Glossaire du patois normand. Du Bois Louis François

Glossaire du patois normand - Du Bois Louis François


Скачать книгу
difficultés que présente la lecture d'Orderic Vital réside dans le grand nombre de petits faits, d'allusions et de noms géographiques qui appartiennent à la Normandie: il importait donc que la traduction fût faite sur les lieux mêmes, au milieu des souvenirs, et par un homme capable d'expliquer, dans des notes courtes, mais multipliées, les obscurités pour ainsi dire locales du texte. M. Du Bois a bien voulu se charger de ce minutieux travail, etc.»

      Mais peut-être de semblables éloges paraissent-ils un peu suspects de la part d'un éditeur. Voici en quels termes un juge non moins compétent, le judicieux Daunou, s'exprime dans le Journal des savants du mois de mars 1838: «Dans la série des 29 volumes des Mémoires relatifs à l'histoire de France, publiés par M. Guizot de 1833 à 1828, les 4 volumes d'Orderic nous paraissent les plus importants, soit par l'étendue de l'ouvrage, soit surtout par les recherches et l'exactitude que le traducteur, M. Louis Du Bois, s'est prescrites: on peut même dire, à beaucoup d'égards, que c'est une publication nouvelle.

      «Pour presque tous les lecteurs, cette excellente traduction peut tenir lieu du texte: elle en représente avec une fidélité scrupuleuse toutes les idées, tous les détails, quoique en les revêtant d'une diction plus pure et beaucoup plus élégante. Elle suppose toutes les corrections faites et à faire à l'édition latine de 1619; les variantes qui ont quelque intérêt sont indiquées dans les notes; les lignes et les paroles latines dont il peut importer d'avoir quelque connaissance immédiate sont à la fois transcrites et traduites, particulièrement lorsque le sens n'en est pas très-certain, ou bien encore lorsqu'il se présente des jeux de mots qui ne passent que trop imparfaitement dans notre langue. Ces remarques sont très-concises, ainsi que celles qui concernent l'histoire, la chronologie et plus souvent la géographie. Le traducteur, qui a visité la plupart des lieux dont l'auteur parle, éclaircit par des dénominations actuelles celles qui ne sont plus en usage; et, quand il ne trouve aucun moyen d'opérer ce rapprochement, il ne manque pas d'en faire l'aveu. Nous devons ajouter que les manuscrits de St. – Évroult et de Rouen l'ont mis en état de remplir des lacunes, quelquefois assez longues, qui existaient dans l'édition de 1619 et qui restaient même dans les 200 pages d'extraits, imprimés par les éditeurs du grand recueil des historiens de France. Ainsi non-seulement l'ouvrage d'Orderic Vital est pour la première fois traduit en français, mais on peut dire encore qu'il n'avait jamais été aussi exactement et complètement publié.

      «… C'est donc un véritable service que M. Louis Du Bois vient de rendre aux études historiques, en publiant une traduction de cet ouvrage, plus complète et plus exacte que les éditions du texte.»

      L'auteur préparait encore l'Histoire de Lisieux, celle de Charlotte de Corday, son Glossaire du patois normand, interrompu si fréquemment par ses travaux, ses plaisirs et ses voyages. Il mettait sous presse la première édition de son Cours complet et simplifié d'agriculture (1825), d'abord en 6 volumes; il collaborait à la Biographie des frères Michaud, à l'Encyclopédie de Courtin, à des recueils de tout genre qui réclamaient des plumes faciles et érudites. Au commencement de 1830, il avait traité avec un libraire pour 20 volumes de pièces imprimées ou manuscrites sur la révolution de 1789. Celle de juillet vint mettre obstacle à l'entreprise. Les amis de Louis Du Bois prirent la plus grande part au mouvement; chacun eut sa récompense: plusieurs furent ministres, ambassadeurs, préfets; on l'oubliait. Je ne sais qui s'en souvint, et le fit appeler, malgré ses répugnances, à la sous-préfecture de Bernay.

      Tant que Dupont (de l'Eure) fut aux affaires, la conduite politique de Louis Du Bois se trouva naturellement conforme aux principes qu'il avait professés sous la Restauration. Il n'en dévia point après la retraite de son stoïque ami; mais il dut se résigner à n'avoir aucun avancement. Son indépendance déplut même assez pour qu'on l'envoyât à Vitré, au mois de février 1833.

