Les derniers Iroquois. H. Emile Chevalier

Les derniers Iroquois - H. Emile Chevalier


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la compagnie du chemin de fer du Grand-Tronc, n'ont fait que bâter le transfert du centre commercial au quartier Sainte-Anne ou Griffinton, ce bourbier infect, cette léproserie où grouille une population irlandaise, sordide, déguenillée, fanatique, prête à tous les crimes, la honte et l'effroi de la métropole canadienne, comme les Cinq-Points de New-York, la Cité de Londres ou de Paris, le Ghetto de Rome, furent longtemps la honte et l'effroi des nobles capitales qui recelaient ces clapiers dans leur sein.

      Le Griffinton, une fois assaini, purgé des bandes de misérables qui rendent son séjour dangereux autant que dégoûtant, Montréal, avec ses maisons bien bâties, ses grand édifices publics, civils ou religieux, ses rues régulières parfaitement aérées, ses nombreux instituts, son riche musée de géologie, son jardin botanique, son magnifique port, ses prodigieuses ressources maritimes, industrielles et agricoles, et les splendides campagnes qui se déploient à ses portes, Montréal prendra définitivement rang parmi les villes les plus favorisées et les plus agréables des deux hémisphères.

       Table des matières

       Table des matières

      La population des deux Canadas dépasse actuellement deux millions d'habitants. Il n'est guère de peuples qui se soient accrus aussi rapidement. Comme on le concevra aisément, les Anglo-Saxons ont pris plus de développement que les Franco-Canadiens, depuis la conquête du Canada par l'Angleterre, en 1789. Alors les premiers ne comptaient pas plus de sept à huit mille âmes dans le paya qu'ils occupaient sous le nom de Haut-Canada, à l'ouest de Montréal. De récentes statistiques nous montrent leur progression vraiment fabuleuse:

      1814.................... 95,000

      1824.................... 151,097

      1829.................... 198,440

      1832.................... 261,066

      1834.................... 320,693

      1836.................... 372,502

      1842.................... 486,055

      1848.................... 723,292

      1852.................... 952,054

      1855.................... 1,003,121

      1860.................... 1,060,305

      Quant ou Bas-Canada, il a suivi l'échelle suivante:

      Lors de la conquête, soixante mille Français à peine l'habitaient. A partir du premier recensement anglais on trouve:

      1825................... 423,630

      1827.................... 471,876

      1831.................... 511,920

      1844.................... 690,782

      1882.................... 890,661

      1888.................... 930,207

      1860.................... 1,000,044

      M. Chauveau, surintendant de l'instruction publique au Canada accompagne ces chiffres d'observations très-judicieuses.

      «Si, dit-il, l'on considère que cet accroissement est presque entièrement dû à la multiplication par le seul effet des naissances de 60,000 Français, on le trouvera certainement remarquable. Quelques centaines de familles, presque toutes normandes ou bretonnes, ont originairement peuplé les vastes territoires qui composaient la Nouvelle-France. A la conquête, un grand nombre de familles se sont embarquées pour la France, et, depuis ce temps, il n'a pas été ajouté aux familles françaises de la colonie. Quelques individus isolés, aussitôt repartis qu'arrivés, ont, pour bien dire, à peine visité la Nouvelle-France, passée sous la domination de l'Angleterre. Malgré le nombre considérable de Français et de Belges qui émigrent en Amérique, il n'y a actuellement (1858) que 1,366 natifs de ces deux pays. Loin de gagner par l'immigration, la race française a, au contraire, constamment perdu par une émigration qui s'est faite dès l'origine et n'a cessé de se faire vers les États-Unis, les plaines de l'ouest et jusqu'à la Louisiane et au Texas... Bien plus, une émigration plus formidable s'est faite depuis quelques années. Des ouvriers par bandes, des familles de cultivateurs par essaims ont laissé le Canada, etc...!»

      Les dilapidations insensées du trésor public, la corruption effroyable des hommes politiques, l'augmentation constante des impôts, la lourdeur de la dette coloniale, qui pèse de près de deux cents francs sur chaque tête d'individu, sont les principaux motifs de cette émigration. Quant à la fécondité des Canadiens, elle peut passer pour proverbiale. Les» familles de douze ou quinze enfant» sont communes. J'ai connu des femmes qui avaient donné le jour à vingt-cinq, et une à trente et un!

      Les motifs de leur désaffection étaient divers. Pour les Franco-Canadiens, c'était principalement cette vieille inimitié de race que le temps n'a malheureusement pas effacée. D'ailleurs, peuple conquis, il n'eut, guère été naturel qu'ils supportassent sans se plaindre leurs conquérants.

      Pour plus amples détails, qu'il m'est impossible de donner ici, voir la Huronne.

      Ce document fut envoyé à Londres. Mais, loin de faire droit à ses instantes réclamations, quoiqu'elles fussent appuyées par lord John Russell, O'Connell et plusieurs membres éminents de la chambre des communes anglaise, le cabinet de Saint-James ferma l'oreille.

      Des troubles, bientôt réprimés, éclatèrent, au commencement de 1837, à Montréal et dans les environs.

      Alors, le ministère anglais se


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