Lettres de Mmes. de Villars, de Coulanges et de La Fayette, de Ninon de L'Enclos et de Mademoiselle Aïssé. de Lenclos Ninon

Lettres de Mmes. de Villars, de Coulanges et de La Fayette, de Ninon de L'Enclos et de Mademoiselle Aïssé - de Lenclos Ninon


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pourquoi ne voulez-vous pas qu'un gros trouve sa place? Adieu, madame; que je hais de m'éloigner de vous!

      Venez, mon cher confident35, que je vous dise adieu; je ne puis me consoler de ne vous avoir point vu; j'ai beau songer au chagrin que j'aurois eu de vous quitter, il n'importe; je préférerois ce chagrin à celui de ne vous avoir point fait connoître les sentimens que j'ai pour vous. Je suis ravie du talent qu'a M. de Grignan pour la friponnerie; ce talent est nécessaire pour représenter le vraisemblable. Adieu, mon cher monsieur: quand vous me promettez d'être mon confident, je me repens de n'être pas digne d'accepter une pareille offre; mais venez vous faire refuser à Paris. Adieu, mon amie; adieu, madame la comtesse; adieu, M. de Corbinelli; je sens le plaisir de ne vous point quitter en m'éloignant, mais je sens bien vivement le chagrin d'être assurée de ne trouver aucun de vous où je vais.

      Je ne veux point oublier de vous dire que je suis si aise de l'abbaye que le roi a donnée à M. le coadjuteur, qu'il me semble qu'il y a de l'incivilité à ne m'en point faire de compliment.

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      LETTRE IV

Paris, 26 décembre 1672.

      Le siége de Charleroi est enfin levé36; je ne vous demande aucun détail de ce qui s'y est passé, sachant que mademoiselle de Méri en envoie une relation à madame de Grignan. On ignore jusqu'à présent quelle route le roi prendra; les uns disent qu'il retournera tout droit à Saint-Germain; les autres qu'il ira en Flandre; nous serons bientôt éclaircis de sa marche. Sans vanité, je sais des nouvelles à l'arrivée des courriers; c'est chez M. le Tellier37 qu'ils descendent, et j'y passe mes journées; il est malade, et il paroît que je l'amuse; cela me suffit pour m'obliger à une grande assiduité. Je ne comprends point par quelle aventure vous n'avez pas reçu la lettre de M. de Coulanges, dans laquelle je vous écrivois; c'est une médiocre perte pour vous; j'ai cependant la confiance de croire que vous regrettez cette lettre, parce que je vous aime, ma très-belle, et que vous m'avez toujours paru reconnoissante. J'ai été à la messe de minuit; j'ai mangé du petit salé au retour; en un mot, j'ai un assez bon corps cette année pour être digne du vôtre. J'ai fait des visites avec madame de la Fayette, et je me trouve si bien d'elle, que je crois qu'elle s'accommode de moi. Nous avons encore ici madame de Richelieu; j'y soupe ce soir avec madame du Fresnoi; il y a grande presse de cette dernière à la cour, il ne se fait rien de considérable dans l'état, où elle n'ait part. Pour madame Scarron, c'est une chose étonnante que sa vie: aucun mortel, sans exception, n'a commerce avec elle; j'ai reçu une de ses lettres; mais je me garde bien de m'en vanter, de peur des questions infinies que cela attire. Le rendez-vous du beau monde est les soirs chez la maréchale d'Estrées; Manicamp et ses deux sœurs sont assurément bonne compagnie; madame de Senneterre s'y trouve quelquefois, mais toujours sous la figure d'Andromaque. On est ennuyé de sa douleur: pour elle, je comprends qu'elle s'en accommode mieux que de son mari; cette raison devroit pourtant lui faire oublier qu'elle est affligée. Je la crois de bonne foi; ainsi je la plains. Les gendarmes Dauphin sont dans l'armée de M. le Prince; il faut espérer qu'on les mettra bientôt en quartier d'hiver, et qu'ils auront un moment pour donner ordre à leurs affaires; je connois des gens qui en sont accablés. Adieu, ma très-aimable; je vais me préparer pour la grande occasion de ce soir: il faut être bien modeste pour se coiffer quand on soupe avec madame du Fresnoi. Permettez-moi de faire mille complimens à madame de Grignan; je voudrois bien que ce fussent des amitiés, mais vous ne voulez pas.

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      1

      Voyez le numéro du journal des Débats du 3 messidor an XIII.

      2

      Depuis plusieurs années, on a réuni aux Lettres de madame de Sévigné celles de mesdames de Coulanges et de la Fayette. Cette partie de notre collection fera un double emploi peu considérable pour ceux qui ont des éditions récentes de madame de Sévigné; et ceux qui n'ont que des éditions antérieures, seront sans doute bien aises de pouvoir les compléter au moyen de notre recueil.

      3

      Caractères de La Bruyère, chap. Ier. des Ouvrages de l'Esprit.

      4

      Abrégé Chronologique de l'Histoire de France, tom. 3, p. 846.

      5

      Lettre de madame de Sévigné à madame de Grignan, du 8 octobre 1679.

      6

      Cette phrase est une preuve que toutes les Lettres de madame de Villars à madame de Coulanges n'ont pas été conservées; elle ne se trouve dans aucune de celles qui nous restent.

      7

      Lettre de madame de Sévigné à madame de Grignan, du 28 février 1680.

      8

      Littéralement, prendre le soleil.

      9

      Gouverneur du Milanais, conseiller d'état, président du conseil des ordres et grand écuyer de la reine.

      10

      Père de la princesse d'Harcourt.

      11

      C'est une espèce de panier.

      12

      Coussin.

      13

      La marquise del Carpio, femme du marquis de Liche, alors ambassadeur à Rome.

      14

      Apparitions.

      15

      Les ambassadrices d'Allemagne et de Danemarck.

      16

      Fille de madame de Sévigné.

      17

      Donner ou faire place.

      18

      François, duc de la Rochefoucauld, prince de Marsillac, etc. auteur des Maximes et des Mémoires, etc. mort le 17 mars 1680. Il a eu cinq garçons et trois filles.

      19

      Les


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<p>35</p>

A M. de Corbinelli.

<p>36</p>

Le prince d'Orange fut obligé de lever le siége de Charleroi le 22 décembre 1672.

<p>37</p>

Madame de Coulanges étoit nièce de la femme de M. le Tellier, depuis chancelier de France.