Glossaire du patois normand. Du Bois Louis François
Lexovien, le bois-puant est le cornouiller (Cornus mas).
BOISE: pièce de bois. En roman, boise signifie bûche; rondin. De la basse latinité boisia.
BOISETTE: petite boise.
BOISSON (s. f.): cidre pressuré avec mélange d'eau, dont on fait la boisson habituelle. L.
BOISSON (s. m.): poignée ou bouchon soit de paille, soit de foin, dont on se sert pour fourbir. L.
BOISSONNER (SE): s'enivrer. BOISONNÉ: ivre.
BOISSONNIER: ivrogne d'habitude.
BOÈTE, et non pas BOUÈTE: mangeaille pour les cochons, laquelle est presque toujours plus ou moins liquide. Du verbe boire.
BOITE: ivre. Patois Rouchi. En Roman, être en boite, être ivre.
BOITON ou BOUETON: gros sabot, peu évidé, arrondi par le bout. Les bouêtons sont convenables pour garantir de la boue.
BOL (s. m.): boulette de viande hachée. L.
BOLUMÉ (s. m.): couvre-feu. Sonner le bolumé. L.
BON (DE): sérieusement, tout de bon.
BONDAS: bouchon, bondon. En roman, bondail.
BONDER: bondonner.
BONDERÉE (s. f.): femme trapue et courte comme une bonde.
BONE-BONE: Colin-Maillard, jeu où l'on se couvre les yeux, où l'on se bône.
BONER: masquer, couvrir le visage; à proprement parler, c'est couvrir les yeux. Du grec βοωψ. A.
BONIAU: sorte de machine en bois tressé, pour barrer un ruisseau; pour bôner l'iau (l'eau).
BONIER: fermer. Corruption de bôner. Vire.
BONNE (adv.): chèrement, beaucoup. Cet objet m'a coûté bonne, je l'ai payé bonne. L.
BONNE-DA: exclamation, comme bon! dame! A.
BONTIF: bonasse, débonnaire. On lisait dans l'épitaphe de l'évêque Jean Hennuyer, en 1578, ce vers alexandrin qui emploie en bonne part le qualificatif bontif appliqué à ce prélat:
BONTIVEMENT: avec simplicité.
BOQUE: coquille de noix, de noisette. De bois. Voyez BOGUE.
BOQUET, TE: bocager, non cultivé. Des pommes bôquettes. C'est à tort que MM. Du Méril écrivent bauquet. Ce mot vient de boscus, bois.
BORAN ou BAURAN: rebord de fossé, relevé en talus; crête de fossé.
BORD: ruban de fil ou de laine qui sert à border un travail de couture. Voyez LISETTE.
BORDAGE: petit domaine champêtre. Du vieux mot borde, habitation à la campagne. On lit dans le Dictionnaire de Tràvoux que bordage, en terme de coutume, «était un droit seigneurial dû sur une borde, loge ou maison baillée pour faire les vils services du seigneur.» Dans la basse latinité, boaria, borda, bordellum, etc. A.
BORDAGER: qui occupe un bordage. A.
BORDER: heurter. Voyez BOURDER.
BOS ou BOSC: bois. On lit le vers suivant dans le Dict du Cerf:
Bos appartient aussi au patois des Vosges. Nous retrouvons bos et bosc dans la dénomination de plusieurs communes.
BOS: bah! S. – I.
BOSCO: bossu.
BOSQUIER (v. a.): pousser.
BOSSELER: bossuer un vase de métal.
BOSSER: paraître volumineux, faire saillie comme une bosse, – bossuer. Voyez BOCHER.
BOTTER: en parlant de la neige qui s'attache aux pieds, comme une botte, et embarrasse la marche. C'est évidemment de ce verbe et de cet accident que vient le substantif pied-bot.
BOU: bouleau. B.
BOUJOU: bonjour! C'est par l'effet de cette tendance à changer on en ou, que nous disons mouceau pour monceau, la commune de Mouceaux pour Monceaux, couvent pour convent.
BOUAILLE: anneau, bague. De bouel, boyau (creux et rond). Bouailles se dit aussi pour entrailles. M.
BOUBANE: perruque. Bernai.
BOUBIQUE (adj.): hermaphrodite, qui est à la fois bouc et bique, mâle et femelle. A.
BOUBIQUE (s. f.): cidre fait d'un mélange de pommes et de poires. Voyez HALBI.
BOUCAN: mauvais lieu, tapage. Le boucan est un lieu dans lequel les Sauvages et les Flibustiers fumaient leurs viandes pour les dessécher et les conserver. C'est, par conséquent, un lieu sale, enfumé et bruyant.
BOUCANER: gronder sans mesure ni raison.
BOUCHAS: bondon. Du verbe boucher. A.
BOUCHILLON: pommier ou poirier sauvage. De boscus, bois. Voyez BOQUET.
BOUCLE: baie. La boucle de Port-en-Bessin. B.
BOUCLÉ: se dit en parlant du lait. Voyez BÉCLÉ. A.
BOUDE: bouderie. Faire la boude, bouder. L.
BOUDE: vessie. A.
BOUDIN: boyau, intestin. Du roman baudan; en provençal, baoudan. Du latin botulus.
BOUDOUFLÉ: boursouflé d'orgueil blessé. A.
BOUDRE: bouillir.
BOUDRE: bougre! S. – I.
BOUERQUIN: sorte de muselière que l'on met à la bouche des moutons pour les empêcher de brouter.
BOUESSON: bouchon ou poignée, soit de paille, soit de foin, dont on se sert pour frotter.
BOUESSONNER: brouiller, mettre en désordre. B.
BOUESSONNIER: brouillon. B.
BOUFFAILLER: abondance de grosse viande.
BOUFFARD: gourmand.
BOUFFE-LA-BALLE: gourmand qui, à force d'emplir sa bouche, rend ses joues bouffies comme une balle.
BOUFFER: manger avec avidité. En roman, bouffard signifie gourmand. Du grec βουφαγος. Dans notre ancien français, bouffer signifie enfler ses joues en soufflant. Ainsi notre verbe patois bouffer voudrait dire: manger à pleine bouche, de manière à ce que les joues en paraissent enflées. Au reste, bouffer pourrait bien être l'altération du verbe brifer: manger avidement.
BOUFFON: gros morceau de pain qui fournit de quoi bouffer.
BOUFFON: sorte de Lychoris dont la fleur rose, très-double, forme des touffes bouffantes.
BOUFRE: bougre.
BOUGES: culottes.
BOUGIE: vessie. Mortain.
BOUGON: morceau de bois gros et court. L.
BOUGUENETTE (s. f.): maraude, pillage. R.
BOUGUES: terrain sablonneux et mouvant sur le bord de la mer. De l'anglo-saxon bog, marais. Manche.
BOUIAS: boyaux.
BOUILLE (s. f.): boucle faite sur un nœud, soit de fil, soit de ficelle.
BOUILLON: boue liquide, l'eau qui tombe en abondance et qui fait, pour ainsi dire, bouillonner le sol.
BOUILLONNIÈRE (s. f.): ornière, passage rempli de bouillon ou boue liquide.
BOUL: poignée de verges de bouleau pour fouetter les enfants.
BOUL-BOUL: taureau. De l'anglais bull.
BOULE: tête. Perdre la boule: perdre la tête.
BOULEMENT: vertige, qui fait tourner la boule, la tête. L.
BOULER: pousser comme une boule, déprécier, maltraiter.