Une histoire d'Amour : George Sand et A. de Musset. Paul Mariéton

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       Paul Mariéton

      Une histoire d'Amour : George Sand et A. de Musset

      Documents inédits, Lettres de Musset

      Publié par Good Press, 2020

       [email protected]

      EAN 4064066088989

       P.M.

       INTRODUCTION

       UNE HISTOIRE D'AMOUR

       I

       II

       III

       IV

       V

       VI

       VIII

       IX

       Table des matières

       Table des matières

      L'extraordinaire curiosité qui tout à coup ramène l'attention sur le roman d'amour de George Sand et de Musset porte son enseignement. Les dernières écoles littéraires achèvent de fatiguer le public. La vie dans l'art reprend ses droits. Les poètes de l'idéal et de la passion, même les romantiques, même les prêcheurs d'utopies, sont soudain relus et aimés par la génération qui s'avance. Lamartine a reconquis sa royauté sur les âmes. George Sand et Musset renaîtraient-ils d'un semblable abandon? Voilà deux incontestables génies. Leur éclat s'embrumait depuis un quart de siècle; mais pour les ressusciter à la gloire, «ce soleil des morts», veillait sur les deux ombres une histoire d'amour.

      On la connaissait vaguement, cette histoire. Les deux amants avaient pris soin d'en entretenir le public dans leurs oeuvres. Encore que mystérieuse, elle constituait le plus clair de leur légende. Et en dehors même de l'art, on continuait de les aimer. Car, bien plus que pour le dernier siècle, l'énigmatique et fameux roman de Mme d'Houdetot et de Jean-Jacques (dont on ne saura rien de précis tant que la famille d'Arbouville refusera de publier les lettres de Rousseau), l'aventure d'amour de George Sand et de Musset sera le grand roman de notre siècle. La Confession et les Nuits, les contes passionnés de Lélia et le théâtre en liberté de Fantasio, ont troublé et séduit trois générations.

      On disait du poète, du poète de la jeunesse, que l'amour d'une femme avait éveillé son génie, pour le faire mourir. On savait aussi que cette maîtresse «qui voulait être belle, et ne savait pas pardonner» avait auréolé la plus glorieuse carrière, d'une vieillesse entourée de vénération. On n'osait franchement plaindre l'un ni excuser l'autre.

      Après la mort du poète, George Sand la première avait prétendu se justifier. Paul de Musset répondit pour son frère et d'autres témoins se mêlèrent de la querelle: accusation et défense parurent également suspectes. On attendait donc que le temps permît d'exhumer les papiers intimes. Après soixante-deux ans, le mystère s'est dévoilé.

      Deux articles fort documentés ont paru cet été, qui jetaient des lueurs nouvelles sur ces misères de poètes: l'un de M. le vicomte de Spoëlberch de Lovenjoul, l'érudit bibliophile belge, tout sympathique à George Sand, l'autre de M. Maurice Clouard, un fervent de Musset, ce qui semblerait nous désigner ses préférences. Mais leurs conclusions s'accordent mal avec les dernières révélations.

      Ce journal m'avait été confié il y a six ans. Je ne l'ai fait connaître qu'après avoir acquis la preuve qu'il n'était pas absolument inédit. Si Pagello est discret sur son bonheur pendant la fin du séjour de Musset, il ne dissimule pas quelle sorte d'amour lui avait offert George Sand. On n'avait jusqu'ici que de vagues données sur ce point.

      Pour éclairer ces demi-confidences, j'ai cru pouvoir, sans indélicatesse, citer aussi de longs fragments d'une lettre inédite de George Sand à Pagello, où elle ne dissimule rien de leurs relations. Cette lettre, dont j'avais pris copie sur l'autographe (ceci pour ceux qui ont semblé douter de l'authenticité de mes pièces), apportait le premier document décisif sur l'infortune de Musset avant son départ de Venise.

      Plusieurs ont jugé bon de déclarer indiscrètes ces révélations, alors que Musset et George Sand ont commencé eux-mêmes à en faire confidence au public. J'ai cru inutile pourtant de donner certains passages plus intimes de la lettre citée, qui n'eussent plus laissé de doutes sur la nature de cette liaison. Le Don Juan féminin qu'était George Sand, sans se montrer impitoyable quand il cessait d'aimer, s'obstinait néanmoins, tout dépourvu qu'il était de scrupules, à dérouter la curiosité sur la légende de ses victimes. Pourquoi refuser à Musset d'être sorti en galant homme d'un amour qui fut également fatal à tous ceux qui en ont goûté?...

      Peut-être y avait-il mauvaise grâce à s'attacher ainsi à la démonstration des torts d'une femme. Mais la vie de George Sand n'est-elle pas la raison même de son génie? Et ce génie, instinctif, abondant, romantique et déclamatoire, ne doit-il pas autant à son tempérament qu'à son atavisme et à son éducation? «Ce qu'il y a de meilleur en moi, c'est les autres», écrivait-elle (ou à peu près), à Flaubert. Et dernièrement, Mme Clésinger, justement froissée de ce soudain étalage d'intimités, qui est une des nécessités de la gloire, ne disait-elle pas à ce propos: «Pour moi, le sentiment qui a guidé ma mère et déterminé ses actes, c'est l'horreur de la solitude. Il lui fallait autour d'elle du mouvement, quelqu'un à qui parler, sur qui se reposer, et quelqu'un à protéger....»

      Nul doute que la bonté sereine dont s'enveloppa la vieillesse de cette orageuse nature,—plus belle encore dans ses orages,—ne l'absolve aux yeux du moraliste, des inquiétudes de ses jeunes années. Ses erreurs du moins relèvent aujourd'hui de l'histoire littéraire: pourquoi ne pas les constater?

      Un grand tumulte de presse accueillit ces révélations. Ce


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