Glossaire du patois normand. Du Bois Louis François

Glossaire du patois normand - Du Bois Louis François


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charpentier place sous l'arbre abattu qu'il équarrit, pour l'élever au-dessus du sol.

      ABOFFRER: déprécier, mésoffrir. C'est l'opposé de surfaire. B.

      ABOLIR: humilier; anéantir. L.

      ABOMINER: détester, on le trouve dans Nicot et dans les Psaumes de Marot. Du verbe latin abominari.

      ABOT: sorte de cadenas que l'on attache au paturon d'un cheval pour l'empêcher de s'éloigner.

      ABOTER: attacher un abot. Par métaplasme, du grec πούς, pied; en changeant le p en b.

      ABORDER: toucher, heurter. L.

      ABOULER: apporter, envoyer. De boule, par allusion à la boule du jeu de quilles qu'on renvoie en la faisant rouler rapidement.

      ABRIER: abriter, mettre à l'abri. Roman.

      ABRE: arbre. Par syncope, le roman a dit abre pour arbre. On lit dans le roman de Blanchandin:

      La pucele descent sos l'abre;

      Si le trova froit come mabre.

      Un proverbe du moyen-âge, reproduit par M. Le Roux de Lincy, disait:

      Pour l'amour du buisson va la brebis à l'abre.

      ABREAU ou ABROT: petit arbre enduit de glu pour prendre des oiseaux.

      ABROUTOUT: qui brise tout, qui brouille tout, mauvais ouvrier.

      ABSOLUTEMENT: absolument. Ce mot est roman.

      ACA; ACARD; D'ACARD: très-abondamment. La pluie tombe d'aca. De l'islandais kat, averse, inondation. On trouve aca en composition dans acabasser, ci-après, et dans les verbes accabler et accravanter, mot roman. Voyez CRAC. A.

      AÇA: faites attention a cela. En roman, aga, que Roquefort tire du grec άγάω.

      ACABASSER: accabler. Le drapier dit dans la Farce de Pathelin, p. 75:

      Mesmement les bergers des champs

      Me cabassent; ores le mien

      A qui j'ay tousjours faict du bien.

      L'auteur de cette Farce emploie plus loin, p. 82, le verbe cabasser dans les vers suivants:

      L'aignelet! maint aigneau de laict

      Tu as cabassé à ton maistre.

      ACAGNARDIR (S'): devenir paresseux. L'Académie écrit s'acagnarder. En patois Lorrain on dit, comme en Normandie, s'acagnardir.

      ACANCHIER: avoir du succès, de la chance. Usité dans la Manche, comme le verbe suivant.

      ACATER: acheter.

      ACAUCHIER: causer avec quelqu'un; l'appeler. A.

      ACCESSEUR: assesseur. L.

      ACCIPER: escroquer, prendre, dérober. Roman. Du latin accipere, d'où on a tiré aussi, par aphérèse, le verbe chiper qui a la même signification.

      ACCLAMPER: attacher, fixer. De l'islandais klampi: agraffe, cheville. Voyez CLAMPIN. A.

      ACCLASSER: s'assoupir, clore les yeux. Dans le patois Provençal, aclusar a le même sens.

      ACCOINTER: fréquenter. Roman.

      ACCORGER: accoupler, réunir deux objets. A.

      ACCOTE-POT: petit meuble en fonte de fer que l'on place derrière un pot pour le soutenir, l'accoter. Roquefort s'est évidemment trompé en donnant à acote-pot la signification d'accoudoir. L.

      ACCOUER: attacher à la queue (en vieux français coue de cauda), en parlant des bêtes de somme que l'on attache à la queue les unes des autres. Voyez COUÉE. A.

      ACCOUFLER (S'): s'accroupir. A.

      ACCOUPLÉE: linge, bas, ou autres effets assujettis par couple ou même en plus grande quantité, pour être blanchis. L.

      ACCOUPLER: mettre en accouplée.

      ACCOURSER: achalander. Accoursé, celui qui est en cours de bonne vente. A. Du roman accoursier, accoursin: chaland.

      ACCOUT: appui sur lequel on s'accoude. Voyez COUTE.

      ACCOUTER (S'): s'accouder. L.

      ACCOUVER (S'): s'accroupir comme l'oiseau qui couve. On dit en patois Troyen s'écouver.

      ACCRAVANTER: écraser, accabler. Roman.

      ACCRUCHE (Madame Sainte-): femme qui a l'habitude de dérober, d'attirer les choses à elle. L.

      ACCRUCHER: attraper subtilement quelque chose. D'accrocher. Voyez AGRIPPER. L.

      ACERTAINER: affirmer, certifier. L.

      ACHÉE: ver de terre. A. On dit ache, à Blois.

      ACHOCRE: difficile à vivre; hargneux; obstiné. Usité dans le patois Rennais. Dans la Manche, il a le sens de maladroit.

      ACHOPPER: heurter. Voyez CHOPPER.

      ACHUQUETÉ: obstiné; entêté. B.

      ACCLABOT: acclamation. De clabauder. B.

      ACCLAS: clas; barrière. Du latin claudere: clore. O.

      ACCOMICHER: faire en commun. B. Voyez SOUATER.

      ACLUFER: accroupir.

      ACMODER: accommoder. C'est une syncope, comme racmoder pour raccommoder. L.

      ACO: encore. On dit aico dans le patois des Vosges. Voyez CO.

      ACONDIRE. Ce verbe qui, suivant Oberlin, veut dire dans le patois Messin «mettre obstacle aux publications», signifie, à Alençon, éconduire. C'est un simple métaplasme.

      ACOQUETÉ: rouge comme la crête d'un coq. Voyez ÉCOQUETÉ. B.

      ACQUITTOIRE; ACQUITTOURE: travail dont on s'acquitte à la hâte et sans soin. L.

      ACRACO: adverbe. D'occasion; de hasard; de raccroc. B.

      ACTONNER. Voyez HAQUETONNER.

      ACUCER: mettre à quia.

      ACULER: éculer, en parlant des souliers.

      ADELAISI: fainéant, qui prolonge trop son loisir. A. Se trouve aussi dans le patois Rennais.

      ADENS: sur les dents, en parlant d'un vase mis sur son ouverture, sur ses dents. On dit aussi d'une personne: elle est tombée adens. C'est le mot roman adanz, adens, adent.

      ADENTER un vase: le placer sur son ouverture. En roman, endenter.

      ADET: entièrement. A.

      ADORÉMUS (faire des): faire des révérences multipliées.

      ADOULER: rendre plus douloureux; être souffrant.

      ADOUS: parures; ornements. Roman. On lit ce vers dans la Chevalerie Ogier de Dannemarche:

Tos lor adous furent à or battus

      Du verbe islandais at dubba: décorer, disposer, apprêter.

      ADRECHIR: adresser. B.

      ADRET, adverbe: vis-à-vis. Du substantif endroit. Voyez LENDRET.

      ADREUGER: arranger mal.

      ADROGER: ce verbe a la même signification que le précédent. Du roman aréger, arroier: arranger, disposer. A.

      AFFAIRE: quantité. J'ai eu une bonne affaire de grain, de fruits, etc., etc. On retrouve ce mot avec le même sens dans le patois Lorrain.

      AFFAUTURER: priver. De faillir, faire faute. V.

      AFFECTER: s'appliquer; se forcer. B.

      AFFETTEMENT: assaisonnement d'un mets. L.

      AFFETTER: assaisonner. Dans quelques cantons ce verbe signifie embellir, nourrir, etc. On trouve ce verbe employé par Wace, dans le Roman


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