Makossa Love. Tome 1 : La très amusante et passionnante recherche de la femme blanche, " Madame Visa ". Roman. Guy Dantse
avaient échoué. Mais même ces désillusions n'ont pas pu avoir raison de son optimisme et de ses envies. Il savait qu'un jour son tour viendrait.
Il avait des centaines d'idées pour trouver de l'argent, mais n'en menait aucune au bout. Lorsque Rita lui rétorqua, déçue, que ses nouveaux espoirs n'étaient que du vent, il lui répondait toujours : « Rita, attend, un jour, je changerai ta vie. Sois patiente. Peu importe combien de temps dure la nuit, un jour le soleil se lèvera. Le soleil brille pour chaque homme et il brillera un jour pour nous ».
Et il répéta sa déclaration depuis le début : — Je te dis que j'ai lu quelque chose d'intéressant sur internet et cela ne t'intéresse même pas.
Rita jeta un coup d'œil dans sa direction, leva les yeux au ciel puis le dévisagea des pieds jusqu’à la tête comme seules les Africaines savent le faire, puis recommença à couper ses légumes pour le repas du soir.
Johnny Walker avait l'habitude de sentir ce regard désobligeant sur lui. Il savait très bien qu'il avait déjà fait beaucoup de promesses, suscité beaucoup d'espoirs et que, jusqu'à présent, rien n'avait fonctionné. Malgré tout, il ne doutait jamais qu'un jour, son tour viendrait. C'est pourquoi, il n'était pas surpris de voir Rita réagir ainsi.
Il s'en doutait. Il essaya encore une fois : — Rita, je te le dis, le savoir et l'information, c'est ça le vrai pouvoir, ça vaut plus que l'argent. Si tu as les bonnes informations et les connaissances requises, tu peux construire New York en un jour, lui dit-il avec un air très sérieux.
Rita ricana et dit : — Eh bien ! Avant de construire New York en un jour, je te remercie de bien vouloir payer la facture d'eau. L'eau a été coupée aujourd'hui, pour une facture de 15 € et toi, toi tu es assis des heures durant devant ton putain d'internet ou alors tu te tapes cette fille, si jeune qu'elle pourrait être ta fille. Et tu as le culot de venir ici, et de me raconter comment tu vas construire New York en un jour. Tu n'as pas réussi à ramener 15 € en deux semaines, mais tu veux construire New York en un jour. Je t'en prie, c'est du n'importe quoi.
J.W. n'était pas préparé à cela. Il semblait abasourdi. Rita n'était jamais allée aussi loin.
Il se demandait comment Rita avait découvert qu'il sortait avec une très jeune fille.
Johnny Walker était contrarié et en colère. Il essaya de se contrôler pour ne pas perdre sa dignité et lui rétorqua : — Hé toi, femme, pour qui donc te prends-tu ? Qu'est-ce que tu fais au juste, ici ? Va et cherche-toi un homme qui pourra s'occuper de toi. Est-ce qu'on t'a lié ou coupé les mains, que tu ne puisses pas financer ta propre vie ? Tu as deux jambes, comme moi, mais tu restes volontiers assise à la maison, à attendre que le prince charmant arrive. Et non, ce n’est pas comme ça que ça marche. J'ai du succès, même sans argent. Ne vois-tu pas toutes ces femmes qui me courent après ? Et une petite Tutsie comme toi pense qu'elle peut rivaliser avec moi ?
Il fit comme s'il était terriblement blessé. C'est ainsi que font beaucoup d'hommes africains, lorsqu'ils se sentent honteux, pour éviter de devoir s'expliquer.
Il se retourna et partit.
Il savait cependant que Rita avait raison. Et c'était d'ailleurs la raison pour laquelle il était si énervé. Rita avait ébranlé sa conscience. Il avait tellement honte, mais il ne voulait en aucun cas le laisser transparaître. Il pensait pourtant avoir bien caché sa relation avec la jeune fille. Comment Rita l'avait-elle su ? Combien de personnes le savait ? Seul Wadjo était au courant dans son quartier. Est-ce que Wadjo l'avait trahi ? Il savait que Wadjo avait eu des vues sur Rita. Mais en Afrique, les hommes savaient garder leurs arrangements secrets.
Il pensa à la facture d'eau : « Je sais bien que c'est vraiment irresponsable de ne pas avoir payé la facture d'eau et d'avoir dépensé l'argent avec la petite », reconnut-il.
