Les Français en Amérique pendant la guerre de l'indépendance des États-Unis 1777-1783. Thomas Willing Balch
href="#ulink_53dc40bf-483f-59e0-be8e-72ea7380bf45">13:—De Fersen,—de Damas,—Charles de Lameth,—de Closen,—Collot,—Mathieu Dumas,—de Lauberdières,—de Vauban,—de Charìus,—les frères Berthier,—Cromot-Dubourg.
La lecture du journal dont il s'agit nous apprend que son auteur passa en Amérique sur la frégate la Concorde 14. Cette frégate portait le nouveau chef de l'escadre française, M. de Barras, le vicomte de Rochambeau 15 et M. d'Alphéran, lieutenant de vaisseau 16. Je n'ai pu trouver aucune trace de la liste des passagers de la Concorde, ni dans les archives de la Guerre, ni dans celles de la Marine, ni dans aucun des nombreux ouvrages que j'ai consultés. J'observe de plus par la lecture de ce manuscrit que son auteur était jeune, âgé de vingt-cinq à trente ans et qu'il n'avait pas encore assisté à une seule action, ni entendu de coups de feu.
Note 11: (retour) Manuscrit journal.
Note 12: (retour) Souvenirs, publiés par son fils. Paris, 1839, I, 25, 70.
Note 13: (retour) Mémoires de Rochambeau, 2 vol. Paris, 1809.
Note 14: (retour) Partis de Brest le 26 mars 1780. Mercure de France.
Note 15: (retour) Tous les mémoires s'accordent sur ces deux noms.
Note 16: (retour) Journal de Blanchard.
Ces indications me permettent d'éliminer de suite de ma liste: MM. de Fersen, de Damas, de Lameth, de Closen, Mathieu Dumas, de Lauberdières, de Vauban, Collot et de Charlus.
Ces officiers vinrent en effet en Amérique avec M. de Rochambeau sur l'escadre aux ordres de M. de Ternay. Leurs noms sont cités parmi ceux des passagers par Blanchard, dans son journal et par Mathieu Dumas.
De plus, ils avaient tous servi et avaient vu le feu pendant la guerre de Sept Ans ou en Corse 17.
Note 17: (retour) Voir les Notices biographiques.
Enfin, si quelques-uns ne rentrent pas dans l'une ou l'autre de ces catégories, ils sont cités par l'auteur du manuscrit chaque fois qu'ils se trouvent chargés de quelques fonctions relatives à leur emploi; et, comme cet auteur parle toujours à la première personne, il n'est pas possible de le confondre avec l'un d'eux.
On pourrait croire que mon anonyme est le vicomte de Rochambeau lui-même, qui avait été passager de la Concorde et auquel on donne aussi dans quelques ouvrages la qualité d'aide de camp de son père. Mais cette hypothèse doit être rejetée de suite, car le vicomte de Rochambeau avait servi en Allemagne et en Corse, et d'ailleurs le ton général du journal ne s'accorde en aucun point avec la parenté de son auteur et du général en chef. Enfin le vicomte de Rochambeau a tenu devant York, au récit de Dumas, une conduite qui n'est pas relatée dans ce manuscrit.
Il reste à examiner les noms de Berthier et de Cromot-Dubourg.
J'ai opiné quelque temps pour le premier nom. Le futur maréchal de France, ami de Napoléon, fit en effet ses premières armes en Amérique. Il n'y passa pas sur l'escadre aux ordres de M. de Ternay; et comme le nom de Cromot-Dubourg ne se trouve cité ni dans les Mémoires de Rochambeau ni dans ceux de Dumas 18, et qu'au contraire je trouve dans ces ouvrages que les frères Berthier vinrent plus tard et furent adjoints à l'état-major, j'avais cru que c'était par erreur que M. de Rochambeau ajoutait, «le 30 septembre 1780, avec M. de Choiseul.» Il y avait bien là en effet une erreur, car le 30 septembre 1780, c'est M. de Choisy et non de Choiseul qui arriva de Saint-Domingue à New-Port sur la Gentille, avec neuf autres officiers. Mais la lecture du Journal de Blanchard me convainquit de l'exactitude des faits énoncés dans les Mémoires de Rochambeau. G. de Deux-Ponts 19 reporte aussi au 30 septembre l'arrivée de la Gentille avec neuf officiers, parmi lesquels il cite M. de Choisy et M. de Thuillières, capitaine du régiment de Deux-Ponts.
Note 18: (retour) Voir Souvenirs du lieut.-gén. comte Mathieu Dumas, publiés par son fils, 3 vol. Paris, 1839.
Note 19: (retour) Mes Campagnes en Amérique, page 19.
En présence de la concordance des versions de M. de Rochambeau et de Blanchard relatives à l'arrivée des frères Berthier, par la Gentille, le 30 septembre, je n'avais plus à hésiter. L'aîné des frères ne pouvait être l'auteur du manuscrit, et le second était à peine âgé de dix-sept ans. En outre, nulle part dans ce journal, l'aide de camp dont nous cherchons le nom ne fait mention d'un frère qui l'accompagnerait.
Quant à Cromot-Dubourg, c'est le seul dont la situation réponde à toutes les conditions dans lesquelles doit être placé mon personnage. En se reportant aux notes que m'ont fournies les archives du ministère de la guerre, je trouve qu'il faisait ses premières armes et qu'il rejoignit l'armée en Amérique. Son nom ne se trouve pas cité dans le manuscrit, ce qui se comprend, si les notes originales étaient rédigées par lui-même.
Enfin Blanchard, après avoir donné la liste des aides de camp de M. de Rochambeau, sauf Collot, dont il ne parle pas du tout, mais qui n'était plus jeune et qui, au rapport de Dumas, partit dès le début, Blanchard ajoute: «M. Cromot-Dubourg, qui arriva peu de temps après nous, fut aussi aide de camp de M. de Rochambeau 20.»
RELATION DU PRINCE DE BROGLIE. Copie d'un manuscrit inédit 21.
Elle m'a été fournie par M. Bancroft, l'historien bien connu de sa patrie, ambassadeur des États-Unis à Berlin. Grâce à la bienveillance de M. Guizot, j'ai trouvé que quelques parties de cette relation avaient été imprimées 22. Néanmoins, par une comparaison attentive, j'ai pu me convaincre que les deux relations n'avaient de communs que quelques passages. Certains morceaux importants du manuscrit de M. Bancroft n'existent pas dans la relation imprimée, tandis que celle-ci contient de longs paragraphes que je ne possédais pas. En rétablissant ces omissions dans ma copie, je l'ai rendue aussi complète que possible.
Note 20: (retour) Ce manuscrit est indiqué dans le cours de cet ouvrage: M. An. (Manuscrit anonyme.)
Note 21: (retour) Voir Notices biographiques: BROGLIE.
Note 22: (retour)