La Fille Aux Arcs-En-Ciel Interdits. Rosette

La Fille Aux Arcs-En-Ciel Interdits - Rosette


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fis un petit tour dans la cuisine, avant de monter à l’étage supérieur. Je n’avais pas envie de diner, et il était mon devoir de renseigner la gentille Madame Mc Millian. Elle m’adressa un sourire radieux, et elle indiqua une casserole sur le feu. “Je suis en train de préparer une soupe. Je sais qu’il est chaud, toutefois on ne peut pas nous nourrir de salades jusqu’à Septembre ”.

      Le remord me prit au col. Je changeai lâchement ma réponse, quand elle était déjà en train de pousser pour me sortir de la bouche. “J’adore la soupe, chaud ou non chaud”.

      Avant qu’elle commençât à jacasser je lui racontai de Kyle, en laissant de côté les détails les plus sinistres.

      “Il semblait vraiment bouleversé pour le divorce” considérai-je en m’asseyant à la table.

      Elle hoca avec la tête, en continuant à remuer la soupe. “C’était un rapport destiné à finir. Sa femme s’est installée à Edimbourg il y a quelques mois, et la rumeur dit qu’elle ait déjà un autre homme. Vous savez comme elles sont les mauvaises langues... Il n’est pas un petit saint, toutefois il est attaché à ces lieux et il ne se sentait pas de quitter le village”.

      Je me versai un verre d’eau de la carafe. “C’est pour cette raison qu’il ne se décide pas à s’en aller?”

      La gouvernante servit la soupe dans les assiettes, et en un rien de temps je commençai à manger affamée. J’avais plus faim que ce que je pensais.

      “Kyle ne s’arrête pas de dire qu’il en a assez de ce lieu, de la maison, de Monsieur Mc Laine, toutefois il se garde bien de s’en aller. Qui d’autre l’embaucherait?”

      Je la regardai au-dessus de l’assiette, curieuse. “Il n’est pas un infirmier diplômé?”

      Madame Mc Millian coupa en deux un petit pain, scrupuleusement. “Il l’est, bien sûr, toutefois il est médiocre et fainéant. Sans doute on ne peut pas dire qui se tue au travail. Et de souvent son haleine sent d’alcool. Je ne veux pas dire qu’il est un ivrogne, toutefois...” Sa voix laissait filtrer désapprobation.

      “J’aime cette maison” dis-je, sans réfléchir.

      La femme était surprise. “Vraiment, Mademoiselle Bruno?”

      Je baissai les yeux sur l’assiette, les joues enflammées. “Je me sent chez moi ici” expliquai-je. Et elle comprit que j’étais en train de dire la vérité. Malgré les changements d’humeur de mon fascinant écrivain, j’étais à l’aise entre ces murs, loin des souffrances de mon passé écrasant.

      Madame Mc Millian reprit à jacasser, et soulagée je finis mon plat. Mon esprit courait sur les voies déviées et irrégulières, et la destination était toujours, inéluctablement, Sébastian Mc Laine. J’étais déchirée entre le besoin irrépressible de le rêver encore, et le désir de me débarrasser de toutes les illusions.

      Kyle apparut dans la cuisine quelques minutes après, plus sinistre que jamais. “Je déteste cordialement Mc Laine” commença-t-il.

      La gouvernante s’interrompit à moitié d’une phrase pour le reprocher. “Il est honteux, parler à tort et à travers ainsi de celui qui te nourrit”.

      “Il est mieux de mourir de faim que s’occuper de lui ” il fut la réplique énervée de l’autre. La rancœur dans sa voix me fit frémir. Il n’était pas un serveur dévot, cela je l’avais déjà deviné, mais sa haine était presque palpitante.

      Kyle ouvrit le frigo et sortit deux canettes de bière. “Bonne nuit chères mesdames. Je vais dans ma chambre à fêter le divorce”. Un tic nerveux lui faisait trembler le coin droit de l’œil.

      Moi et la gouvernante nous regardâmes en silence, jusqu’à ce qu’il fût sorti.