Il retourna à l'intérieur, prit la facture d'eau sans daigner regarder ou adresser la parole à Rita. La facture était là depuis deux semaines. Il avait eu l'argent pour la payer, mais Johnny Walker ne serait pas Johnny Walker s'il n'avait pas utilisé l'argent pour acheter un cadeau à sa nouvelle flamme, Nicole, une étudiante de 18 ans.
À cause de Nicole, Johnny Walker était à court d'argent depuis quatre semaines. Il gagnait de l'argent auprès de femmes mûres et mariées et dépensait tout pour Nicole.
Nicole était une fille magnifique, douce et noire comme l'ébène avec un superbe visage. Jennifer Lopez serait sûrement jalouse de son derrière : rond, mignon, soutenu par de longues jambes de mannequin. Ses seins étaient ronds, fermes et pointus avec de gros mamelons.
Johnny Walker l'avait rencontré dans un cybercafé d'un autre quartier, appelé Akwa. Elle l’avait totalement fasciné, mais elle ne l'avait même pas remarqué. Nicole, comme beaucoup de Camerounaises, était en train de tchatter sur un site de rencontre « vientetlaissetoiaimer.com » et espérait ainsi avoir la chance de rencontrer l'homme de ses rêves : Mr Visa pour l'Europe ! Elle entendait par là trouver un Européen assez âgé, ils discuteraient sur internet et apprendraient ainsi à se connaître, elle lui promettrait l'amour, l'épouserait et pourrait ainsi partir en Europe avec lui. Certains de ces hommes sont tellement insupportables, que les Camerounaises disparaissent dès qu'elles mettent leurs pieds en Europe. Beaucoup cependant, jouent le jeu jusqu'à ce qu'elles obtiennent leurs papiers puis elles les quittent du jour au lendemain.
La jeune fille plut beaucoup à Walker. Il la voulait.
Johnny Walker avait déjà une petite idée, comme toujours. Après être allé à la réception et avoir bavardé avec le caissier, il s'en alla rapidement sans être vu.
Le jour suivant, il retourna au cybercafé et le caissier lui remit un bout de papier et Johnny Walker disparut pour toujours de ce lieu.
Après sa dispute avec Rita, il erra dans le quartier, réfléchissant à comment il pourrait trouver de l'argent. Il ne pouvait même pas appeler une de ses maîtresses. Il n'avait aucun crédit de communication sur son téléphone portable. Mais il devait impérativement payer la facture d'eau. Il était primordial que la facture soit payée cet après-midi-là.
Il retourna voir Wadjo, le propriétaire du cybercafé. Après 5 minutes d’entrevue, il ressortit les mains vides. Wadjo ne voulait plus lui prêter d'argent. Il devait au moins, rembourser une part de sa dette avant de pouvoir à nouveau téléphoner ou surfer depuis le cybercafé.
Il était là, debout devant le café, sous la chaleur étouffante de Douala. Il faisait plus de 32 degrés à l'ombre. L'air était lourd et il se sentait tellement étouffé. Même sans bouger, on transpirait à grosses gouttes comme s’il pleuvait.
Soudain, tout le dérangea : cette circulation intense sous ses yeux, ce trafic sans aucune règle, la façon de conduire des automobilistes, les taxis jaunes se battant contre les motos-taxis et autres véhicules.
Il se rendit soudain compte à quel point la conduite était dangereuse à Douala. Les plus dangereux étaient les taxis-motos. Avec deux ou trois passagers sur la moto, ils coupaient la route ou essayaient de doubler les automobilistes sans avertissement, peu importe d'où ils venaient. Peu importe que cela soit possible ou non. On entendait constamment des klaxons de partout. Ils tournaient à gauche, puis à droite, sans jamais se demander si quelqu'un arrivait du même endroit. Les rues toutes cabossées rendaient la conduite digne d'une aventure en pleine jungle. Comme disait le dicton : « Je regarde devant moi et le destin veille sur mes arrières ».
Johnny Walker se demandait pourquoi il ne l'avait encore jamais remarqué. Il secoua la tête et se dit silencieusement : « De toute façon, je ne serai bientôt plus là, je serai bientôt loin de ce pays ».
Cette certitude qu'il quitterait bientôt son pays pour l'Europe - paradis de l'argent sur terre - lui redonna du courage et de la motivation.
N'ayant pas d'argent pour payer un taxi moto (15 cents), il se décida à marcher jusqu'au quartier de Bonanjo, où avec de la chance, il rencontrerait peut-être une nouvelle conquête dans un bar populaire. Cela faisait environ 5 à 8 km