Glossaire du patois normand. Du Bois Louis François
celtique Bu.
BUCAILLE (s. f.): fourré de bois, bocage.
BUCHER: tailler, couper dans une pièce de bois. L'Académie n'emploie ce verbe que dans le sens de faire des bûches.
BUÉE: vapeur de l'eau bouillante. Lessive. Ménage déraisonne longuement sur l'origine de ce substantif, que Huet fait avec raison venir du grec βυω, d'où est tiré le verbe latin imbuo et le mot français imbu. En effet, le linge est imbu par la lessive qui l'abreuve. Dans une de ses ballades, Villon dit:
Bua en patois du Jura. Bouaie en patois des Vosges.
BUETTE: bûchette. Manche.
BUFFE: coup ou soufflet qui fait enfler ou bouffir la joue.
BUFFET DE SERVICE: buffet. L.
BUHOT: sorte de tube en bois pour prendre les taupes. Il est un autre buhot dont les faucheurs se servent pour placer et humecter la pierre à aiguiser la faulx. A Vire, on appelle buhot un gros sabot qui ressemble un peu au buhot du taupier. L.
BUHOTTE (s. f.): petite limace.
BUNÉE: caprice. B.
BUNETTE (s. f.): fauvette traîne-buisson ou fauvette d'hiver (Motacilla modularis). Bunette, probablement pour brunette, à cause de sa couleur. Dans le patois Troyen, la bunette est la mauviette.
BUOTTE: piége à taupes. Voyez BUHOT.
BUR ou BURE: habitation de village. De la basse latinité burum.
BURAS: sorte de bure, étoffe.
BURET: porcherie. De bur. En Auvergne, on appelle une vacherie buron. Le bure, en français, est un puits profond dans les mines. B.
BURET ou plutôt BURRET: première mue des jeunes oiseaux dont la plume n'est alors qu'une sorte de bourre.
BURGUER: heurter brutalement, brusquer, pousser rudement. Raynouard (Lexique roman, II, 27) dit que les troubadours employaient le mot burs dans le sens de choc ou coup.
BUSOQUER: agir en buse, oiseau stupide; perdre son temps à de niaises et sottes occupations.
BUSOT: poil follet, plumes naissantes; brin de paille, fétu.
BUSSE: petit tonneau. En basse latinité, bossex; en roman bosse.
BUTAS: homme grossier, lourdaud. En roman, butau.
BUTÉE: butte, côte, chemin montueux et rapide.
BUTER: broncher, comme lorsqu'on heurte avec le pied une petite butte.
BUTILLÉE (EN): en masse. De butte. B.
BUTILLON: panier à tissu clair, et allongé en bouteille. V. Butiglionus dans Du Cange.
C
CABAGÉTIS: CABAJITIS: dépôt désordonné de vieux effets, de vieux cabas sans valeur, jetés dans un cabinet. En patois du Jura, cajabiti, cajibiti. De cage: cavea. A.
CABARET: avant-toit. A.
CABAS: vieux meuble grossier.
CABAS: tromperie. Employé en ce sens par Jean Joret.
CABASSER: tromper. Ancien français.
CABIET: chat.
CABIN: petit cabinet malpropre. A.
CABINE: ravin.
CABINET: petite armoire. A.
CABLER: fermer bruyamment une porte ou toute autre ouverture. En roman, cable signifiait un arbre ou une branche que le vent a cassée. On dit dans le patois du Bessin: «Cette porte ou fenêtre cable», c'est-à-dire est agitée bruyamment par le vent.
CABOCHE (s. f.): tête de vieux clou. De caput, tête.
CABOT: ancienne mesure contenant un demi-boisseau. Du grec καβος, mesure. Aux environs de St. – Lo, de Bayeux, etc., cabot signifie tas, monceau. Mettre le foin en cabots, c'est le réunir en petits monceaux.
CABOT; CHABOT: petit poisson de rivière à grosse tête. De caput.
CABOURE: mauvaise maison délabrée. B.
CABOUSSAT: soupe au babeure. O.
CABRE: bruit. A. Voyez CABLER.
CABREUX: conducteur de bestiaux. B.
CACAPHONIE: cacophonie.
CACHARD, DE: qui aime à dissimuler; paresseux, qui ne va qu'à force de coups. Bête cacharde.
CACHE: chasse. S. – I.
CACHE-PUCE (chasse-puce): menthe poivrée (Mentha piperita).
CACHER: chasser devant soi. En roman, cachier. Dans la Dance aux aveugles on emploie l'expression cacher pour chasser. L.
CACHEUX: celui qui cache ou chasse devant lui les bêtes à cornes aux marchés. L.
CACHOTTER: faire des cachotteries, faire un mystère de choses peu importantes.
CACHOTTIER, IÈRE: qui fait des cachotteries.
CACOUARD: frileux, souffreteux. B.
CACOUE (s. f.): roseau à balais (Arundo phragmites). B.
CADELER: soigner avec grande affection. En roman, cadeler, chadeler, signifient conduire; cadeau et cadel, jeune chien. Ainsi cadeler un enfant, c'est le traiter comme un petit chien chéri.
CAFOUIN: café faible et léger, mauvais café.
CAGÉE: plein une cage. Une cagée de volailles grasses.
CAGNARD: sorte de réchaud en fonte. L.
CAGNET: paille de sarrasin. O.
CAGNOLLE: nuque. La Muse Normande désigne sous ce nom la mort. En islandais, kenni signifie mâchoire.
CAGNON (de morue): chignon de la tête de ce poisson salé. Roman, comme cagnolle. Roquefort pense que ces mots viennent du latin catena, chaîne, «parce que la nuque ressemble à un chaînon.» L.
CAHUHAN: chat-huant.
CAIAMAN: grand coquillage spirivalve. Voyez CALIN. B.
CAIGNOT: petit enfant. De canis, chien. On dit, par mignardise, caignot pour mon petit chien, comme d'autres disent: mon petit chat, mon minet. A.
CAILLE: mêlé de blanc et de couleur foncée. Un bœuf caille, une vache caille; qui a le poil tacheté par masses de blanc et de fauve, ou de noir et de blanc. A Bayeux et dans la Manche, on dit cailli et caillé.
CAILLES; CAILLE-BOTTES: grumeaux de lait caillé.
CAILLOU: noyau d'un fruit tel que l'abricot, la cerise, etc. L.
CAIMAND, DE. Voyez QUÊMAND. Roman.
CAIN ou CAHIN (LA SEMAINE): la semaine-sainte. B.
CAINE: chaîne. Id., dans le patois Picard.
CAINGEON. Voyez CAIGNOT. A.
CAIGNOT: jeune chien.
CAIR: clair. A.
CARAILLER: ne boire que le bouillon de la soupe, que le cair (le clair) du potage. A.
CAIRÉE: curée. De caro, chair. A.
CALAMISTRER: ajuster, parer avec recherche. Dans la basse latinité, calamistrare.
CALARD, DE: paresseux, poltron. B.
CALEBOTTER (en parlant du lait): cailler. V. TRUTER. Ce verbe, en parlant des sauces, signifie se coaguler sur le feu en grumeaux, comme les caillebottes du lait caillé.
CALÉ: bien établi; solidement riche et remarquablement habillé. De cale.
CALÉE: grande quantité. Valognes.
CALEHEAU: caniveau. La lettre h s'aspire. L.
CALENGER: