Le pacte des vierges. Jessa James
Il aurait dû émaner un sentiment de sécurité même, mais rien dans la manière dont il me regardait ne me semblait « sécuritaire ».
Parfois, je m’imaginais qu’il me regardait, que son regard traçait la courbe de ma jambe ou s’attardait sur mes lèvres. Je rêvais qu’il me voulait, qu’il se masturbait dans la douche en pensant à me prendre sur son bureau. Je rêvais qu’il ne pouvait pas se contrôler en pensant à moi, que j’étais tellement belle, tellement parfaite qu’il ne pourrait pas dire non.
Aucune imagination n’était nécessaire de ma part. Je ne pourrais pas dire non.
M. Parker avait neuf ans de plus que moi – oui, je l’avais espionné sur internet – et un homme de cet âge avait des années d’expérience dont je ne pouvais que rêver. C’était une manière très simple de m’attirer des problèmes, mais je n’allais pas me défiler. Je le voulais lui, et si je devais être punie pour ça, ça m’allait très bien, tant que M. Parker s’occupait de cette punition.
Anne écrivait quelque chose sur un bout de papier pendant que les autres travaillaient sur un test ou s’échangeaient des mots à voix basse sur ce qu’elles feraient de l’été. Je m’en fichais totalement.
Pourquoi je m’y intéresserais, quand la seule chose que je voulais était juste devant moi ?
Je me retournai lorsqu’un autre morceau de papier m’atterrit sur le crâne. Anne agita ses sourcils de haut en bas à mon intention. Je réalisai que j’avais de nouveau laissé mon imagination courir. J’aurais dû m’en douter. Coucher avec M. Parker, ça n’arriverait jamais dans la vraie vie. Je le voyais tous les jours en cours et il n’avait jamais voulu se rapprocher de moi. J’étais son élève, et j’étais trop jeune. Oui, j’avais dix-huit ans, mais même…
Cette situation était désespérée. Un homme comme lui voudrait une femme, pas une fille. Il voudrait une femme expérimentée, qui avait connu le monde et qui n’aurait pas l’air d’un chiot abandonné avec une laisse autour du cou. J’essayai d’écarter cette idée de mes pensées. Ça m’attristait, parce que je ne pourrais pas avoir l’allure ni l’expérience nécessaire à moins de baiser quelqu’un d’autre, et c’était le seul homme que je désirais.
J’essayai de mon mieux de ne plus y penser et lissai le papier qu’Anne m’avait envoyé.
« Tu déshabilles notre prof du regard. Ne nie pas. »
« Tais-toi » écrivis-je rapidement avant de lui repasser le mot. Elle me le renvoya quelques secondes plus tard.
« M. Parker est trop vieux. »
Je me mordis la lèvre inférieure. C’était exactement ce pour quoi il était aussi attirant ; j’avais une attirance pour les hommes plus âgés. J’avais une attirance pour lui, et j’écrivis rapidement mes pensées à ce sujet.
« Je parie qu’il sait ce qu’il fait avec sa b- »
J’hésitai à écrire le dernier mot. Je mouillai rien qu’à penser à écrire un mot de quatre putains de lettres. Ça n’aurait pas dû être important – d’écrire le mot « bite ». Pourquoi est-ce que j’hésitais autant ? De peur que les filles de la classe ne lisent le mot ? Ou pire, M. Parker ?
Bite. Bite. Bite.
Bite. Bite. Bite.
Voilà, je peux dire ce mot dans ma tête, encore et encore. Alors pourquoi est-ce que je ne pouvais pas l’écrire, exactement ?
Bite. Bite. Bite.
Mon dieu. Ma langue avait bien besoin d’un lavage à l’eau bénite.
« Je parie qu’il sait ce qu’il fait avec sa bite. » Je repassai le mot rapidement, avec un soupir de soulagement. J’avais enfin écrit ce putain de mot.
Jane – 1. Bite – 0.
