Le barbier de Séville; ou, la précaution inutile. Pierre Augustin Caron de Beaumarchais

Le barbier de Séville; ou, la précaution inutile - Pierre Augustin Caron de Beaumarchais


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type="note">22, Organiste, Maître à chanter de Rosine; chapeau noir rabattu, soutanelle et long manteau, sans fraise ni manchettes.

      LA JEUNESSE, vieux Domestique de Bartholo.

      L'ÉVEILLÉ, autre Valet de Bartholo, garçon niais et endormi. Tous deux habillés en Galiciens; tous les cheveux dans la queue; gilet couleur de chamois; large ceinture de peau avec une boucle; culotte bleue et veste de même, dont les manches, ouvertes aux épaules pour le passage des bras, sont pendantes par derriere.

      UN NOTAIRE.

      UN ALCADE, Homme de Justice, avec une longue baguette blanche à la main.

      PLUSIEURS ALGOUAZILS et VALETS avec des flambeaux.

      La Scène est à Séville23, dans la rue et sous les fenêtres de Rosine, au premier Acte, et le reste de la Pièce, dans la Maison du Docteur Bartholo.

      On trouve chez le même Libraire la Musique du Barbier de Séville gravée in-fol. Prix 3 liv. 12 s.24

      ACTE PREMIER

Le Théâtre représente une rue de Séville, où toutes les croisées sont grilléesSCENE PREMIERELE COMTE, seul, en grand manteau brun et chapeau rabattu. Il tire sa montre en se promenant

      Le jour est moins avancé que je ne croyois. L'heure à laquelle elle a coutume de se montrer derrière sa jalousie est encore éloignée. N'importe; il vaut mieux arriver trop-tôt que de manquer l'instant de la voir. Si quelque aimable de la Cour pouvoit me deviner à cent lieues de Madrid, arrêté tous les matins sous les fenêtres d'une femme à qui je n'ai jamais parlé, il me prendroit pour un Espagnol du tems d'Isabelle25. – Pourquoi non? Chacun court après le bonheur. Il est pour moi dans le cœur de Rosine. – Mais quoi! suivre une femme à Séville, quand Madrid et la Cour offrent de toutes parts des plaisirs si faciles? – Et c'est cela même que je fuis. Je suis las des conquêtes que l'intérêt, la convenance ou la vanité nous présentent sans cesse. Il est si doux d'être aimé pour soi-même; et si je pouvois m'assurer, sous ce déguisement… Au diable l'importun.

SCENE IIFIGARO, LE COMTE, caché

      FIGARO, une guitare sur le dos attachée en bandoulière avec un large ruban; il chantonne gaiement26, un papier et un crayon à la main.

      Bannissons le chagrin,

      Il nous consume:

      Sans le feu du bon vin,

      Qui nous rallume,

      Réduit à languir,

      L'homme, sans plaisir,

      Vivroit comme un sot,

      Et mourroit bientôt.

      Jusques-là27, ceci ne va pas mal, ein, ein.

      Et mourroit bientôt.

      Le vin et la paresse

      Se disputent mon cœur…

      Eh non! ils ne se le disputent pas, ils y regnent paisiblement ensemble…

Se partagent … mon cœur

      Dit-on se partagent?.. Eh! mon Dieu! nos faiseurs d'Opéras Comiques n'y regardent pas de si près. Aujourd'hui, ce qui ne vaut pas la peine d'être dit, on le chante.

(Il chante.)

      Le vin et la paresse

      Se partagent mon cœur.

      Je voudrois finir par quelque chose de beau, de brillant28, de scintillant, qui eût l'air d'une pensée.

      (Il met un genou en terre, et écrit en chantant.)

      Se partage mon cœur.

      Si l'une a ma tendresse…

      L'autre fait mon bonheur.

      Fi donc! c'est plat. Ce n'est pas ça… Il me faut une opposition, une antithèse:

      Si l'une … est ma maîtresse,

      L'autre…

      Eh, parbleu, j'y suis!..

