Inhumain. Ecrivain Anonyme
que je le suive, un soir, pour me tuer ?
Non, Rose. Rationnalise, merde !
Pourquoi te tuerait-il ? Oh non ! Il va me violer et ensuite me tuer. C'est peut-être un psychopathe. Au fond, je n'en sais rien, je ne le connais pas.
Soudain, une envie de pleurer me tiraille l'esprit, mais je décide de ne pas me laisser dominer par ma peur. Je vaux mieux que ça.
C'est à ce moment-là qu'un grognement se fait entendre. Mais il ne s'agit pas du tonnerre. Je n'ose même pas me retourner pour regarder. Je ferme les yeux un instant, comme si, en les rouvrant, j'allais me réveiller d'un affreux cauchemar. Je ne suis pas trempée jusqu'aux os, ni perdue au beau milieu d'une forêt déserte avec une bête prête à me réduire en charpie.
Je finis par me retourner, mais je ne vois que deux yeux fluorescents me fixer et, lorsqu'un éclair vient faire briller le ciel, c'est un loup blanc qui me fait face. Il me montre les crocs et ne semble vraiment pas apprécier ma présence. Il grogne à nouveau et je recule d'un pas, doucement. Qu'est-ce qu'un loup fait ici ?
Ma respiration est effrénée, je ne la contrôle plus, elle fait bouger ma cage thoracique à une vitesse folle. Je ne peux même pas crier tellement la peur me terrasse.
Le loup avance vers moi et je ne fais que reculer. Il va me sauter dessus, c'est sûr !
- Ice !
Une voix forte et sèche se fait entendre derrière moi. L'animal s'arrête net, il ne bouge plus d'un iota. Il finit même par s'assoir, la gueule refermée. Il me fixe toujours comme si j'allais être son repas du soir, mais il s'est instantanément calmé.
Lorsque je pivote vers la voix, c'est Oliver que j'aperçois entre deux éclairs. Mon Dieu, je n'ai jamais été aussi heureuse de le voir que maintenant.
- Je savais, tu me suivais, dit-il, puis il se met à ricaner. Je voulais savoir comment ça allait se passer avec Ice. Visiblement, t'as pas trop aimé la surprise.
Il est sérieux là ?
- Tu te fous de ma gueule ? Un orage menace ma tête, un loup veut me dévorer vivante, tout ça en pleine nuit et dans une forêt abandonnée, et toi, tout ce que t'as trouvé à faire, c'est de te marrer ? Mais c'est quoi ton problème, merde ?
Je m'avance vers lui et le pousse. Il ne bouge pas, évidemment, mais ça ne m'empêche pas de vouloir réessayer.
- J'ai eu la peur de ma vie, n'as-tu aucun cœur ?
Alors que je tente une seconde fois de l'atteindre, il me choppe les mains et me tire violemment vers lui. L'entaille encore présente dans ma paume me déclenche une vive douleur.
Son visage se retrouve à quelques centimètres du mien et son corps, seulement couvert du jean que je lui avais donné, est plaqué contre moi. Il baisse la tête vers moi et ses yeux prennent une teinte profondément clairs lorsqu'un éclair déchire le paysage.
- Ne porte jamais la main sur moi, Flocon. Jamais.
Dans ses yeux, une lueur de combativité y réside ; il n'hésiterait pas à me rendre chacun de mes coups. Mais, à la manière dont ses doigts ne se resserrent pas davantage autour de mes mains, je sens que, au fond, il n'a pas envie de me les rendre.
- Ne me fais plus jamais peur, Sauvage. Jamais.
Il fronce les sourcils à l'entente de ma supplique, ainsi que de ce surnom qui lui va mieux que n'importe quel autre. Malgré la pluie qui ruissèle sur son corps, le long de ses cheveux et sur sa bouche, il reste fort. Quand on le regarde, il semble si… invincible, rien ne semble pouvoir l'atteindre, et c'est ce que je vois aussi dans ses yeux : une rage de vaincre.
- Je ne suis pas ton ennemi, chuchotai-je dans un souffle.
Ces mots ont l'effet d'une véritable douche froide sur lui. Il se baisse davantage afin que nos yeux soient à la même hauteur.
- Tu te trompes. Tu es ce que je hais le plus au monde.
Je décide de laisser ma peur de côté et d'attraper ses longs cheveux pour le menacer, comme il le fait avec moi.
- Alors pourquoi c'est moi qui me fait agresser ?
Malgré ma remarque, il ne me lâche pas pour autant et ne dévie pas une seule seconde son regard de mes yeux, même lorsque son loup se met à grogner, comme pour dire qu'il faut que je lâche son maître.
- Humains, ils détruisent tout. Ils n'ont pas de cœur, pas d'âme. Je les déteste. Ils n'ont rien à m'apporter.
Je fronce les sourcils, comment peut-il avoir une aussi piètre estime des Hommes ? Je sais qu'il y a beaucoup de mauvais dans notre société - oh ça, oui ! - mais nous ne pouvons pas dire ça de tout le monde.
- Qu'as-tu vécu pour penser ça ?
- L'enfer.
- Je ne suis pas cet enfer, je suis Rose. Ne me jette pas la pierre, Sauvage, je ne suis pas responsable de ton passé.
Mes mains quittent ses cheveux pour venir se placer sur son torse. Il recule d'un bond, lâchant mes mains.
- Ne me touche pas.
- Oliver, soupirai-je.
- Ne me touche pas, répète-t-il.
Lorsque je tente de m'approcher, son loup vient s'interposer entre son maître et moi. Il me montre à nouveau les dents et je fais tout pour que mon cœur ne s'emballe pas à nouveau.
- N'approche pas, il va te tuer, me prévient Oliver.
- Tu ne le laisseras pas faire ça, j'en suis sûre.
- Je ne l'arrêterai pas.
- Moi, je crois que si, dis-je en faisant un pas.
Ce que je fais est complètement fou et je ne sais même pas pourquoi je le fais. Peut-être que les effets de la drogue de ce matin ne se sont toujours pas dissipés ?
J'ai juste envie de comprendre. Non, j'ai besoin de comprendre. Oliver a été démoli par la vie et il se retrouve là, seul, dans les bois. Pourquoi ? Quelle est son histoire ? J'ai ce besoin de connaître la vérité.
Foutue curiosité.
- Flocon, crache-t-il sévèrement pour m'empêcher de continuer ma route.
Mais si la vie m'a appris une chose, c'est qu'il faut placer un pas devant l'autre pour obtenir ce que l'on veut. Et c'est ce que je fais. J'avance.
Le loup, à seulement deux mètres de moi, s'active et se met à courir dans ma direction.
CITATION :
Tremble sous l'orage aujourd'hui, mais souviens-toi que demain tu courras sous la pluie, te délectant de ce sentiment de puissance à travers le tonnerre et de cette liberté qui s'étend plus haut encore que les nuages.
Конец ознакомительного фрагмента.
Текст предоставлен ООО «ЛитРес».
Прочитайте эту книгу целиком, купив полную легальную версию на ЛитРес.
Безопасно