Inhumain. Ecrivain Anonyme

Inhumain - Ecrivain Anonyme


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      ~

      - Mon dieu ! hurle-t-elle, la main sur le cœur. Tu m'as fait peur.

      Le soleil est couché depuis un bon moment et je suis assis, les pieds dans le point d'eau devant la maison de Flocon, depuis tout aussi longtemps. J'ai même fait l'effort de m'habiller avec les vêtements qu'elle m'a donné pour ne pas la brusquer. Les humains font tellement d'affaires avec ce genre de tradition, alors qu'il n'y a rien de mieux que d'être libre dans ses mouvements et de pouvoir sentir l'air caresser nos membres.

      - Il faut absolument que tu bouges de là ! Mon père rentre ce soir de son voyage d'affaires et ma mère ne va pas tarder à arriver non plus. Il ne faut pas qu'ils te voient là, dit-elle précipitamment, un sac pendant à l'une de ses épaules.

      Je me lève, m'approche doucement d'elle et lui tend le livre qu'elle m'a prêté en veillant, cette fois, à n'établir aucun contact physique entre nous.

      - J'accepte.

      Elle me prend le livre des mains avant de me regarder dans les yeux. Elle fronce les sourcils, comme si elle ne comprenait pas vraiment ce qui se passait.

      - L'argent, m'expliqué-je.

      - Oh… D'accord.

      Un petit sourire vient naître au coin de ses lèvres et je sais pourquoi. Elle se dit qu'elle a gagné, qu'elle a eu ce qu'elle voulait.

      - Me fais pas regretter, Flocon.

      Ma voix se veut ferme et distante afin de bien me faire comprendre. Je n'aimerais pas lui faire du mal, mais je ne veux pas être pris pour un con non plus. Hors de question, c'est fini ça !

      Elle ouvre la bouche pour me répondre, mais elle se fait couper par le vacarme d'une voiture.

      - C'est mon père. Suis-moi, murmure-t-elle en choppant mon bras.

      Elle se met à courir vers la porte d'entrée et je la suis sans résister. N'ai-je pas pris ma décision ?

      Devant la porte, il y a un genre de boitier avec des chiffres et elle compose rapidement un numéro, puis m'attire dans la maison. Il fait noir et je ne vois pas grand-chose. Je me sens aveugle et totalement en terrain inconnu. Je n'ai d'autre choix que de lui faire confiance pour ne pas trébucher, et ça me fait royalement chier. En plus, je ne voulais plus avoir de contact physique avec elle ou n'importe quel autre humain, mais sa main est dans la mienne pour me guider à travers la maison, et je suis obligé de prendre une grande inspiration pour ne pas la repousser.

      On monte des escaliers, juste éclairés par la lumière naturelle du Soleil qui nous quitte, passant à travers une fenêtre. Je manque par trois fois de tomber à la renverse. Elle me fait entrer dans une chambre que j'imagine être la sienne puisque des tonnes de vêtements jonchent le sol et que le lit est complètement en vrac.

      Elle ne range jamais ? On m'aurait tué pour un désordre pareil !

      Elle se dirige alors vers son balcon, ouvre la porte-fenêtre et me fait sortir de la chambre.

      - Reste-là et, s'il te plait, ne fais aucun bruit, me chuchote-t-elle, mais avant qu'elle ne referme la porte sur moi, je la rattrape par le bras.

      - M'enferme pas.

      Encore une fois, elle fronce les sourcils.

      - Je ne compte pas t'enfermer. Pourquoi je…

      - Rose ! se fait-elle couper par une voix profondément masculine.

      Rose… ça me revient ! Flocon s'appelle Rose.

      - Reste-là, insiste-t-elle une dernière fois, mais je ne la lâche pas.

      - Suis capable de sauter, Rose, dis-je en soulignant volontairement son prénom pour qu'elle me prenne au sérieux.

      - Je reviendrai te chercher.

      - Rose !

      La voix insiste et elle se tend à mesure qu'elle se rapproche.

      - J'ai déjà entendu ça.

      Je ne peux pas m'en empêcher, j'ai la boule au ventre à l'idée qu'elle ne tienne pas parole et qu'elle me laisse là. Même si je pourrais m'échapper, je ne supporte pas l'idée qu'elle puisse me mentir, essayer de me duper, de me tromper.

      - Je reviendrai, promit-elle avant de refermer la porte-fenêtre et de tirer les rideaux. Ils sont étrangement opaques et la petite lumière qu'elle vient d'allumer ne me permet pas de voir à l'intérieur. Je vois à peine quelques formes, mais ça reste très flou.

      - Rose, putain !

      L'homme hurle à s'égosiller la voix et je me rappelle que son père ne doit pas me voir. Je décide alors de m'accroupir dans un angle du balcon où je suis certain qu'il ne me verra pas. J'ai passé toute ma vie à essayer de ne pas me faire remarquer, alors je suis passé maître dans l'art de me camoufler.

      - Je suis là, dans ma chambre.

      Je l'entends crier en retour pour lui signaler sa présence. Sa voix est inconfortable, quelque chose ne va pas.

      Une porte s'ouvre à la volée et un silence pesant s'installe. Joe m'a expliqué comment, dans une famille dite « normale », les parents se comportent avec leurs enfants. Je m'attends alors à ce qu'il la prenne dans ses bras, et c'est ce qu'il est probablement en train de faire durant ce long silence.

      - Un de tes profs m'a appelé dans la semaine, et tu veux savoir ce qu'il m'a dit ?

      L'homme emploie un ton dur, intransigeant et je me demande s'il la vraiment prise dans ses bras quelques secondes plus tôt.

      Flocon reste silencieuse, ce que je trouve bizarre puisqu'elle semble être le genre de personne à avoir toujours quelque chose à dire.

      - Tu n'as toujours pas la moyenne.

      Il ne crie pas, mais je sens son agressivité jusqu'ici.

      - Les études de droit sont difficiles, tu le sais mieux que personne, finit-elle par répondre.

      - On est avocats de père en fils depuis des années, donc ne me fais pas ce coup-là, Rose.

      - Je ne fais aucun coup ! J'essaie juste de te faire comprendre que je n'y arrive pas.

      Sa voix commence à être tremblante et je ne sais pas si cela vient d'une colère refoulée ou de sa peine à exprimer ses faiblesses devant son père.

      - Tu te fous de ma gueule ? Tu passes ton temps à fumer et à te la couler douce avec ton imbécile de copain. Si tu passais moins de temps à te frotter à lui comme une putain en chaleur et plus avec tes bouquins, nous n'en serions pas là. Ta mère m'a dit qu'il était venu sous mon toit et je n'aime pas ça.

      - J'essaie, mais le droit, ce n'est pas mon truc. Ça a toujours été le tien, et tu le sais.

      - Arrête ! Tu feras du droit et ça ne sera pas autrement ; tu n'as pas ton mot à dire. C'est important pour que tu prennes la suite de ma société. Je ne la laisserai pas finir entre les mains d'une autre famille d'avocats plus fourbes les uns que les autres.

      - La plupart des avocats sont fourbes.

      - Ça veut dire quoi ça ? Tu traites ton père de malhonnête ? Mais quand est-ce que tu vas arrêter de me prendre pour un con ?

      - Tu n'as pas besoin de moi pour être con, répond-elle finalement avec colère.

      Quelque


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