L'ami Fritz. Erckmann-Chatrian
votre vieux vin que vous buvez entre vous, toutes vos plaisanteries, tout cela n'est rien... c'est de la misère auprès du bonheur de la famille; c'est là que vous êtes vraiment heureux, parce que vous êtes aimé; c'est là que vous louez le Seigneur de ses bénédictions. Mais vous ne comprenez pas ces choses; je vous dis ce que je pense de plus vrai, de plus juste, et vous ne m'écoutez pas.»
En parlant ainsi, le vieux rebbe semblait tout ému; le gros percepteur Hâan le regardait, les yeux écarquillés, et Iôsef, de temps en temps murmurait des paroles confuses.
«Que penses-tu de cela, Iôsef? dit à la fin Kobus au bohémien.
—Je pense comme le rebbe David, dit-il, mais je ne peux pas me marier, puisque j'aime le grand air, et que mes petits pourraient mourir sur la route.»
Fritz était devenu rêveur. «Oui, il ne parle pas mal, pour un vieux posché-isroel, fit-il en riant; mais je m'en tiens à mon idée, je suis garçon et je resterai garçon.
—Toi! s'écria David. Eh bien! écoute ceci, Kobus; je n'ai jamais fait le prophète, mais, aujourd'hui, je te prédis que tu te marieras.
—Que je me marierai, ha! ha! ha! David, tu ne me connais pas encore.
—Tu te marieras! s'écria le vieux rebbe, en nasillant d'un air ironique, tu te marieras!
—Je parierais que non.
—Ne parie pas, Kobus, tu perdrais.
—Eh bien, si... je te parie... voyons... je te parie mon coin de vigne du Sonneberg; tu sais, ce petit clos qui produit de si bon vin blanc, mon meilleur vin, et que tu connais, rebbe, je te le parie....
—Contre quoi?
—Contre rien du tout.
—Et moi j'accepte, fit David, ceux-ci sont témoins que j'accepte! Je boirai ce bon vin qui ne me coûtera rien, et, après moi, mes deux garçons en boiront aussi, hé! hé! hé!
—Sois tranquille, David, fit Kobus en se levant, ce vin-là ne vous montera jamais à la tête.
—C'est bon, c'est bon, j'accepte; voici ma main, Fritz.
—Et voici la mienne, rebbe.»
Kobus alors, se tournant, demanda:
«Est-ce que nous n'irons pas nous rafraîchir au Grand-Cerf?
—Oui, allons à la brasserie, s'écrièrent les autres, cela finira bien notre journée. Dieu de Dieu! quel dîner nous venons de faire.»
Tous se levèrent et prirent leurs chapeaux; le gros percepteur Hâan et le grand Frédéric Schoultz marchaient en avant, Kobus et Iôsef ensuite, et le vieux David Sichel tout joyeux derrière. Ils remontèrent bras dessus, bras dessous la rue des Capucins, et entrèrent à la brasserie du Grand-Cerf, en face des vieilles halles.
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