Inhumain. Ecrivain Anonyme

Inhumain - Ecrivain Anonyme


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là où j'imagine qu'elle doit être. Je ne vois pas où est le problème.

      - Toi, tu es mal à l'aise avec les gens et moi je le suis face à ta nudité, explique-t-elle en mordant sa lèvre inférieure. En fait, non, ça ne me gêne pas ; c'est juste que… ça me perturbe, alors met ça.

      Je soupire, ferme les yeux, puis les rouvre en colère. Je n'aime pas que l'on me dise quoi faire, mais quelque chose dans son regard me dit qu'elle ne voit pas ça comme une punition à m'infliger, mais seulement comme une demande sincère. C'est ce qui me convainc d'attraper les vêtements qu'elle me tend. Mon attention se porte directement sur la chemise blanche que j'ai dans les mains. Elle me fait étrangement penser à la couleur de peau de cette fille.

      - Maintenant ?

      Elle me sourit et roule des yeux.

      - Bah non, demain !

      - Oh…

      - Mais oui maintenant !

      Je pose les affaires sur une sorte de chaise un peu longue et m'attèle à ma tâche.

      J'enfile un caleçon blanc, suivi d'un jean noir et cette fameuse chemise qui me sert affreusement les bras et les épaules, mais je ne m'en plains pas. Le tissu qui frotte contre ma peau est étonnant. Ça crée une friction dérangeante et agréable à la fois, comme si je l'aimais et la détestais en même temps.

      Elle observe chacun de mes mouvements et, pas le moins du monde gêné, je soutiens son regard tout le long. C'est étrange car elle semble à la fois si innocente dans son petit corps et si hargneuse dans son regard. Je ne sais pas qui elle est ou quelle est sa façon de vivre, mais je sais que le feu qui illumine ses pupilles est aussi violent qu'un incendie, aussi vif que la couleur de ses cheveux.

      - Voilà qui est mieux, tu ne trouves pas ?

      Elle a un air condescendant sur le visage, mais je crois que ce rictus ne la quitte jamais vraiment.

      - Peut-être.

      - Tiens, prend ça aussi, dit-elle en me tendant le livre qu'elle lisait sur le lit flottant.

      Non, le « matelas gonflable », comme elle dit.

      Je fixe le bouquin pendant quelques secondes, ne comprenant pas pourquoi elle me fait ce cadeau, en plus des vêtements.

      - Pourquoi ?

      Elle hausse les épaules, comme si son geste était un acte normal.

      - Pour que tu le lises, s'explique-t-elle en se rapprochant encore, jusqu'à ce que le livre touche mon ventre. C'est un « roman de fille » comme dirait Aaron, mais ça te fera passer le temps. En plus, je l'ai déjà lu un million de fois, alors je peux m'en séparer quelque temps.

      Mes yeux tombent sur l'ouvrage qu'elle me tend et j'aperçois une couverture sobre avec une femme semblant se trouver dans les nuages et laissant s'en aller un oiseau, le libérant enfin. J'ai du mal à lire le titre, comme une habitude lointaine, perdue, mais je parviens à le déchiffrer au bout de quelques longues secondes.

      « Avant toi ». C'est le nom du roman.

      - Merci, Flocon, la remercié-je et, sans vraiment réfléchir, je prends le livre et m'éloigne avant de m'attarder sur nos doigts qui se sont malencontreusement frôlés.

      Je n'aime vraiment pas le contact humain.

      CITATION :

      La mère étant l'amour et le père la sûreté, les rôles qui ne sont pas tenus provoquent un réel bouleversement chez l'enfant. Une vraie avalanche.

      CHAPITRE 5

      Relations - Rose

      1 semaine plus tard...

      Aujourd'hui, on est samedi. Enfin, samedi soir, pour être exact. Aaron est à mes côtés, il remet son caleçon avant de se diriger vers la porte-fenêtre de ma chambre qui mène à un balcon. J'enfile un peignoir en soie blanc par-dessus des sous-vêtements en dentelle noire, puis m'avance vers mon copain. Il me tend le pétard qu'il s'est préparé et je tire quelques taffes avant de le lui rendre.

      Il fait nuit noire, seules les étoiles et la Lune éclairent le paysage. La forêt paraît encore plus sombre à cette heure-ci, mais je me sens apaisée. Malgré la campagne et la richesse apparente des lieux, je sais que le système de sécurité de mon père est suffisamment sûr pour que je ne me fasse aucun souci.

      La drogue met quelque temps avant de faire effet. Plus le temps passe, moins ça fonctionne. Peut-être faudrait-il que je prenne une drogue plus forte ? Que je me fasse piquer ?

      - Je vais y aller, dit soudainement Aaron, brisant le silence de la nuit.

      - Ouais, je vais te faire sortir.

      Je le vois finir de s'habiller et, quand il a fini, je suis la première à partir, sans regarder derrière moi pour savoir s'il me suit ou non. Une fois arrivés à l'entrée, je désactive l'alarme et ouvre la porte.

      - C'était sympa, chuchoté-je en guise d'au revoir, comme je le fais chaque fois qu'il passe faire son affaire ici.

      - Comme toujours, répond-t-il avec habitude.

      Ses mains glissent autour de ma taille et il se penche pour m'embrasser. Nos lèvres ont à peine le temps de se toucher que la lumière s'allume et la voix de ma mère se fait entendre à des kilomètres à la ronde.

      - Je peux savoir ce que cet empoté fait chez moi ?

      Elle a les poings contre les hanches et le visage fermé. De toute façon, elle a tout le temps cette expression, qui la suit comme son ombre. Mais malgré cela, c'est une belle femme. En la voyant dans des magazines, Aaron s'amuse parfois à me dire qu'il ne serait pas contre un plan à trois avec ma mère, et même s'il en rit, je sais que, au fond, il ne dirait pas non.

      - Bonsoir, madame Wills. Comment vous allez ?

      Parfois, je me demande ce qu'il a dans le crâne. Il l'a sûrement dans les muscles !

      - Mère.

      Je suis froide, hostile, mais je ne peux faire autrement lorsqu'il s'agit d'elle, ou de mon père.

      - Répond à ma question ! Qu'est-ce qu'il fait là ? demande-t-elle, ignorant totalement la présence de mon petit-ami.

      - Il était passé me voir. Tu sais, il y a des gens qui trouvent ma compagnie agréable. Alors je sais que ça doit te faire bizarre, mais je t'assure que c'est possible.

      - Tu me parles autrement, jeune fille ! Je te rappelle que tu vis sous mon toit.

      - Le toit de papa, tu veux dire, non ?

      Pendant quelques instants, je pense avoir gagné ; elle ne peut rien ajouter à cela parce qu'elle sait que j'ai raison. Papa est le seul propriétaire de cette villa et de toutes les autres, d'ailleurs. Etant un riche héritier princier en plus d'être avocat, il a plus d'argent qu'il n'en dépensera jamais. Mais ma mère trouve toujours à redire pour avoir le dernier mot, et je devrais le savoir mieux que personne.

      - Ton père et moi ne faisons qu'un, et tous ses biens sont également les miens, donc je te prierais d'avoir un peu plus de respect envers ta mère.

      - Vous ne faites qu'un ? hurlé-je. Alors où est père ? Pourquoi n'est-il pas là pour faire front avec toi ? Tu crois encore qu'il est en voyage d'affaires ?

      Je sens que je tremble de toute part, la colère montant sans que je ne


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