Storey. Keith Dixon

Storey - Keith Dixon


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Il n’avait pas plus de trente ans et Paul se demanda quand il avait eu le temps de participer aux rallyes automobiles en Afrique.

      Il se dirigea vers le salon, après avoir dit à David qu’Araminta avait pris un taxi. Il regarda autour de lui. Il cherchait un signe quelconque qui lui révélerait ce qui s’était passé lorsqu’on lui avait demandé de les laisser seuls.

      – Excusez-moi, dit David, mais que voulez-vous?

      – J’ai trouvé qu’elle avait été dure avec vous. Et quand vous êtes tous les deux sortis et que je vous ai vu dans le couloir, on aurait dit que vous avez été renversé par un camion. Je ne voudrais pas vous vexer, mais est-ce qu’elle vous a plaqué?

      David fronça les sourcils et s’assit dans un fauteuil à motifs de fleurs, se pencha en avant vers Paul, qui s’était assis en face de lui pensant qu’il serait plus à l’aise pour parler de vérités qui dérangent.

      – Non, bien sûr que non, dit-David, elle ne m’a pas plaqué. Mais ça ne vous regarde pas.

      – On me le répète souvent.

      – Vous travaillez avec elle, n’est-ce pas?

      – C’est un accord récent.

      – Vous êtes donc au courant.

      – Au courant de quoi?

      – C’est la raison pour laquelle elle est venue me parler. Et je suppose que vous êtes son soutien moral, en cas de besoin.

      Paul ne comprenait pas ce qu’il voulait dire. Il savait que cela était le cœur du sujet, le noyau de l’arnaque, mais il ne comprenait toujours pas pourquoi elle l’avait amené ici. Il ne pouvait pas être son soutien moral, puisqu’il n’était pas sûr qu’Araminta ait un moral, pour commencer.

      – Qu’est-ce qu’elle vous a raconté? demanda-t-il.

      – Vous savez, au sujet du cancer.

      David surprit l’expression sur le visage de Paul.

      – Oh, peut-être que vous n’étiez pas au courant. Comme je suis stupide, j’ai craché le morceau.

      Paul pensa qu’il était préférable de ne rien dire, il se contenta de regarder l’homme avec un visage neutre.

      – Eh bien, continua David, trop tard maintenant. Elle souffre d’un cancer grave du pancréas. Normalement elle n’aura pas longtemps à vivre, mais elle s’est inscrite à un programme expérimental qui coûte une fortune et c’est top secret.

      – Que voulez-vous dire par top secret?

      David se lécha les lèvres:

      – Elle m’a dit de ne rien dire à personne, mais je ne peux plus revenir en arrière maintenant. Elle a dit qu’il a été établi par un regroupement entre une entreprise privée et le ministère de la Défense. Ne me demandez pas pourquoi. Bref, ça implique la technologie génétique et personne n’est au courant.

      Paul sentit qu’il avait le regard fixe, mais c’était plus fort que lui.

      – Quel genre de traitement? demanda-t-il, uniquement pour avoir quelque chose à dire.

      Davide haussa les épaules, pensant en avoir peut-être trop dit.

      – Je sais uniquement que c’est presque un secret officiel et qu’elle va s’éloigner pour six mois, ajouta-t-il.

      – Elle vous a dit tout cela ce soir, pendant les dix minutes où je me trouvais dans la pièce à côté?

      – C’était comme si elle lisait un scénario, elle ne m’a pas laissé l’interrompre, elle l’a raconté du début à la fin. Elle m’a montré quelques documents, ça avait l’air d’être assez officiel.

      – Et vous l’avez cru? demanda-t-il en essayant de masquer sa voix sceptique.

      David ignora la question.

      – Quel dommage vraiment, dit-il, car j’avais l’intention de l’emmener rendre visite à ma mère et ma sœur la semaine prochaine. Elles sont au courant, mais ne l’ont pas encore rencontrée. Je voulais leur faire la surprise.

      – Où habitent-elles?

      – A Kenilworth, pas loin. Je devrais y aller plus souvent, mais elles sont heureuses seules. Je n’aime pas déranger.

      – Vous devriez passer plus de temps avec vos proches. Croyez-moi, je sais de quoi je parle.

      – Vous ne connaissez pas ma mère. Après la mort de mon père, elle s’est endurcie. Je crois qu’elle n’aime pas trop les hommes. Pas après ce que mon père lui a fait. Ne me demandez pas quoi, parce que je ne vous le dirai pas.

      Il ne voulait pas le savoir, pensa Paul, il ne voulait pas s’impliquer dans la vie des autres. Il avait déjà assez de mal avec la sienne.

      – Je dois partir, dit-il en se levant.

      David se leva également et demanda:

      – Vous pensez qu’elle s’en sortira?

      – Dites-moi, vous avez dit que le traitement allait coûter une fortune. Qui paye pour ça?

      – Elle ne l’a pas dit.

      – Non?

      – Non, elle a seulement dit qu’elle allait se retrouver au chômage pendant un temps. Le journal lui offrira un soutien financier uniquement pendant quelques mois, ce qui est tout-à-fait juste de leur part. Après cela, elle sera à fauchée.

      – Vous la connaissez depuis combien de temps? demanda Paul.

      – Je sais où vous voulez en venir – vous êtes un type méfiant, c’est ça? Vous m’avez donné cette impression dès la première minute que je vous ai vu. Je ne suis pas né de la dernière pluie, vous savez! Vous pensez que juste le fait qu’elle ait demandé qu’on lui prête de l’argent, fait d’elle une croqueuse de diamants.

      – Elle a déjà demandé?

      – Juste pour la dépanner, après l’épuisement de ses économies. Je lui ai proposée de l’héberger ici, mais elle ne veut pas en entendre parler. Je crois qu’elle est assez timide, vraiment, réservée. N’aimerais pas s’imposer. Je sais qu’elle paraît être une dure, mais au fond c’est une fille très gentille.

      Paul fit une pause.

      – Si j’étais à votre place, dit-il, j’attendrais un peu avant de lui prêter quoi que ce soit. Voyez d’abord comment les choses se passeront.

      – Quelques milliers par-ci, par-là, ne vont pas me ruiner. Regardez cet endroit. Un oncle me l’a légué dans son testament. Tout payé, avec de l’argent en plus. Je peux me le permettre.

      – C’est ce dont j’avais peur. Laissez-moi vous donner mon numéro.

      CHAPITRE HUIT

      Bien que la maison fût en bon état, l’une des chambres avait besoin de restauration. Paul acheta donc, le lendemain matin, un bidon de magnolia pour peindre le papier peint à motifs que son père avait posé il y a près de trente ans de cela.

      Il consacra un bon bout de temps à penser à David et à se demander ce qu’Araminta faisait avec lui. Il se demandait également où Cliff se trouvait dans cette comédie, si c’était le cas. Il pensait à Cliff et à ses trois hommes de main, assis dans les pubs et cafés à s’imaginer des projets qui pourraient rapidement les enrichir, vendre des marchandises volées dans des foires-à-tout ou dans des magasins d’échange contre du liquide en essayant se faire des profits. Il se demandait s’ils étaient sérieux, s’il devait en parler à Rick, les mettre sur une liste, voir s’ils étaient connus des flics de Coventry. D’après ce que Cliff avait raconté, ils se préparaient pour un coup et Paul ne pensait pas que cette virée impliquait Araminta. C’était probablement une affaire sur le terrain et sordide.

      Il avait vu qu’Araminta gérait sa propre


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