Une histoire d'Amour : George Sand et A. de Musset. Paul Mariéton

Une histoire d'Amour : George Sand et A. de Musset - Paul Mariéton


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href="#ulink_40105174-c0d1-593e-9f67-e3c9f8f2b03f">8, Gustave Planche lui avait dit que l'auteur désirait le voir pour le remercier. «Nous y allâmes un jour vers midi; elle habitait depuis peu, et seule, le logement du quai Malaquais. Je vis en entrant une jeune femme aux beaux yeux, au beau front, aux cheveux noirs un peu courts, vêtue d'une sorte de robe de chambre sombre des plus simples. Elle écouta, parla peu et m'engagea à revenir. Quand je ne revenais pas assez souvent, elle avait le soin de m'écrire et de me rappeler. En peu de mois, ou même en peu de semaines, une liaison étroite d'esprit à esprit se noua entre nous. J'étais garanti alors contre tout autre genre d'attrait et de séduction par la meilleure, la plus sûre et la plus intime des défenses. Ce préservatif contre un sentiment d'amour, en présence d'une jeune femme qui excitait l'admiration, fut précisément ce qui fit la solidité et le charme de notre amitié. George Sand voulut bien me prendre à ce moment délicat de sa vie, où elle arrivait à la célébrité, pour confident, pour conseiller, presque pour confesseur9

      Dans ces lettres de George Sand à Sainte-Beuve, il y a une lacune d'un mois. La suite de la correspondance nous l'explique.

      La vérité est que cette liaison ne fut confessée à Sainte-Beuve que cinq mois après. Au ton dont George Sand la lui raconte dans ses lettres d'août et de septembre, quand elle a retrouvé l'amour avec Musset, on conçoit les raisons de femme et de psychologue qui la lui avaient fait dissimuler à son directeur. La rencontre fut brève et nette, digne de l'homme raffiné et précis qu'était Prosper Mérimée. Il paraît bien l'avoir traitée comme une aventure d'étudiants. Mais George Sand, qui était de son âge, ainsi que son égale en génie, resta froissée et plus étonnée encore de ce dédain de sa personne et de son âme. Écoutons ce ressouvenir:

      ....Un de ces jours d'ennui et de désespoir, je rencontrai un homme qui ne doutait de rien, un homme calme et fort, qui ne comprenait rien à ma nature et qui riait de mes chagrins. La puissance de son esprit me fascina entièrement; pendant huit jours je crus qu'il avait le secret du bonheur, qu'il me l'apprendrait, que sa dédaigneuse insouciance me guérirait de mes puériles susceptibilités. Je croyais qu'il avait souffert comme moi, et qu'il avait triomphé de sa sensibilité extérieure. Je ne sais pas encore si je me suis trompée, si cet homme est fort par sa grandeur ou par sa pauvreté.

      ....L'expérience manqua complètement. Je pleurai de souffrance, de dégoût et de découragement. Au lieu de trouver une affection capable de me plaindre et de me dédommager, je ne trouvai qu'une raillerie amère et frivole. Ce fut tout.

      Si Prosper Mérimée


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