« T’es dingue. C’est un prof. Tu resteras vierge toute ta vie. Il te touchera jamais. »
Je fis la moue en lisant le mot d’Anna. Je ne voulais pas l’admettre, mais il me faisait un peu mal, surtout vu que j’aurais mon diplôme la semaine prochaine et que je ne le reverrai jamais. Ça faisait mal, parce que c’était vrai. C’était tout simplement impossible que quelqu’un d’aussi magnifique, d’aussi intelligent et d’aussi expérimenté que M. Parker veuille s’associer avec une fille de dix-huit ans venant d’une vieille école catholique dont les seules expériences sexuelles avaient été avec sa propre main. J’étais vraiment vierge sous tous les aspects et cette dure réalité commençait à prendre forme en moi.
Comment allais-je perdre ma virginité si je ne connaissais rien du sexe ? Bien sûr, je savais comment me faire plaisir et certaines vidéos porno avaient l’air assez simples à suivre, mais est-ce que l’action serait aussi simple ? Les seules bites que j’avais vues en personne étaient celles de mes cousins, quand nos parents nous faisaient nager ensemble, nus, quand nous avions quatre ans. J’étais une vierge, seule – et surexcitée.
« On finit les cours dans une semaine. » Je passais le mot à Anne, me mordis la lèvre.
Maintenant, je me contentai d’écrire des choses au hasard, en espérant qu’elle ne verrait pas combien j’avais été affectée par ce qu’elle venait juste de dire.
« Il te touchera jamais. »
Ça faisait mal, vraiment. J’avais eu un gros coup de cœur sur M. Parker depuis le début de l’année scolaire et maintenant, c’était presque la fin. Comment je ferais, si je ne pouvais plus le voir tous les jours ?
« Il est sexy. »
« Tu ES folle. Tu peux pas coucher avec un prof. »
Ma réponse fut simple, la vérité. « Je veux personne d’autre. C’est lui qui prendra ma virginité. »
Concrétiser cette idée était impossible.
Ma mâchoire se décrocha lorsque je vis M. Parker s’avancer vers moi. Est-ce que mon fantasme le plus secret se réalisait enfin ? Bien sûr que non. Avant que je ne réagisse, il saisit les petits mots de mes mains et les parcourut rapidement.
Oh. Mon. Dieu.
Je jetai un œil à Anne, et ses joues étaient aussi rouges que ses cheveux. Ce n’était pas elle qui avait écrit toutes ces choses sur les mots échangés. Ce n’était pas elle qui allait avoir des soucis. C’était moi.
C’était le moment parfait pour que le sol s’ouvre et m’engloutisse. Ça annonçait le suicide social – mes camarades allaient découvrir que je voulais baiser mon professeur. Le dire à Anne par un petit mot c’était une chose, mais ça ? Mon dieu, je ne m’en remettrais jamais.
Je ne voulais même pas penser à ce que mes parents diraient quand je serais envoyée chez le proviseur. Ils étaient absents la plupart du temps, si ce n’était pas tout le temps et semblaient ne s’intéresser à moi que pour me réprimander ou me punir. J’avais passé à peu près la moitié de l’année scolaire à vivre avec la femme de ménage pendant qu’ils voyageaient en Europe, en Afrique ou sur un autre continent, qu’importe. Quand ils apprendraient que je voulais coucher avec mon professeur, ils s’affoleraient.
Je fermai les yeux et attendis qu’il se mette à lire à voix haute, comme il le faisait d’habitude quand il interceptait des petits mots.
Je retins mon souffle et levai mon regard sur lui à travers mes cils.
Ses yeux sombres se fichèrent dans les miens lorsqu’il lut le mot. « J’ai trop hâte de finir les cours. Marre de l’uniforme, » dit-il, la voix assez haute pour que tout le monde puisse entendre. Il repartit vers le tableau.
Je relevai brusquement la tête en entendant