La Flandre pendant des trois derniers siècles. Joseph Marie Bruno Constantin Baron Kervyn de Lettenhove

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       Joseph Marie Bruno Constantin Baron Kervyn de Lettenhove

      La Flandre pendant des trois derniers siècles

      Publié par Good Press, 2021

       [email protected]

      EAN 4064066079727

       CHARLES-QUINT. 1500-1555.

       PHILIPPE II. 1555-1598.

       ALBERT ET ISABELLE 1598-1621.

       PHILIPPE IV, CHARLES II, PHILIPPE V (1621-1713) .

       CHARLES VI, MARIE-THÉRÈSE. 1713-1780

       JOSEPH II, LÉOPOLD II, FRANÇOIS II. 1780-1794.

       1500-1555.

       Table des matières

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      Naissance de Charles-Quint. —Négociations entre Philippe le Beau et Louis XII. —Mort de Philippe le Beau. —Mainbournie de Maximilien. —Gouvernement de Marguerite d'Autriche. —Alliance de Maximilien et de Henri VIII. —Neutralité de la Flandre. —Bataille des Éperons. —Bayard prisonnier en Flandre. —Siége de Térouanne et de Tournay. —Lettre de Charles à Gonzalve de Cordoue. —Sa jeunesse. —Son éducation. —Son émancipation. —Avénement de François Ier. —Charles devient roi d'Espagne, puis empereur. —Situation de l'Europe. —Appréciation du caractère politique de Charles-Quint. —Le cardinal Wolsey à Bruges. —Bruges ville littéraire. Érasme, Thomas Morus, Louis Vivès, Jacques Meyer et les savants du seizième siècle. —Prise de Tournay. —Bataille de Pavie. —Traité de Madrid. —La Flandre cesse de relever de la couronne de France. —Henri VIII se sépare de Charles-Quint. —Neutralité commerciale de la Flandre. —Traité de Cambray. —Projet de former un royaume des Pays-Bas. —Guerres contre la Flandre. —La Flandre confisquée par arrêt du parlement de Paris. —Trêves. —Projet de démembrement de l'Angleterre. —Ignace de Loyola à Bruges. —Mort d'Isabelle de Danemark et de Marguerite d'Autriche. —La suette. —Situation commerciale et industrielle de la Flandre. —Accroissement des impôts. —Résistance des Gantois. —Les Luthériens. —Les Cresers. —Liévin Borluut. —Supplice de Liévin Pym. —Arrivée de Charles-Quint en Flandre. —Confiscation des priviléges de Gand. —Nouveau projet de créer un royaume des Pays-Bas. —Le duc d'Orléans. —Guerres. —Paix de Crespy. —Le comte de Bueren. —Les Pays-Bas réunis à l'Empire. —Le prince d'Espagne en Flandre. —Charles-Quint dicte ses Commentaires. —Nouvelles guerres. —Destruction de Térouanne. —Prise d'Hesdin. —Combats sur mer. —Abdication de Charles-Quint. —Son dernier séjour en Flandre.

      (24 février 1499, v. st., 1500 selon le rit romain). Naissance à Gand de Charles, fils aîné de Philippe le Beau et de Jeanne d'Arragon.

      Les chroniqueurs du temps rapportent que jamais on ne vit plus de pompe et plus de solennité à un baptême. Une galerie avait été construite jusqu'à l'église de Saint-Jean, et elle était, dit-on, éclairée par plus de dix mille flambeaux. On y remarquait douze portes, dont une plus grande que toutes les autres, nommée: la Porte de paix.

      Lorsque cet enfant arriva, porté dans les bras de Marguerite d'York, sous les voûtes de l'église de Saint-Jean, tendues de riches tapisseries de drap d'or et de velours, les nobles et les bourgeois y entrèrent avec lui, et l'éclat de leurs flambeaux répandit sur son jeune front, qu'allait arroser l'eau lustrale du baptême, une éclatante auréole, présage de renommée et de gloire: Charles de Gand avait franchi le seuil de la Porte de paix pour recevoir du sire de Berghes l'épée qui allait écrire dans les annales du monde l'histoire de sa vie.

