Glossaire du patois normand. Du Bois Louis François

Glossaire du patois normand - Du Bois Louis François


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augmenter.

      AUTE: autre.

      AUVARE: avarie.

      AUVEC: avec. On trouve awech dans la langue romane; témoin ce vers du Chevalier du Cisne:

Awech li ert un des enfans remés. L

      AVALASSE: inondation; grande averse. Du substantif français lavasse. En patois walon, walai signifie ondée, grosse pluie. Dans le patois des Vosges, laivasse et laivesse ont aussi cette signification.

      AVALER; DEVALER: descendre. On lit dans les Essais de Montaigne: «Jusqu'à ce qu'un homme de cheval l'alla saisir au corps et l'avalla par terre», liv. III, chap. 6; et dans la 1re scène de l'Iphigénie de Rotrou:

Quelle prompte frayeur dans le sein me devale!

      AVANGER (v. n.): fournir avantageusement. Les légumes avangeront, produiront beaucoup. En roman, avenger et avangier signifient avancer, arriver.

      AVAS: le long de. Avas le chemin. L. A Bayeux, on dit avau. En roman, avault, avaux signifient parmi, dans. En français, aval. Nous avons cité, a la fin de notre édition de Basselin, p. 233, une ancienne chanson normande dans laquelle on dit:

      Passementée avaud les gambes

      D'un biau nerfil.

      AVEINDRE: atteindre.

      AVENAT: balle d'avoine; paille d'avoine.

      AVER: avoir, fortune, bien. Avé, en roman. Avei, en patois de Grenoble. L.

      AVER ou AVET: porc. Du latin aper. A.

      AVÉRAS: volailles de basse-cour. D'avis: oiseau. En roman, avers s'entend des bestiaux et des instruments aratoires. Du substantif de la basse latinité averium, averia.

      AVERLAND: grossier, brutal. En roman, averland signifie maquignon. De l'allemand, haverling.

      AVERNANT: agréable à voir. D'avenant.

      AVERNON: surnom, sobriquet.

      AVERON ou HAVRON: avoine stérile.

      AVERSAT: fou, dont la cervelle est renversée. Du roman, avertie: épilepsie, folie.

      AVETTE: abeille. Ancien français. Du latin apis.

      AVEUC: avec. Roman. S. – I.

      AVEUR: précoce. Voyez AORIBLE. On dit proverbialement: «L'aveur ne doit rien au tardif. – L'aorible n'a rien à demander au tardif«. Aveur vient d'avant heure, avance.

      AVIAS; AVIAUX: oiseaux. D'avis. B.

      AVISION: invention, bonne idée.

      AVISOURE: invention, etc. Du roman avisoire. On lit dans les Heures perdues d'un Cavalier françois: «Pardy, je m'avisis hier au soir d'une bonne avisoire!» L.

      AVOLÉ: aventurier. Qui a pris sa volée d'un pays vers un autre. Froissard dit (t. I, ch. 39): «Et ceux qui estoient ainsi bannis se tenoient à Saint-Omer le plus, et les appeloit-on Avolez». B.

      AVOLER: faire effort pour lancer loin ce qu'on envoie. S'AVOLER: prendre son élan. M.

      AVOMES (NOUS): nous avons. Roman. A.

      AVONDER ou AVONDIR: gorger d'aliments en abondance, engraisser.

      AVORIBLE: précoce. Voyez AORIBLE, et AVEUR.

      AVOU: où. D'AVOU: d'où.

      AVOUER: épuiser. A force de bouillir, cette eau s'est avouée.

      AVOUS: Avez-vous? Dans la Farce de Pathelin, p. 88:

Avous mal aux dents, maistre Pierre?

      AVRILLER (v. n.), IL AVRILLE: il tombe une pluie fine et tiède comme en avril.

      AVRONER: apostropher insolemment.

      B

      BABINOUX. Voyez BOBINOUX.

      BABOTIER: babillard.

