Inhumain. Ecrivain Anonyme
bien envie de lui signaler qu'il pollue la planète, mais je ne suis pas certaine que ce soit le bon moment pour parler de ça.
Ses mains viennent agripper mes hanches avec force et un gémissement quitte ma bouche. Et je ne sais pas trop si c'est parce qu'il me fait mal ou si c'est parce que je me sens bien. Tout se mélange dans ma tête ; je ne suis plus maîtresse de mon corps. Je réagis par mécanisme, par habitude.
J'accroche ses épaules et remonte doucement jusqu'à son cou. Je le sens vibrer contre moi tandis qu'une de ses mains remontent au niveau de ma poitrine. J'arrête de l'embrasser pour le laisser caresser de ses lèvres la peau de mon cou. Je ferme les yeux et me contente de suivre le mouvement, ouvrant parfois la bouche pour soupirer.
Tout à coup, des picotements surgissent sur mon visage et ce sentiment me fait ouvrir les paupières.
Oliver est là.
Il me regarde. Enfin, nous regarde. Je suis la seule à le voir, puisqu'Aaron est trop occupé à suçoter la chair de mon cou. Sa tête est penchée et ses sourcils sont froncés, comme s'il se demandait à quel genre de spectacle il était en train d'assister. Sans prévenir, sa langue glisse sur ses lèvres. Ce mouvement, aussi bénin qu'il puisse paraître, fait monter en moi une petite vague de chaleur. Douce et chaleureuse, elle vient s'immiscer à l'intérieur de mes pores et provoque un gémissement de ma part. Je me laisse alors emporter par ce ressenti et ferme à nouveau les yeux.
Lorsque je les rouvre, il n'est plus là. Oliver est parti.
CITATION :
Aujourd'hui, j'ai rêvé,
D'un ciel ombragé
Où les couleurs se mélangeaient
Et où la peur me saisissait.
Ces nuages tâchant ma vision
M'ont fait prendre conscience
De mes illusions
Et de mon inconscience.
Le chant des oiseaux avait disparu,
Et la Terre
N'était plus que poussière.
Même le vent n'existait plus !
J'ai fixé le soleil avec curiosité,
Me demandant ce qu'il avait de particulier,
Et son ton orangé m'a fait me questionner
Sur la véracité de cette image semblant être imaginée.
J'étais perdu(e) dans ma contemplation,
Cherchant en vain une solution
A un problème qui n'existait pas,
Mais qui semblait être là.
Perdu(e), j'aspirais à de grandes choses
Dont je ne maitrisais pas tous les aspects,
Mais ce climat morose
Me paralysait, me tétanisait, m'apeurait.
Je ne savais plus où j'étais, où aller.
Je me sentais comme abandonné(e) à mon triste sort,
Comme sans emprise sur mon propre corps,
Solitaire, rejeté(e), inanimé(e)… Sacrifié(e).
CHAPITRE 4
Avant toi - Oliver
2 jours plus tard...
La nature a toujours été une source d'inspiration pour moi. Elle ne juge pas, ne se braque pas, ne cherche pas à vous nuire. Elle n'est même pas compliquée. Du moins, elle n'essaie pas de l'être. C'est nous qui cherchons la complication. La nature vous accepte tel que vous êtes, sans artifice et avec vos défauts. Elle ne fait pas la différence entre le bon et le mauvais, et vous laisse vous épanouir dans son environnement sans vous demander quoi que ce soit en retour, hormis votre respect.
Elle n'est pas comme l'Homme. Lui, il n'est indulgent avec personne. Il ne vous épargne pas, au contraire, il vous torture. Il est sans cesse dans la demande, la possession, la concurrence et la perversion.
Je suis peut-être un monstre, mais je ne torture personne. Je n'impose pas ma présence et ne revendique pas ma place dans la société.
Je ne prétends pas être meilleur que l'Homme - oh, ça non ! - mais je ne suis pas comme lui. Nous sommes différents.
Je me souviendrais toujours de la première fois que je suis arrivé ici. J'avais peur, j'avais froid ; je tremblais comme une feuille en attendant que quelqu'un veuille assez de moi pour venir me chercher. Je n'avais nulle part où aller et je me sentais si seul que je me suis juste assis pour laisser le temps s'écouler. La nuit avait des yeux qui m'oppressaient et des oreilles qui me rendaient fous. Elle me parlait tout près, d'une toute petite voix qui disait une vérité qui me hantera pour toujours : « Personne ne viendra te chercher. Personne ne t'aime. Tu es un monstre, une bête de foire, alors pourquoi voudrait-on de toi ? ».
Je reviens à la réalité lorsque j'entends les pas d'un animal roder près de moi.
Tout mon corps se redresse, à l'affût du moindre bruit. Je m'accroupis au sol avant de tourner la tête vers la droite aussi brusquement que l'écho de la marche du cerf que je vise. Le gibier est en train de manger sans se préoccuper de ce qui l'entoure.
Grossière erreur.
Je me rapproche doucement, à pas de loup. Il me tourne le dos et je trouve ça tellement naïf que j'aurais presque envie de lui rire au nez.
D'un coup, sans prévenir, sans un bruit, je me jette sur ma proie. Je ne lui laisse pas le temps de me voir venir ou bien de m'échapper, et lui saute à la gorge.
Ses os craquent et il ne me faut pas attendre longtemps avant que sa respiration ne s'affaiblisse et que ses muscles se détendent sous mon emprise. Je savoure ce moment de puissance ; ce moment de silence qui semble durer une éternité. C'est calme, reposant, et même si je sais que c'est mal de prendre une vie, c'est instinctif chez moi.
Je suis inhumain ; je suis un monstre.
~
J'ai longtemps réfléchi à la proposition de la fille aux cheveux rouges. Je n'ai pas vraiment envie de marchander avec elle parce que je ne lui fais pas confiance, mais je ne peux m'empêcher d'imaginer comment serait ma vie si je quittais enfin ces bois. Je suis seul dans ce cocon depuis tellement de temps que je me souviens à peine de la dernière fois où j'ai vu un visage humain, où j'ai pu sentir ses empreintes sur moi.
Je suis assis à la frontière de la forêt, sur un petit rocher et j'ai une imprenable vue sur cette espèce de château. Je sais qu'il s'agit plus d'une villa ou, à la limite, d'une immense maison, mais je trouve que c'est plus drôle de voir cette bâtisse comme un château. C'est stupide parce que tout indique que ce bâtiment est moderne et chic.
Ça change de mon environnement quotidien, ça, c'est clair !
Il y a beaucoup de fenêtres et j'aime penser que ça doit être agréable de se lever pour observer la rosée du matin à travers un angle de vie différent. L'humidité qui se dépose sur les fleurs, sans que nous ne soyons en contact direct avec elle ; une absence de vent qui nous tient en haleine jusqu'à la prochaine brise claquant contre la vitre, le temps qui s'arrête un instant à l'intérieur tandis que la nature s'anime toujours à l'extérieur.
Je suis en train de dérailler. Complètement. Car ce n'est pas la vie que l'on m'a