Une Croisade au XXe siècle. Lois Dabbadie

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simultanément ailleurs, sur une ligne immense. Donc les impressions des troupiers n’ont de valeur que pour l’historien désireux d’approfondir, par l’étude psychologique de leur superbe force d’âme, les causes d’inoubliables prouesses, d’héroïques sacrifices, de miraculeuses revanches!

      En attendant que d’illustres serviteurs de la glande patrie nous révèlent mille choses secrètes, déblayons soigneusement nos fastes historiques, déjà encombrées de versions tendancieuses; dénonçons les intrigues d’une oligarchie toujours prête à mentir pour se disculper. Ainsi nous aiderons au triomphe de la vérité, nous préviendrons les machinations d’ambitieux qui, incapables d’abnégation, rêvent non point d’affranchir notre patrie du joug des sociétés secrètes, dont ils dépendent, mais de perpétuer l’incohérence, l’irréligion, les rapines, l’onanisme, le désordre social, l’amour des jouissances, l’alcoolisme, dans ce beau pays, dont l’indispensable triomphe aura été difficile par leur faute.

      Plus tard la publication des papiers de Galliéni, du comte de Mun, de lord Kitchener, du colonel Driant, de Francis Charmes, les souvenirs des généraux Joffre, Pau, Castelnau, Foch, Dubail, Maunoury, lord French, de Lanrezac, Franchet d’Esperey, de Langle de Cary, Douglas Haig, Smith-Dorrien, Ruffey, Sarrail, de Maud’huy, d’Urbal, Roques, Ian Hamilton, d’Amade, Gouraud, Bailloud, Pétain, Nivelle et d’autres fameux guerriers, ainsi que divers témoignages émanant de Poincaré, Asquith, sir Edward Grey, Lloyd George, Redmond, Barthou, Delcassé, Balfour, Ribot, lord Lansdwne, Charles Humbert, Denys Cochin, serviront à établir, sous leur véritable jour, tant de faits que Jaurès, Caillaux, Messimy, Clémenceau, Briand, Doumergue, Bien-venu-Martin, Millerand, Gauthier, Pichon, Painlevé, Raffin-Dugens, Hervé, embrouillèrent à plaisir dans le but de pêcher en eau trouble.

      Dès maintenant l’on discerne que la France, malgré tout, agit en état chrétien, par la force d’une vocation ancienne. L’armée française forme l’avant-garde indomptable des peuples qui luttent contre les hordes féroces du pangermanisme. Cette guerre ne semblait d’abord être que la défense du monde civilisé, aux prises avec les suppôts de la fausse science; Elle va se terminer eu croisade pour le triomphe des préceptes chrétiens.

      LOÏS DABBADIE.

      7 Avril 1917.

       Table des matières

      BISMARCK ET GUILLAUME II.

      La guerre franco-allemande de 1870 démontra l’impéritie monstrueuse du gouvernement de Napoléon III, et la complète organisation du bloc teuton qui avait pris corps au lendemain de Sadowa.

      Depuis cette catastrophe, le vaillant peuple français, jadis capable d’affronter le choc de plusieurs nations coalisées, subit une dure hégémonie consacrée par le traité de Francfort.

      Sous le régime de la République libérale, si bien représentée par le grand patriote Thiers, notre France ne fut point lente à reprendre quelque prestige.

      Bismark aussitôt médita une nouvelle agression; Gortschakof sut lui interdire pareille tentative de massacre .

      L’homme qui attisa des discordes civiles chez nous, et procura aux meneurs de la Commune quelques milliers de chassepots, n’allait point être à court d’expédients. Diviser une nation c’est l’affaiblir. Gambetta, Ferry, Brisson, par leur malencontreuse haine du catholicisme, avaient mis en émoi le clairvoyant Thiers; or celui-ci mourut; sauf le comte do Mun, aucun debater ne pouvait mettre en garde la France contre les sinistres dispositions de ces farouches sactaires. Bismarck leur donna l’exemple du Kultur Kampf; il fit même de discrètes politesses au vaniteux Gambetta, et volontiers l’eut entraîné dans une brutale persécution du catholicisme. Que si Gambetta craignit de se compromettre par une prompte entente avec le chancelier allemand, il émit toutefois comme signal des persécutions, dites légales, cette sentence grandiloquente; “ Le cléricalisme, c’est l’ennemi!”

