Les derniers Iroquois. H. Emile Chevalier

Les derniers Iroquois - H. Emile Chevalier


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chambres distribuées autour d'une grande salle carrée où la famille se tenait habituellement et faisait son ordinaire. Le village lui-même était entouré d'une triple enceinte circulaire palissadée, percée d'une seule porte fermant à barre. Des galeries régnaient en plusieurs endroits en haut de cette enceinte, et au-dessus de la porte, avec des échelles pour y monter et des amas de pierres déposées au pied pour la défense. Dans le milieu de la bourgade se trouvait une grande place9

      Garneau, Histoire du Canada, t. I, p. 23.

      Voila le berceau de Montréal.

      Voir la Huronne.

      Mais c'est en 1640 seulement que la richesse du site de Hochelaga attire l'attention. Ce site est une île longue de neuf lieues sur deux et demie de large environ. Une compagnie de négociants français se la fait concéder et y envoie un de ses membres, Paul de Chomedy, sieur de Maisonneuve, gentilhomme champenois, avec ordre d'y implanter une colonie.

      Située à une demi-lieue au-dessous de Québec.

      Le clergé catholique s'entête à n'appeler Montréal que par ce nom.

      De ce moment jusqu'à nos jours, la population de Montréal suivit incessamment une marche ascendante.

      Aujourd'hui le chiffre de cette population peut être porté à 100,000 âmes, taudis que Québec, que beaucoup de nos géographes s'obstinent à citer uniquement comme la seule ville importante du Canada, n'en a guère plus de 50,000.

      Nous ne saurions mieux comparer l'île de Montréal qu'à un bicorne dont la ville figurerait l'aigrette. Au nord, elle est arrosée par la rivière des Prairies, branche de l'Outaouais (ou Ottawa), et au sud par le Saint-Laurent qui, devant la ville, a plus de deux milles de large.

      Adossé à la montagne d'où elle tire son nom. Montréal (Mont-Royal) offre à la vue une sorte de parallélogramme avec ses trois cents rues coupées à angle droit.

      La principale voie passagère, la rue Notre-Dame, s'étend du nord à l'est sur un espace de plus d'un mille. Elle est le centre du commerce de détail, le rendez-vous du monde élégant. Des magasins fort coquets, et quelques-uns fort riches aussi, la bordent des deux côtés. Elle est partagée parla place d'Armes sur laquelle on a construit, il y a une trentaine d'années, la cathédrale Notre-Dame, basilique dans le genre néo-gothique, mais prétentieuse, mince, étriquée, une sorte de monument en carton-pierre, bien qu'on le considère comme le temple le plus vaste de l'Amérique septentrionale. Au-delà on remarque aussi le nouveau Palais de Justice, dont la façade a une grande mine, niais dont la distribution intérieure laisse beaucoup à désirer: son portique appartient au style grec. Il se dresse en face de la place Jacques Cartier, sur laquelle, par un contre-sens risible, ou plutôt par une dérision amère, les Anglais ont élevé une colonne et une statue à l'amiral Nelson!

      Parallèlement à la rue Notre-Dame, s'élance la rue Saint-Paul, plus étroite, moins élégante, mais non moins animée. La partie septentrionale est envahie par les petits négociants en nouveautés, mercerie et quincaillerie; la partie méridionale par les gros importateurs, dont les immenses magasins descendent jusqu'à la rue des Communes, laquelle longe les quais.

      Bâtis en belle pierre de taille à douze ou quinze pieds du niveau du Saint-Laurent, ces quais se déploient devant la ville comme un inébranlable rempart. Pendant la bonne saison, les oisifs et les curieux s'y rassemblent. Peu de promenades présentent, à notre avis, autant d'agréments que celle-là.

      En se dirigeant vers le sud, le regard franchit des paysages aussi séduisants que variés, après avoir passé par-dessus le magnifique pont tubulaire Victoria, le plus beau au monde, construit dernièrement par le célèbre ingénieur anglais Stevenson.

      Qu'il s'arrête sur les nombreux navires de toutes les nations, voiliers ou vapeurs, goélettes ou trois-mâts, canots d'écorce ou vaisseaux de guerre, mouillés dans les bassins, qu'il ondule avec les eaux diaphanes du roi des fleuves, qu'il vague mollement à travers les quinconces de l'île Sainte-Hélène qui, telle qu'une corbeille de verdure, émerge de l'onde vis à vis de la ville, ou qu'avide et amoureux des champs, il saute à l'autre rive du Saint-Laurent, l'oeil trouve cent sujets de plaisir, d'instruction, de rêverie, de délices.

      C'est un spectacle enchanteur pour l'artiste nonchalant, insoucieux, et pour le spéculateur alerte, farci de chiffres.

      Les Canadiens-Français nomment ainsi les barils de farine, provisions, etc.

      Partout l'activité, partout le travail intelligent, partout l'abondance.

      Des hommes, des chevaux, des cabs, des cabrouets se pressent, se froissent se heurtent. On dirait de l'entrepôt général du trafic du globe.

      Mais laissons la rue des Commissaires où nous ramèneront vraisemblablement les incidents de notre récit. En examinant Montréal à vol d'oiseau, nous voyons la ville s'étager en amphithéâtre dans les plis d'un terrain fortement tourmenté.

      Les quartiers limitrophes du fleuve sont exclusivement consacrés aux affaires. La majeure partie de la population y est anglaise. Plus loin,


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