      “Il a été vraiment indélicat à parler ainsi du pauvre Monsieur Mc Laine” furent ses premiers mots. Donc elle me regarda renfrognée. “Vous pensez qu’il veuille se suicider?”

      Je ris, avant de réussir à me contrôler. “Il ne me semble pas ” je la tranquillisai.

      “C’est vrai. Il est trop superficiel pour nourrir des sentiments profonds pour qui que ce soit” dit-elle avec dégout. La préoccupation pour Kyle éventa comme rosée au soleil, et passa à lister les avantages, à son avis, de vivre à la campagne, plutôt que dans la ville.

      Je l’aidai à faire la vaisselle, et nous nous retirâmes. Moi au premier étage, elle dans une chambre peu loin de la cuisine, au rez de chaussé.

      Je me retournai sans cesse pendant longtemps avant de m’endormir, donc je tombai dans un sommeil agité. Au matin j’avais les joues dures pour les larmes nocturnes que je ne me rappelai pas d’avoir versé.

      Je ne rêvai pas Sébastian celle nuit.

      Le jour après était mardi, et Mc Laine était déjà plissé de bonne heure.

      “Aujourd’hui, ponctuel comme un exacteur des taxes, Mc Intosh viendra” dit-il sombre. “je ne réussis pas à le persuader de ne pas se présenter. Je les ai essayées toutes. Des menaces aux suppliques. Il semble qu’il est imperméable à toute ma tentative. Il est pire qu’un vautour”.

      “Peut-être qu’il veut seulement s’assurer que vous êtes bien” observai-je, tant pour dire quelque chose.

      Il colla son regard au mien, donc il éclata en un grand rire. “Mélisande Bruno, tu es un personnage... Le cher Mc Intosh vient puisqu’il le considère son devoir, non puisqu’il épreuve un attachement particulier à mon égard”.

      “Devoir? Je ne comprends pas... A mon avis, son seul but est celui de faire une visite. Il doit avoir aussi des intérêts” dis-je têtue.

      Mc Laine fit une grimace. “Ma chérie... Tu ne seras si ingénue à croire que tout est comme il apparait? Ce n’est pas tout blanc ou noir, il existe même le gris, tant pour en dire une”.

      Je ne répondis pas, qu’est-ce que je pouvais lui dire? Qu’il était arrivé à la vérité sur moi? Que pour moi n’existe rien d’autre que le blanc et le noir, au point d’en avoir la nausée.

      “Mc Intosh a des remords concernant l’accident, et il pense d’expier en venant me visiter régulièrement, même si cela ne me plait pas” ajouta-t-il malicieusement.

      “Remords?” répétai-je. “Dans quel sens?”

      Un éclair illumina la fenêtre à ses épaules, et ensuite il y eut le tonnerre, retentissant. Il ne se tourna pas, comme s’il ne fût pas capable de détacher ses yeux des miens.

      “S’annonce un déluge torrentiel. Peut-être que cela détournera Mc Intosh du venir ici aujourd’hui”.

      “J’en doute. C’est seulement un orage estival. Une heure et il sera tout fini” dis-je toute pratique.

      Il me regardait avec une telle intensité à me provoquer des frissons subtils le long de ma colonne vertébrale. C’était un homme bizarre, mais si charismatique à effacer tout autre défaut.

      “Voulez-vous que je mette en ordre les étagères restantes?” demandai-je nerveuse, en échappant la fixité de son regard.

      “Vous avez bien dormi cette nuit, Mélisande?”

      La question me pris de surprise. Le ton était léger, mais il sous entendit une pressante urgence qui me poussa à la sincérité.

      “Pas beaucoup”.

      “Pas de rêves?” Sa voix était légère et limpide comme l’eau du torrent calme, et je me fis transporter par ce courant rafraichissant.

      “Non, cette nuit non”.

      “Voulais-tu rêver?”

      “Oui” répondis-je avec élan. Notre dialogue était surréel, et pourtant


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