      BABOUIN. Ce mot se prend en mauvaise part, comme qui dirait: mine de singe. De babine: lèvre.

      BABOUIN: sorte de statue en neige, que les enfants pétrissent dans les rues.

      BACHEROLLE: vaisseau de bois pour porter de l'eau. Du roman bachoue, bachole, tine ou vase de bois propre à transporter la vendange.

      BACHEAU ou BACHOT: petite bâche pour pêcher les écrevisses. En roman, bagau. – Dans les marais du Cotentin, un bachot est une petite barque.

      BACON: porc salé. De la basse latinité baco, cochon.

      BACOUETTE: hoche-queue; lavandière. De bat, et de coue, dont le diminutif est couette. C'est la même signification, en termes équivalents, que hoche-queue.

      BACUL: traverse de bois pour attacher par derrière les chevaux attelés. Ce mot, dans l'arrondissement de St. – Lo, employé pour désigner une personne qui a les cuisses et les jambes courtes, doit s'écrire bas-cul, et n'est pas l'exact homonyme de bacul (bat-cul).

      BACULOT; BAGULOT: petit bâton qui sert à jouer. Du latin baculus.

      BADER (SE): mouiller ses vêtements par le bas; se crotter. Badé, e, crotté et mouillé. De bad (bois, eau), expression celtique, de laquelle sont venus les noms des villes de Baden en Allemagne, et de Bath en Angleterre, qui, toutes deux, ont des bains célèbres; et même le mot badaud appliqué aux Parisiens, parce que leur ville, naturellement humide, était fréquemment enveloppée dans les brouillards de la Seine et des marais. En islandais, bada, se baigner.

      BADINOUX: petit rouet dont le travail très-facile n'est qu'une sorte de badinage. B.

      BADOCHET (s. m.): entremetteur ou entremetteuse de mariages. On l'appelle aussi rouche-croûte, parce que ce sont ordinairement de vieilles femmes (pouvant à peine ronger leurs croûtes) qui se chargent de ce ministère officieux et lucratif. A.

      BAFFE: tape, soufflet. Roman. Du mot paf.

      BAFRE et BAFRÉE (s. f.): régal ignoble de gourmands Bafrée se dit également en patois Lorrain.

      BAFRER: faire une bafre. Se trouve aussi dans le patois Troyen.

      BAFREUR: qui aime la bafre; goinfre.

      BAGLE: bague.

      BAGNE (SUER A): suer abondamment, comme dans un bain chaud.

      BAGOU ou BAGOUL: fécondité de paroles stériles. Ce mot existe aussi dans le patois du Berri. De gula, gueule, goule.

      BAGOULARD: bavard.

      BAGOULER: bavarder.

      BAGUER (v. n.): se dit d'une couture qui fronce désagréablement.

      BAHUYER: bahutier.

      BAICHIN, NE: nigaud. De Baissin, parce que les Baissins sont regardés comme moins civilisés que les habitants de la Haute-Normandie. Voyez BAISSIN.

      BAILLE-LA-GOULE: bavard, sujet à manquer de parole. C'est ce que la Farce de Pathelin, p. 110, appelle

      Des bailleurs

      De paroles en payement

      A rendre au jour du jugement. L.

      BAILLOUX: fainéant et maladroit, qui semble bâiller toujours et ne donner aucune attention à son ouvrage. B.

      BAINE (s. f.): mauvais cabaret, où l'on ne peut se procurer que de mauvaise boisson. A.

      BAISEUL: partie de la croûte d'un pain qui, dans le four, a touché un pain voisin (l'a baisé). Dans plusieurs cantons de la Manche, on dit du baisé dans le même sens.

      BAISSE-MINE: sournois; décontenancé.

      BAISSIN: habitant du pays de Bas, du Bas pays. Ce sont des manœuvres qui viennent du Bas-Maine et des arrondissements normands contigus, pour travailler dans la Haute-Normandie. Ce mot baissin n'a nul rapport avec


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