      L'année 1500 était une année mémorable: les uns remarquaient qu'un même nombre d'années séparait Auguste de Charlemagne et Charlemagne du jeune prince qui devait porter le nom de Charles-Quint; d'autres, en saluant en lui l'aurore d'une ère nouvelle, faisaient observer que l'humanité avait franchi la première moitié de cette grande période que l'an mille avait commencée au milieu de la terreur la plus profonde et dont le terme est encore couvert de voiles épais aux yeux de notre siècle; mais rien ne reproduisait alors ces doutes et cet effroi. L'Europe était en paix; Rome appelait les chrétiens aux joies religieuses du jubilé séculaire, et une comète s'élevait dans le ciel pour éclairer, comme le disaient les courtisans et les poètes, le berceau où reposait un enfant:

      Fausto sidere cœli.

      Vers la fin de l'année 1501, Philippe le Beau et Jeanne d'Arragon firent un voyage en Espagne. Philippe revint bientôt dans les Pays-Bas: déjà commençait à se dessiner, entre les Flamands et les Espagnols, cette antipathie de caractère et de mœurs que les discordes civiles et religieuses allaient rendre si vive.

      (26 novembre 1504). Mort de la reine Isabelle, veuve de Ferdinand le Catholique. Une ambassade solennelle arriva à Bruges pour y remettre à Philippe le Beau la couronne des monarques castillans: il y eut à ce sujet de grandes fêtes auxquelles prirent part les marchands de la nation d'Espagne.

      La Flandre était en paix: quelques inquiétudes s'élevaient seulement sur les dispositions du roi de France. Louis XII était hostile à Philippe le Beau. Il s'était séparé de Jeanne de France pour épouser Anne de Bretagne, veuve de Charles VIII, et ce mariage avait réveillé de douloureux souvenirs chez le fils de Maximilien.

      En 1491, les princes de l'Empire, ceux de l'Europe entière avaient protesté contre une odieuse violation de la foi promise.

      En 1498, les rois avaient gardé le silence au triste spectacle du plus scandaleux procès de divorce, et si une voix s'était fait entendre pour le condamner, c'était celle d'un pauvre docteur en théologie, devenu, grâce à son talent et à la sainteté de ses mœurs, recteur de l'université de Paris et principal du collége de Montaigu. Jean Standonck était né à Malines, où il fonda l'une de ces pieuses écoles qui conservèrent longtemps son nom; il y avait peut-être reçu les bienfaits de Marguerite d'Autriche, sacrifiée, comme Jeanne de France, à l'ascendant de la duchesse de Bretagne: quoi qu'il en fût, il représentait, par son opposition, le sentiment public qui dominait dans les Pays-Bas.

      En 1505, des discussions relatives au droit de ressort que réclamait le parlement de Paris, firent un instant craindre des hostilités ouvertes de la part de Louis XII; mais le roi de Castille, «qui fort avoit le cœur en Espaigne et ne demandoit point la guerre en France, fut conseillé, dit Wielant, de faire faire, par son procureur général, secrètement et à part, protestations pertinentes et à perpétuelle mémoire, et icelles faites et enregistrées, manda à ses députés accorder les points et articles projetés par les gens du roy de France.» De qui venait ce conseil? Selon ce qui est le plus probable, du grand conseil de Malines, qui, pour mieux se maintenir dans sa rivalité contre le parlement de Paris, remontrait avec instance «que ces matières de ressort sont de merveilleuse importance et de si grand poids que la perte du comté de Flandres en dépend.»

      D'autres discussions s'étaient élevées relativement au droit de régale, réclamé par Louis XII dans l'évêché de Tournay. Jean de Luxembourg et Philippe Wielant, envoyés à Paris, le contestaient en invoquant le privilége accordé en 1288 par Philippe le Bel à Gui de Dampierre, dont il résultait «que nuls, soit le roy ou aultre,


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