      Là, pendant sept ans environ qu'il fut sous-préfet, il déploya un vrai talent d'administrateur. Au milieu de partis ardents, il se montra tolérant, conciliant, juste, prudent et ferme. Il eut à soutenir des luttes de plus d'une espèce, surtout des luttes de presse, et sa plume exercée fit toujours triompher l'administrateur des attaques d'une opposition plus que libre. Le Vitréen, feuille hebdomadaire qu'il fonda et rédigea du 1er septembre 1837 au 3 novembre 1839 renferme dans ses 114 nos une foule d'articles de statistique, d'histoire et de littérature sur Vitré et son arrondissement. Nous signalons ces articles enfouis dans une feuille inconnue, comme nous croyons devoir en signaler beaucoup d'autres qui sont perdus dans le Journal de l'Orne de 1803 à 1812. Assurément les meilleurs sont dignes d'en être exhumés, et tous méritent qu'on les consulte 12.

      Le 7 juillet 1836, Louis Du Bois perdit l'une de ses filles, mariée à M. Abraham, conservateur des hypothèques. Cette mort prématurée lui rendit odieux, ainsi qu'à son épouse, le séjour de Vitré. La décoration de la Légion-d'Honneur, qu'il reçut le 2 avril 1837, sans l'avoir sollicitée, n'adoucit point sa douleur. Il demanda une sous-préfecture normande, et, à la fin de 1839, on lui donna celle de Châteaulin. La haine d'un député ministériel lui valut cette disgrâce qu'il ne voulut point accepter.

      Il eut en échange, au commencement de 1840, une place de secrétaire aux Archives du royaume, retraite honorable et d'accord avec ses goûts studieux; mais il fut atteint d'une infirmité incurable (une paralysie de la vessie); mais sa femme ne pouvait vivre de l'air de Paris; mais sa seconde fille était mariée à M. Nouvel, de Florensac; mais il avait plus de 70 ans: il quitta la capitale, avec une retraite de 500 francs, le 27 mars 1844, et arriva le 28 à Mesnil-Durand.

      Là, entre autres ouvrages, il compila ses Recherches archéologiques, historiques, biographiques et littéraires sur la Normandie; il acheva l'Histoire de Lisieux, commencée depuis long-temps; il traduisit Columelle pour la 2e série de la collection des classiques latins, éditée par Panckoucke; il ajouta à son Glossaire du Patois normand; il revit plusieurs de ses ouvrages imprimés ou manuscrits, et tint la plume jusqu'aux derniers mois de sa longue carrière. Peut-être eût-il vécu quelques années encore; mais l'infirmité qu'il avait apportée dans sa retraite lui devint fatale. La sonde dont il se servait se brisa, et tout espoir de le sauver fut perdu. Il vit son état, et s'y résigna sans murmure; il expira, vers huit heures du matin, le 9 juillet 1855.

      Nous n'avons pu, dans les pages qui précèdent, énumérer toutes les œuvres de Louis Du Bois. Dans la liste qu'il nous en remit lui-même en 1854, il en oublia quelques-unes. Nous ne nous flattons pas d'avoir tout recueilli; mais enfin nous aurons fort avancé la bibliographie de ses productions. Nous possédons les moindres opuscules que nous mentionnons ici; collection rare, peut-être unique: on laisse si facilement perdre les bluettes de circonstance!

      Ancastrœm, poème lyrique. Lisieux, 1792, in-8º.

      L'existence de l'Être Suprême, en vers. 1794, in-8º.

      Discours publics et programmes à l'École centrale de l'Orne. Alençon, 1799 et années suivantes, in-8º.

      Voyage à Mortain, opuscule en prose et en vers. Alençon, 1800, in-12.

      La Concorde, ode. Alençon, 1800, in-8º.

      La délivrance de l'Italie, ode imitée de l'italien de Monti. 1801, in-8º.

      La Paix, ode. 1801, in-8º.

      Couplets chantés au banquet des membres du lycée d'Alençon, réunis pour célébrer la paix générale, 20 germinal an X (29 mars 1802). Alençon, 1802, in-8º.

      Notice historique et littéraire sur Du Frische de Valazé, député à la Convention nationale. Paris, 1802; 2e éd., 1811, in-8º.

      Du pommier, du poirier, du cormier et des cidres, etc. Paris, 1804, in-12, 2 vol., fig.

      Cantique maçonnique, improvisé pour le banquet du 18 frimaire, an XIII, et chanté dans la Loge de la Fidélité, à l'Orient d'Alençon. Alençon, in-8º.

      Les Frères, vaudeville maçonnique, chanté au banquet de la St. – Jean d'été, dans la Loge de la Fidélité, a l'Orient d'Alençon, le 2 messidor an XIII. Alençon, in-8º.

      Contes en vers.


Скачать книгу

<p>12</p>

Le Journal de l'Orne, rédigé par Louis Du Bois, se compose de 6 vol. in-8º publiés, le premier, en 1803, les cinq autres de 1806 à 1812.