La Fille Aux Arcs-En-Ciel Interdits. Rosette
purement académique, Mélisande. Tu penses que si tu étais vraiment amoureuse de quelqu’un… Tu lui cédries tes jambes, ou ton esprit?” Son expression était indéchiffrable.
“Vous le feriez, monsieur?”
A ce moment, il rit. Un rire qui évoqua dans la chambre, inattendu et fraiche comme le vent de printemps.
“Je le ferais, Mélisande. Peut-être parce que j’ai aimé, et je sais ce que ça fait ”. Il me donna un regard de travers, comme s’il s’attendais quelque question de ma part, mais je ne lui en posai pas. Je ne savais pas quoi dire. Il pouvait parler de vins ou d’astronomie, le résultat aurait été identique. Je n’étais pas capable de parler d’amour, parce que, justement, je n’avais pas l’idée de ce qu’il était.
“Approche le fauteuil roulant” dit-il enfin, en ton de commande.
Heureuse d’accomplir une tâche à laquelle j’étais préparée, j’obéit. Ses bras se tendirent dans l’effort, et il glissa avec une grande habilité sur son outil de torture. Si tant détesté quant nécessaire et précieux.
“Je comprends comme vous vous sentez” dis-je d’impulsion, apitoyée.
Il leva ses yeux pour me regarder. Une veine lui battait sur la tempe droite, emballé par mon commentaire.
“Vous n’avez pas l’idée de comment je me sens” dit-il lapidaire. “Je suis divers. Divers, tu comprends?”
“Je le suis de ma naissance, monsieur. Je peux comprendre, croyez-moi” je me défendis, avec une voix faible.
Il chercha de croiser mon regard, mais je me refusai.
On frappait à la porte, et j’accueillis avec soulagement l’arrivé de Kyle, l’expression vide.
“Avez-vous besoin de moi, Monsieur Mc Laine?”
L’écrivain ait une explosion de colère. “Mais où étais-tu passé, fainéant?”
Il y avait un éclair de révolte dans les yeux de l’infirmier qui au contraire ne fit pas de commentaires.
“Attendez-moi dans mon bureau, Mademoiselle Bruno” m’ordonna Mc Laine, la voix encore tremblante par la violence réprimée.
En sortant je ne regardai pas derrière moi.
Chapitre quatrième
Ils passèrent plusieurs jours avant de retrouver cet alchimie initiale, et successivement perdue, avec le propriétaire de Midgnight Rose.
J’évitais Kyle comme la peste, pour ne réveiller en lui le moindre espoir. Ses yeux pleins de cupidité cherchaient toujours de capturer les miens, toutes les fois où on se rencontrait. Toutefois je le gardais à distance raisonnable, en espérant qu’elle était suffisante à le dissuader de tenter nouvelles approches non désirées.
En revanche je commençai à apprécier la compagnie de Madame Mc Millian. Elle était une femme brillante, pas du tout ragots, comme je l’avais erronément jugée du premier coup. Elle était loyale jusqu’aux os vers Mc Laine, et cette qualité nous approcha beaucoup. Je faisais mes devoirs avec diligence passionnée, heureuse de pouvoir transférer, au moins en partie, le poids des épaules de lui aux miennes. Nos chamailleries me manquaient, et mon cœur menaça d’exploser quand elles recommencèrent.
Inattendues, comment elles avaient commencé.
“Malédiction!”
Je soulevai brusquement la tête, baissée sur quelques documents que j’étais en train de ranger. Il avait les yeux fermés, et une expression tellement vulnérable sur son visage de garçon qui m’adoucit.
“Ça va bien?”
Son coup d’œil fut tellement glacial, et il me dérangea qu’il aurait réouvert les yeux.
“C’est mon éditeur” expliqua-t-il, en agitant un papier. C’était une lettre arrivée avec la poste du matin que je n’avais pas remarqué. C’était moi à diviser la correspondance, et je me regrettai de ne l’avoir donné avant. Peut-être qu’il était en colère avec moi pour avoir omis une missive importante. Ses mots successifs toutefois expliquèrent l’arcane.
“Je voudrais que cette lettre se fût perdue sur le chemin” dit-il dégouté. “Il prétend qu’on lui envoie le reste du manuscrit ”.
Mon silence semblait augmenter sa colère. “Et je n’ai pas d’autres chapitres à lui envoyer”.
“Ça fait des jours que je la vois écrire” hasardai perplexe.
“Ça fait des jours que j’écris des choses dégoutantes, dignes seulement de finir où elles sont finies ” précisa-t-il, en indiquant la cheminée.
J’avais remarqué que le feu avait été allumé le jour avant, et je m’en étais émerveillée, en considérant les températures décidément estivales, mais je n’avais pas demandé d’explications.
“Essayez de parler à votre éditeur. Voulez-vous que je lui donne un coup de fil?” proposai-je rapide. “Je suis sûre qu’il comprendra...”
Il m’interrompit, en agitant brusquement la main, comme s’il voudrait chasser une mouche moleste. «Qu’est-ce qu’il comprendra? Que je suis en crise créative? Que je suis en train de vivre le classique bloc de l’écrivain?” Son sourire moqueur fit palpiter mon cœur, comme s’il l’aurait caressé.
Il jeta la lettre sur le bureau. “Le livre n’avance pas. Pour la première fois dans ma carrière il me semble de n’avoir rien d’autre à écrire, d’avoir épuisé mon inspiration”.
“Alors faites quelque chose d’autre” dis-je impulsivement.
Il me regarda comme si j’étais folle. “Pardon?”
“Concédez-vous une pause, juste pour comprendre qu’est-ce qu’il est en train de se passer” expliquai-je frénétiquement.
“En faisant quoi? Un peu de jogging? Une course en voiture? Ou un match de tennis?” Le sarcasme dans sa voix était si mordant à me déchirer. Il me sembla presque de sentir la chaleur collante du sang jaillissant des blessures.
“Ils n’existent seulement d’hobby physiques” dis-je, en baissant la tête. “Vous pourriez peut-être écouter un peu de musique. Ou lire”.
Voilà, maintenant il m’aurait liquidé dans un clin d’œil, comme celle qui avait suggéré le pire tas de bêtises dans l’histoire. Au contraire ses yeux étaient attentifs, concentrés sur moi.
“Musique. Ce n’est pas une mauvaise idée. Tant je n’ai rien de mieux à faire, non?” Il m’indiqua un tourne-disque, sur l’étagère plus haute. “Prenez-le, s’il vous plait”.
Je montai sur la chaise et je le pris, en admirant dans le même temps les détails. “il est merveilleux. Original, n’est-ce pas?”
Il hoca sa tête, tandis que je le posais sur le bureau. “J’ai toujours été passionné de vieilleries, même si cela est moderne du temps passé. Vous trouveriez les disques en vinyle dans la boîte rouge”.
Je m’arrêtai devant l’étagère, Les bras inertes long du corps. Il y avait deux boîtes sombres, avec dimensions similaires sur la même étagère sur laquelle il était avant le tourne-disque. Je me passai la langue sur les lèvres déshydratées, la gueule sèche.
Il m’appela un peu impatient. “Dépêchez-vous, Mademoiselle