L'autre est mon serviteur

      Fort bien, Figaro!.. (Il écrit en chantant.)

      Le vin et la paresse

      Se partagent mon cœur;

      Si l'une est ma maîtresse,

      L'autre est mon serviteur.

      L'autre est mon serviteur.

      L'autre est mon serviteur.

      Hen, hen, quand il y aura des accompagnemens29 là-dessous, nous verrons encore, Messieurs de la cabale, si je ne sais ce que je dis. (Il apperçoit le Comte.) J'ai vu cet Abbé-là quelque part. (Il se relève.)

LE COMTE, à part

      Cet homme ne m'est pas inconnu.

FIGARO

      Eh non, ce n'est pas un Abbé! Cet air altier et noble…

LE COMTE

      Cette tournure grotesque…

FIGARO

      Je ne me trompe point, c'est le Comte Almaviva.

LE COMTE

      Je crois que c'est ce coquin de Figaro.

FIGARO

      C'est lui-même, Monseigneur.

LE COMTE

      Maraud! si tu dis un mot…

FIGARO

      Oui, je vous reconnois; voilà les bontés familieres dont vous m'avez toujours honoré.

LE COMTE

      Je ne te reconnoissois pas, moi. Te voilà si gros et si gras…

FIGARO

      Que voulez-vous, Monseigneur! c'est la misère.

LE COMTE

      Pauvre petit! Mais que fais-tu à Séville? Je t'avois autrefois recommandé dans les Bureaux pour un emploi.

FIGARO

      Je l'ai obtenu, Monseigneur, et ma reconnoissance…

LE COMTE

      Appelle-moi Lindor. Ne vois-tu pas30, à mon déguisement, que je veux être inconnu?

FIGARO

      Je me retire.

LE COMTE

      Au contraire. J'attends ici quelque chose; et deux hommes qui jasent sont moins suspects qu'un seul qui se promene. Ayons l'air de jaser. Eh bien, cet emploi?

FIGARO31

      Le Ministre, ayant égard à la recommandation de votre Excellence, me fit nommer sur le champ Garçon Apothicaire.

LE COMTE

      Dans les hôpitaux de l'Armée?

FIGARO

      Non; dans les haras d'Andalousie32.

LE COMTE, riant

      Beau début!

FIGARO

      Le poste n'étoit pas mauvais; parce qu'ayant le district des pansemens et des drogues, je vendois souvent aux hommes de bonnes médecines de cheval…

LE COMTE

      Qui tuoient les sujets du Roi!

FIGARO

      Ah, ah, il n'y a point de remede universel: mais qui n'ont pas laissé de guérir quelquefois33 des Galiciens, des Catalans, des Auvergnats.

LE COMTE

      Pourquoi donc l'as-tu quitté?

FIGARO

      Quitté? C'est bien lui-même; on m'a desservi auprès des Puissances.

L'envie
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<p>23</p>

Capitale de l'Andalousie, dit le manuscrit.

<p>24</p>

Cette petite partition est de nos jours difficile à trouver. La Bibliothèque du Conservatoire de musique en possède un exemplaire, en assez mauvais état, et que nous avons eu sous les yeux. C'est une partition grand in-4º arrangée pour orchestre avec l'indication des jeux de scène, des paroles et des voix. On lit sur la première page cette note manuscrite: On croit que cette musique est de Beaumarchais, et au verso, de la même main: Cette musique est de M. de Beaumarchais. La musique du Barbier n'accompagnant pas, comme dans les Deux Amis, la pièce imprimée, et n'offrant d'ailleurs, à cause de sa médiocrité, aucun véritable intérêt, nous avons jugé inutile de la reproduire.

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Variante 1.

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Variante 2.

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Variante 3.

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Variante 4.

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Variante 5.

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Variante 6.

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Variante 7.

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Variante 8.

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Variante 9.