Fenêtre sur le passé. Fernand Fleuret
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Fernand Fleuret
Fenêtre sur le passé
Publié par Good Press, 2021
EAN 4064066300838
Table des matières
COMMENT JOSEPH REPRIT ASSENETH D’ADORER LES IDOLES
DE LA TABLE ET DU MIEL QU’ASSENETH PLAÇA DEVANT L’ANGE, ET COMMENT L’ANGE BÉNIT ASSENETH.
DE LA BÉNÉDICTION DES SEPT CIERGES ET DU MARIAGE D’ASSENETH SELON L’HISTOIRE.
C’EST LE ROMAN DU LACS D’AMOUR
C’EST LE FILS A L’ENFANT PRODIGUE
DANS UN VIEUX FAUBOURG DE NANTES
AVERTISSEMENT
Les trois premiers Contes de ce Recueil sont des traductions ou adaptations. Dans sa jeunesse, l’auteur s’appliquait à ces travaux pour se former dans l’art de conter selon la tradition de sa langue et de son pays.
La COMTESSE DE PONTHIEU est une nouvelle en prose du XIIIe siècle, rédigée en dialecte picard; AMIS ET AMILES, une hagiographie romanesque transposée du latin en dialecte champenois du XIIIe siècle, également. Quant à l’histoire d’ASSENETH, elle est l’œuvre de juifs chrétiens, recueillie par Vincent de Beauvais dans son Speculum historiale, et traduite au XIVe siècle par Jean de Vignay, religieux hospitalier. On y voit Joseph y faire figure de Messie. comme dans l’Ancien Testament, et son épouse Asseneth celle de la Vierge avec l’Annonciation angélique.
Les Contes qui suivent sont de l’invention de l’auteur. On verra qu’il s’est plu à jouer sur différents claviers avant de se servir de l’instrument d’aujourd’hui. Il laisse aux lecteurs le soin d’en tirer une conséquence; mais il dédaigne l’insinuation de pastiche, chère aux oisons qui portent avec gravité une plume passée dans les narines, et barbottent avantageusement de toutes choses dans la basse-cour du Journalisme.
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation
réservés pour tous pays, y compris la Russie.
LA COMTESSE DE PONTHIEU
HISTOIRE D’OUTREMER
Au temps passé, il y eut un comte de Ponthieu, homme sage et bon chevalier, qui aimait fort le métier des armes et les pompes du monde.
En ce même temps vivait à Saint-Pol un autre vaillant comte, seigneur de toute la contrée, qui se désolait d’être sans hoir de sa chair. Il avait pour sœur une Dame de Dommare en Ponthieu, bonne, vertueuse, et prude femme.
Le fils de cette Dame, nommé Thibault, était héritier du fief de Saint-Pol, mais il resta pauvre tant que son oncle vécut. Cependant, toutes gens l’aimaient et l’honoraient à cause de sa haute et noble race, de sa vaillance et de sa beauté.
Le comte de Ponthieu avait pour femme une très bonne Dame, et une fille d’environ seize ans, qui grandissait en beauté et qualités. Elle perdit sa mère dans la troisième année de son âge, et elle en fut triste et dolente.
Le comte, son père, se remaria bientôt avec une femme de naissance, et, peu après, il en eut un fils qu’il se prit à chérir, et qui crût en telle valeur et bonté que les vertus multiplièrent en lui.
Le comte de Ponthieu, qui jugeait sagement, retint à sa suite Monseigneur Thibault de Dommare. Sitôt qu’il le vit, et quand il en eut apprécié les mérites, il se félicita de l’avoir en sa maison.
Un jour, au retour d’un tournoi, le comte fit demander Monseigneur Thibault, et lui dit:
–Thibault, que Dieu vous aide! quel joyau de ma terre aimeriez-vous le mieux?
–Sire, fit Monseigneur Thibault, je suis un pauvre homme, mais que Dieu m’aide! De tous les joyaux de votre terre, je n’en aimerai aucun comme Ma Demoiselle votre fille.
Le comte, à l’entendre, fut joyeux en son cœur. Il reprit:
–Thibault, je vous la donne, si toutefois elle le veut.
–Sire, fit-il, grand merci et que Dieu vous en récompense!
Lors, le comte vint à sa fille, et lui dit:
–Belle fille, je vous ai mariée, si vous ne vous y opposez.
–Sire, fit-elle, à qui?
–Par le Nom de Dieu! à un homme sage et vaillant. C’est à un mien chevalier, qui a nom Thibault de Dommare.
–Ah! Sire, si votre comté était royaume et qu’il dût me revenir tout entier, je me tiendrais bien mariée de la sorte.
–Ma fille, fit le comte, que votre corps soit béni, et l’heure que vous naquîtes!