Aristophane; Traduction nouvelle, tome premier. Аристофан
pu l'ignorer? Puisse un Amour nous unir, moi et toi, semblable à celui qui est présent, et couronné de fleurs! Crois-tu donc, par hasard, que je suis trop vieux? Mais si je te prends, je crois pouvoir t'offrir trois avantages. Et d'abord je puis aligner un long plant de vignes, puis élever auprès de tendres rejetons de figuier, en troisième lieu, tout vieux que je suis, y marier de jeunes ceps de vigne, et enfin garnir d'oliviers tout le tour de mon champ pour nous oindre d'huile, toi et moi, aux Noumènia.
Écoutez, peuple. A la façon de vos pères, buvez dans les coupes au son de la trompette. Celui qui l'aura vidée le premier recevra une outre faite comme Ktésiphon.
Enfants, femmes, n'avez-vous pas entendu? Que faites-vous? N'entendez-vous pas le Héraut? Faites bouillir, rôtissez, retournez et enlevez ces lièvres prestement; tressez les couronnes… Apporte les broches, pour enfiler les grives.
J'envie ta prudence, mon cher homme, et encore plus ta bonne chère actuelle.
Que sera-ce, quand vous verrez rôtir ces grives?
Je crois que tu dis juste encore sur ce point.
Attise le feu.
Entends-tu avec quelle habileté culinaire, avec quelle science et avec quelle entente de gourmet il se fait servir?
Malheureux que je suis!
Par Hèraklès! quel est cet homme?
Un homme infortuné.
Suis ton chemin devant toi.
O cher ami, puisque la trêve est pour toi seul, cède-moi un peu de pain, ne fût-ce que de cinq ans.
Que t'est-il arrivé?
Je suis ruiné, j'ai perdu deux bœufs.
Comment?
Les Bœotiens les ont pris à Phyla.
O trois fois malheureux! Et tu es encore vêtu de blanc?
Ces deux bœufs, par Zeus! me nourrissaient de leur fumier.
Que te faut-il donc, maintenant?
J'ai perdu la vue à pleurer mes bœufs. Mais si tu prends intérêt à Derkélès de Phyla, frotte-moi vite les deux yeux avec de la poix.
Mais, malheureux, je ne suis pas en situation de rendre service à tout le monde.
Allons, je t'en conjure, peut-être retrouverais-je mes bœufs.
Impossible. Va-t'en pleurer auprès des disciples de Pittalos.
Rien pour moi qu'une seule goutte de poix, verse-la dans ce chalumeau.
Pas un fétu! Va-t'en gémir ailleurs!
Infortuné que je suis; plus de bœufs de labour!
Cet homme, avec son traité, s'est fait une vie douce, et il ne semble vouloir partager avec personne.
Toi, arrose les tripes avec du miel; fais griller les sépias.
Entends-tu ses éclats de voix?
Grillez les anguilles!
Tu vas nous faire mourir, moi de faim, et les voisins de fumée et de ta voix, en criant de la sorte.
Rôtissez cela, et que la couleur en soit dorée!
Dikæopolis! Dikæopolis!
Quel est cet homme?
Un jeune marié t'envoie ces viandes de son repas de noces.
Il fait bien, quel qu'il soit.
Il te prie, en échange de ces viandes, pour ne pas aller à la guerre et pour rester à caresser sa femme, de lui verser dans cette fiole un verre de poix.
Remporte, remporte les viandes et ne me les donne pas, je ne verserais pas de la poix pour mille drakhmes. Mais quelle est cette femme?
C'est la meneuse de la noce: elle demande à te parler de la part de la mariée, à toi seul.
Voyons, que dis-tu? Par les dieux! elle est plaisante la demande de la mariée! Elle désire que la partie essentielle du marié reste à la maison. Allons! qu'on apporte la trêve; je lui en donnerai à elle seule; elle est femme; elle ne doit pas souffrir de la guerre. Femme, approche; tends-moi la fiole. Sais-tu la manière de s'en servir? Dis à la mariée, quand on fera une levée de soldats, d'en frotter la nuit la partie essentielle de son mari. Qu'on remporte la trêve. Vite, la cruche au vin, pour que j'en verse dans les coupes!
Mais voici un homme aux sourcils froncés: il se presse comme pour annoncer un malheur.
O fatigues, lames en bataille, Lamakhos!
Quel bruit résonne autour de mes demeures étincelantes d'airain?
Les stratèges t'ordonnent de prendre sur-le-champ tes cohortes et tes aigrettes, et d'aller garder la frontière, malgré la neige. Car on leur annonce qu'au moment de la fête des Coupes et des Marmites, des bandits bœotiens vont faire une invasion.
O stratèges, plus nombreux qu'utiles! n'est-il pas dur pour moi de ne pouvoir être de la fête?
O armée polémolamaïque!
Malheur à moi! Tu ris de mon infortune!
Veux-tu combattre contre un Géryôn à quatre ailes?
Hélas! hélas! quelle nouvelle m'apporte ce second messager?
Dikæopolis!
Qu'est-ce?
Viens vite au banquet, et apporte ta corbeille et ta coupe. Le prêtre de Dionysos t'y invite. Mais hâte-toi, tu retardes le repas. Tout est prêt: lits, tables, coussins, tapis, couronnes, parfums, friandises, courtisanes, galettes, gâteaux, pains de sésame, tartes, belles danseuses, l'air bien-aimé de Harmodios. Ainsi, accours au plus vite.
Infortuné que je suis!
C'est que tu as pris pour emblème cette grande Gorgôn. Fermez la porte, et qu'on apprête le repas.
Esclave, esclave, apporte-moi ici mon sac.
Esclave, esclave, apporte-moi ici ma corbeille.
Du sel mêlé de thym et des oignons.
Et à moi du poisson; les oignons me répugnent.
Apporte-moi ici, esclave, une feuille de figuier, pleine de hachis rance.
Et à moi une feuille de figuier bien graissée, je la ferai cuire ici.
Mets là les plumes de mon casque.
Mets