      Plus tard un parti radical-socialiste, faisant sienne la formule de Rabagas, et opprimant les catholiques jusque dans l’armée française, allait fournir à l’élève de Bismarck une co-opération aveugle, ou criminelle.

      Lorsqu’il découvrit les inconvénients du Kulturkampf pour l’Allemagne, notre subtil ennemi ne persista point dans l’expérience; fort satisfait d’avoir en France des imitateurs sans discernement, à loisir il observa l’œuvre de démolition que nos verbeux politiciens poursuivaient avec un incroyable manque d’esprit civique.

      Bismarck suggéra des expéditions coloniales aux hommes d’état français, pour leur donner du souci. Prévoyant l’alliance franco-russe, il crut fourvoyer irrémédiablement la République Française dans des aventures contre l’Italie, la Chine et l’Angleterre.

      Ces expéditions nous donnèrent la Tunisie, le Tonkin, Madagascar, et plusieurs autres territoires. On y gaspilla des millions de francs, par la faute des ministres, de leurs bureaucrates. Elles furent parfois meurtrières et faillirent coûter bien plus. Néanmoins l’agrandissement du domaine colonial stimula d’heureuse façon l’énergie française, procura quelques débouchés pour notre industrie, alors que les marchandises allemandes faisaient irruption chez nous.

      Sous la présidence de Sadi Carnot, le gouvernement républicain regagna l’estime européenne, qu’il avait perdue tant soit peu, au cours du précédent septennat; l’empire des tsars soutenait d’une manière définitive la diplomatie française.

      Guillaume II signifia tout-à-coup, en mars 1890, au prince de Bismarck, son intention de diriger lui-même la politique allemande.

      Durant plusieurs années, ce nouveau souverain donna l’illusion aux naïfs qu’il était pacifique, bavard, fanfaron, malade, fantasque. En 1893 le kaiser ne commit pas l’imprudence de chercher noise aux deux peuples qui fraternisèrent à Cronstadt et à Toulon; car les ambassadeurs d’Allemagne, d’Angleterre et d’Autriche-Hougrie représentèrent au gouvernement italien, très hostile à la République Française, que des provocations seraient inopportunes. En décembre 1391, par l’organe du chancelier Caprivi, les déclarations relatives à la politique teutonne prirent un caractère de sereine bienveillance à l’égard des voisins de l’ouest comme des voisins de l’est.

      Guillaume II prépara néanmoins le triomphe du pangermanisme, rêvant de poursuivre la politique bismarckienne jusqu’aux plus extrêmes conséquences. Bismarck voulut régenter le monde, Guillaume II médite de l’asservir.

      Organisateur émérite, le Kaiser tripla méthodiquement ses forces militaires, stimula l’industrie et le commerce de son empire au moyen de cartels, institua l’ubiquiteux espionnage boche, tout en décuplant la richesse allemande. Ses banquiers juifs devinrent omnipotents aux pays voisins. Et tandis que nos parlementaires, ambitieux, sectaires, veules, jaloux, voleurs, interdisaient aux hommes d’élite l’accès aux fonctions suprêmes ou délicates, opprimaient nos généraux, sans leur laisser la moindre initiative, de crainte d’un coup d’état, l’empereur d’Allemagne choisissait avec discernement ses principaux collaborateurs.

      Les scandaleux tripotages du Panama inspirèrent à ce monarque une géniale combinaison. Assurément son rôle dans l’affaire Dreyfus est mystérieux; en tous cas il réussit, de façon machiavélique, à mettre le désarroi, dans l’état-major français d’abord, puis dans toute la nation, avec l’aide suspecte de Zola et d’autres métèques. Le parti radical-socialiste lui doit les démissions du président Casimir-Périer, des généraux Mercier, Billot, Chanoine, Zurlinden, du ministre Cavaignac, et l’avènement au pouvoir de Bris son, de Combes, d’André, de Clemenceau, de Picquart, dignes prédécesseurs de Monis et de Berteaux, de Caillaux et de Messimy, d’Augagneur et de Painlevé. En témoignage d’une gratitude profonde, sans doute, le contre-espionnage français fut aboli.

      Avec


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