Inhumain. Ecrivain Anonyme
alors que ses doigts tentent de recouvrir les miens.
Sa peau contre la mienne me déstabilise quelques secondes. Personne ne m'a jamais touché comme une sorte de caresse.
Sa paume est lisse et tendre, et cela attire mon attention suffisamment longtemps pour que je relâche l'emprise que j'ai sur elle.
Elle m'en remercie d'un souffle plus prononcé. Ses doigts essaient de décrocher les miens de sa gorge et c'est à ce moment-là que je reviens à la réalité. Mes pupilles se dirigent à nouveau vers les siennes.
- Pas vouloir argent.
- Dis-moi ce que tu veux et je te le donne, Oliver.
Je plisse les yeux parce que c'est la première fois depuis bien longtemps que j'entends mon nom quitter les lèvres de quelqu'un d'autre que moi. Ça sonne bien à travers sa bouche. Ça ne ressemble pas à une insulte.
- Je veux que tu disparaisses, affirmé-je sèchement.
- Ça, je ne peux pas te le donner, mais je te promets que tu ne me verras plus jamais si tu t'en vas ailleurs.
Elle m'énerve et ma patience a des limites.
- Pas avoir de « ailleurs », râlé-je.
- Okay, dit-elle en essayant d'échapper à ma main qui est toujours autour de son cou. Je peux te trouver un hébergement pour quelques mois, le temps que tu te réinsères et que tu te trouves un nouveau chez toi, propose-t-elle.
Je lâche sa gorge et recule de quelques pas. Pourquoi veut-elle que je parte ? Je suis chez moi ici.
- Pas vouloir partir !
Elle avance dans ma direction avec sérénité et calme. Rien ne montre que je la répugne alors que moi j'éprouve toutes sortes de haine envers son espèce.
- Je peux t'offrir bien plus que ce que tu as là. Un lit, de la bonne nourriture, un toit… Qu'est-ce que tu en penses, Oliver ?
Elle a recommencé. Elle a dit mon nom. Encore. Ça me donne un goût amer dans la bouche.
- Tu mens. Pas confiance.
Je la dépasse et tente de la fuir, à nouveau.
- Je te le promets.
Je m'arrête net, parce que ces mots démontrent toute la cruauté de l'espèce humaine. Cela représente tout ce que l'Homme ne sera jamais : fiable et loyale.
Je me retourne avec dégoût et fureur. Je n'aime pas la regarder ; je n'aime pas voir son visage soigné, ses vêtements chics et sa langue trop pendue.
- Je ne t'aime pas, craché-je avec conviction.
Voilà une phrase que je n'écorche pas, que je connais par cœur et qui ne me demande aucune réflexion sur quels mots je dois employer.
Un de ses sourcils se lève. Elle ne comprend pas ce que ma phrase fait là, je le sais, mais, pour moi, elle a du sens.
- Il n'est pas question de sentiment, il s'agit là de négociation.
- Je ne t'aime pas, veux pas te faire confiance ! je répète encore, avec hargne.
- Si ça peut te rassurer, je ne t'aime pas non plus. Je veux pouvoir vendre ma came tranquille, okay ?
Elle s'énerve.
- Came ? demandé-je, sans comprendre.
Mais de quoi elle parle ? Qu'est-ce que c'est ?
- M'en fiche, dis-je finalement.
- Je t'offre un chèque de 10 000 euros pour que tu t'en ailles.
Elle m'achète ? C'est ça qu'elle fait ?
Le pire, c'est que ça me fait réfléchir parce que je n'ai jamais été en possession d'une telle somme et que ça pourrait complètement changer ma vie.
Je pourrais toujours être un marginal, seul, sans humain, même avec cet argent.
- Pourquoi toi faire ça ?
- Parce que je suis riche, que je m'ennuie et que j'ai un tout nouveau business à faire tourner, rajoute-elle en haussant les épaules.
- Comment moi savoir toi pas mentir ?
- Je suis peut-être une droguée, une rebelle et une fille ingrate, mais je suis tout sauf une menteuse. Je tiens toujours parole.
Elle a ce quelque chose dans le regard qui m'empêche de détourner les yeux, et je ne sais pas pourquoi, ni comment elle fait, mais j'ai étrangement envie de la croire.
CITATION :
Tu ne peux offrir aux autres ce que tu n'arrives même pas à acquérir. Pour aimer l'autre, il faut d'abord s'aimer soi-même. Tu ne peux pas sincèrement aimer quelqu'un si tu ne t'aimes pas avec la même sincérité.
CHAPITRE 3
Miséricorde - Rose
Je ne sais pas quoi dire ou quoi faire pour qu'il me croie. Je ne mentais pas en disant que j'étais quelqu'un qui tient parole.
Je remarque alors, à nouveau, que ses cheveux lui tombent sans cesse devant le visage et je m'interroge sur le nombre d'années qui le sépare de la civilisation. Il ne parle pas très bien et hésite chaque fois qu'il veut émettre une pensée à voix haute, mais j'arrive à le comprendre. C'est déjà pas mal.
- Je ne sais pas quoi faire pour que tu me croies, soupiré-je finalement.
- Moi, te crois, dit-il et un immense sourire se forme sur mon visage.
Je ne sais pas ce qui lui a fait changer d'avis, mais je suis soudainement fière de moi parce qu'il semble être vraiment têtu.
- Tu peux me suivre alors, rétorqué-je alors que je me tourne pour quitter cette forêt.
Alors que je pense qu'il est en train de suivre mes pas, je remarque, peu après, que ce n'est pas du tout le cas. Au contraire, il marche, mais dans l'autre sens.
- Hé ! Qu'est-ce que tu fais ?
Il ne s'arrête pas, il poursuit seulement sa route.
- Putain de merde, tu commences vraiment à me saouler ! Je te propose une énorme somme d'argent pour quitter ce stupide bois rempli d'insectes et de vermines, et toi, tu restes là, à te balader à poil !
Je hurle presque, j'en ai conscience, mais cet homme est en train de me taper sur le système et je ne suis franchement pas d'humeur.
J'ai vraiment besoin de ma dose, ça devient urgent.
- Ici, ma maison. Toi, pas chez toi. Laisse-moi.
Il ne se retourne même pas en s'exprimant et mon esprit s'échauffe. Je crois que je vais le tuer. Sans rire.
- Je n'en ai pas fini avec toi, Oliver ! je crie une dernière fois, mais je ne sais pas s'il m'a entendu parce que je ne le vois plus.
Il se déplace à une vitesse telle que, en quelques secondes, il a complètement disparu de mon champ de vision.
~
Le lendemain, lorsque j'arrive au campus, je passe une main sur ma robe afin d'en lisser les plis, tentant de cacher le bleue qui apparaît sur le haut de ma cuisse. Elle