Quatre mois de l'expédition de Garibaldi en Sicilie et Italie. Durand-Brager

Quatre mois de l'expédition de Garibaldi en Sicilie et Italie - Durand-Brager


Скачать книгу
tion>

       Durand-Brager

      Quatre mois de l'expédition de Garibaldi en Sicilie et Italie

      Publié par Good Press, 2020

       [email protected]

      EAN 4064066089382

       PRÉFACE

       I

       II

       III

       IV

       V

       VI

       VII

       VIII

       Table des matières

      On a beaucoup parlé de Garibaldi et de ses volontaires; les journaux ont retenti pendant quatre mois des événements qui se sont accomplis en Sicile et en Italie. Pour les uns, le célèbre Niçois est un aventurier, un écumeur de mer, un Walker de la pire espèce; ses compagnons un amas de bandits, de flibustiers, rebut de la société des quatre parties du monde. Pour les autres, l'ancien défenseur de Rome est un héros, une figure prise dans le livre de Plutarque, presque un nouveau Messie entouré d'une phalange de martyrs et de libérateurs. Mais il y a un point sur lequel tout le monde est d'accord, c'est sur l'intégrité et le désintéressement de l'ermite de Caprera.

      J'aurais pu, comme un autre, essayer une monographie de Garibaldi que j'ai connu dans la Plata, à l'époque où il commençait la vie aventureuse qui l'a mené jusqu'à la conquête d'un royaume; et aborder à ce propos les considérations historiques et politiques auxquelles on est naturellement si enclin à se laisser entraîner: j'avais aussi ma petite brochure dans la tête et ma petite solution dans la poche. Mais je me suis rappelé heureusement à temps le vers du Bonhomme, et me suis souvenu que je ne devais avoir d'autres couleurs que celles de ma palette.

      Je me suis donc résigné à écrire les faits dont j'ai été témoin, comme je les aurais dessinés, cherchant à reproduire leur côté pittoresque sans blesser personne. Peut-être ces simples esquisses recueillies à la hâte par un artiste qui depuis vingt ans a assisté, soit comme correspondant de nos premières feuilles, soit comme peintre officiel de la marine, à tous les grands événements contemporains, auront-elles leur enseignement et leur utilité. C'est tout ce que j'espère, tout ce que je désire pour ce petit livre.

      H. DURAND-BRAGER.

       Paris, janvier 1861.

       Table des matières

      Marsala est une jolie petite ville, coquettement assise sur les plages fertiles qui s'étendent de Trapani à Girgenti. Fortifiée jadis, comme presque toutes les villes de la Sicile, elle a conservé ses murs et ses remparts moyen âge; mais, débordant sa ceinture, elle a fini par s'étendre en dehors des anciens fossés. Le faubourg, qui relie la ville au port, est presque moderne. Il y a un siècle, environ, le port de Marsala était à peu près sûr, et des navires d'un fort tonnage pouvaient y venir chercher abri. L'indifférence du gouvernement l'a laissé combler presque entièrement, et des bateaux d'une centaine de tonneaux ont, de nos jours, de la peine à y mouiller. La jetée qui le ferme est elle-même dans le plus triste état, et chaque nouvelle tempête enlève une partie de ses enrochements. Il y a presque un kilomètre du port à la ville. On a construit sur les quais de vastes magasins et d'importants établissements qui appartiennent, en grande partie, aux Anglais. C'est là que se fabriquent les vins de Marsala. Une seule maison sicilienne, la maison Florio, représente le commerce italien. Sur la gauche s'élève le Monte di Trapani, couronné par son ancien château et sa vieille ville, séjour de la colonie albanaise, dont les membres ont continué de vivre entre eux et pour eux, sans jamais se mêler ou s'allier au reste de la population.

      Rien n'est gai comme l'aspect de cette petite ville lorsqu'on la découvre par une belle matinée. Une vapeur bleuâtre l'entoure du côté de la campagne et fait ressortir la couleur chaude et transparente à la fois des murailles et des tours, tandis que le soleil dore les plages de sable et resplendit sur les façades blanches et roses des maisons.

      Tel était le tableau qu'on pouvait contempler le 11 mai dernier avec les premières lueurs du jour.

      Une corvette de guerre anglaise reposait tranquillement sur ses ancres presque à l'entrée du port et en face des établissements de ses nationaux. Quelques rares habitants, se rendant à leurs affaires, commençaient à circuler sur les quais, et observaient curieusement les manoeuvres de deux ou trois vapeurs dont on apercevait au loin les fumées dans la direction de l'île de Favignano. C'était la croisière napolitaine qui surveillait la côte sud de Sicile, et qui, la veille, avait passé une partie de la journée stoppée devant Marsala.

      Quelques bateaux de pêche rentraient au port, et s'empressaient de débarquer le butin de la nuit. Certes, personne, dans la ville, ne se doutait des événements que cette journée apportait.

      Il était environ six heures lorsque deux nouveaux vapeurs parurent à perte de vue dans le sud. Ils avaient l'air de faire route sur Malte. Mais, après avoir laissé sur bâbord les croiseurs napolitains, ils mirent ostensiblement le cap sur Marsala. Il y a dans les ports de Sicile, comme dans toutes les villes maritimes de France, une population de flâneurs, de rentiers, de marins ou d'officiers en retraite, qui n'a d'autre occupation que de guetter l'arrivée de tout navire ou bateau qui se dirige vers le port. Il y a aussi partout un point du littoral qui leur sert de rendez-vous, semblable à la célèbre Pointe-des-Blagueurs de Brest. A Marsala, ce centre de conversations est situé à l'entrée du môle, et près d'une petite maison blanche qui sert de corps de garde aux douaniers. Cet emplacement n'est pas à l'abri du vent, les jours de grande brise et de tempête. Les vagues s'y égarent même quelquefois au milieu des flâneurs. Mais on se réfugie de son mieux contre la face de la maisonnette la moins exposée aux rafales et aux coups de mer, et l'on est toujours certain de trouver là à qui parler. Aussitôt qu'il fut avéré que les deux vapeurs manoeuvraient bien pour donner dans le port, on vit donc la foule se diriger vers cet endroit, et les conversations prirent leur train.

      Les deux navires grossissaient à vue d'oeil. Leurs ponts paraissaient couverts d'un nombreux équipage. Ils étaient sans pavillon, et semblaient se soucier aussi peu des vapeurs napolitains que de la corvette anglaise mouillée dans la rade. On put même bientôt distinguer des uniformes rouges montés sur les tambours des bâtiments. En ce moment, la corvette anglaise commença à faire des signaux qui demeurèrent sans réponse. Les commentaires allaient de plus belle à la Pointe-des-Blagueurs. Qu'est-ce que cela signifie? D'où viennent ces bateaux? Que veulent-ils? Les fortes têtes de l'endroit savaient peut-être qu'il était question quelque


Скачать книгу