Politik – Kirche – politische Kirche (1919–2019). Группа авторов

Politik – Kirche – politische Kirche (1919–2019) - Группа авторов


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en distinguant deux genres d’apparaître, ou deux phénoménalités, comme il les appelle aussi : un apparaître par intentionnalité que nous explorons dans une phénoménologie du monde et un apparaître qui échappe à toute intentionnalité, où la vie s’apparaît non-intentionnellement à elle-même dans le sens de l’auto-affection dont il vient d’être question11. Cette auto-affection, selon lui, ne se réduit pas à un sentiment de soi purement formel mais révèle, comme il l’exprime, tout un champ de « déterminations impressionnelles et affectives12 », tout un champ de phénomènes donc, qu’explore ce que Henry appelle une phénoménologie de la vie. Autrement dit, par l’auto-affection, nous avons accès aux modalités de nos états affectifs : douleur, joie, etc., par l’auto-affection nous est révélée toute une structure de la vie affective intérieure.

      Or, quand j’éprouve de la douleur ou de la joie, ce n’est pas, je pense – et c’est ma critique –, indépendamment d’actes intentionnels que je puis reconnaître mon affectivité comme étant ceci ou cela, comme étant une douleur ou comme étant une joie, ou mon affectivité en général comme étant structurée d’une façon ou d’une autre. Une émotion est d’abord un acte de représentation d’un genre particulier. Nous nous rapportons à un objet et cet objet déclenche en nous une émotion dans le sens d’une évaluation positive ou négative de l’objet, évaluation qui admet un certain nombre de modalités. Ces modalités constituent la diversité de nos états affectifs. Or une émotion est une représentation évaluative accompagnant des représentations non-émotionnelles de l’objet lui-même. Et la qualité de l’émotion, ma plus ou moins grande tristesse ou joie, est due à ce que déclenche en moi la représentation des qualités de l’objet13.

      Bien sûr qu’il n’y a pas d’affectivité consciente qui ne soit présente à elle-même, et il ne s’agit pas, en cela je suis d’accord avec Henry, d’une présence à soi résultant d’un acte de réflexion. S’éprouver n’est rien d’autre que le fait d’être présent à ses propres états affectifs, donc présent de manière préréflexive. Mais cette présence ne génère pas en elle-même une connaissance positive. Elle est tout au plus présence à une connaissance positive de notre intentionnalité affective. Plus exactement, la différence entre différents états affectifs est obtenue par des actes émotionnels de premier ordre visant des objets et par des actes réflexifs, donc par des retours intentionnels sur ces actes émotionnels de premier ordre. Ce n’est pas l’auto-affection en tant que telle qui ouvre un champ de phénoménalité particulier auquel nous aurions accès de manière non-intentionnelle.

      Contrairement à Henry, je ne suis même pas sûr s’il ne vaudrait pas mieux en rester à une présence à soi décrite en termes purement cognitifs comme chez Henrich, mais quand bien même nous accepterions avec Henry d’appeler la présence à soi une auto-affection, nécessairement elle échappera à la connaissance positive, c’est-à-dire quʼelle ne peut être conçue autrement que comme une affection de soi qui dans sa non-intentionnalité est sans contenu, sans modalité aucune.

      Les tentatives de Düsing et de Henry attestent l’échec de l’approche de la conscience (de) soi par connaissance positive. Je reviens donc à ma conclusion : la présence préréflexive à soi qui sert à expliquer la familiarité originaire de toute conscience humaine avec elle-même ne peut être décrite autrement que par connaissance négative. Il s’agit d’une connaissance de soi qui n’est pas connaissance dans le sens ordinaire d’une connaissance intentionnelle, ou éventuellement d’une auto-affection qui n’est pas affectivité au sens ordinaire de ce que nous entendons par un affect. Il n’y a de connaissance positive que par intentionnalité, et il n’y a d’immédiateté que par une présence à soi préréflexive dont, sur le plan de la connaissance propositionnelle, nous avons au maximum une connaissance négative. Avec cela, nous obtenons un parfait parallèle entre la connaissance négative de Dieu et la connaissance négative de soi.

      Bibliographie

      Disse Jörg (2016) : Desiderium. Eine Philosophie des Verlangens. Stuttgart : Kohlhammer

      Düsing Klaus (1997) : Selbstbewußtseinsmodelle. Moderne Kritiken und systematische Entwürfe zur konkreten Subjektivität. München : Fink

      Frank Manfred (1986) : Die Unhintergehbarkeit von Individualität. Reflexionen über Subjekt, Person und Individuum aus Anlass ihrer „postmodernen“ Toterklärung. Frankfurt/M. : Suhrkamp

      Frank Manfred 1(1991) : Selbstbewusstsein und Selbsterkenntnis. Essays zur analytischen Philosophie der Subjektivität. Stuttgart : Reclam

      Frank Manfred 2(1991) : Selbstbewusstseinstheorien von Fichte bis Sartre. Frankfurt/M. : Suhrkamp

      Henrich Dieter (1967) : Fichtes ursprüngliche Einsicht. Frankfurt/M. : Klostermann

      Henrich Dieter (1970) : « Selbstbewusstsein. Kritische Einleitung in eine Theorie ». In : Bubner R., Kramer K. & Wiehl R. (éd.), Hermeneutik und Dialektik. Aufsätze 1. Methode und Wissenschaft, Lebenswelt und Geschichte. Tübingen : Mohr-Siebeck, pp. 257–284

      Henrich Dieter (2007) : « Selbstsein und Bewusstsein ». E-Journal Philosophie der Psychologie 8, 19 p. (URL : http://www.jp.philo.at/texte/HenrichD1.pdf; version du 02/04/2019)

      Henry Michel (1996) : C’est moi la vérité. Pour une philosophie du christianisme. Paris : Seuil

      Henry Michel (2000) : Incarnation. Une philosophie de la chair. Paris : Seuil

      Henry Michel (2003) : « Phénoménologie de la vie ». In : Henry M., Phénoménologie de la vie. T.1, De la phénoménologie, Paris : Presses Universitaires de France, p. 59–76

      Husserl Edmund (1996) : Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps. Paris : Presses universitaires de France

      Husserl Edmund (2002) : Recherches logiques, traduction Hubert Elie, 4 tomes. Paris : Presses universitaires de France

      Sartre Jean-Paul (1943) : L’Être et le Néant : Essai d’ontologie phénoménologique. Paris : Gallimard

      Thomas d’Aquin (1984–1989) : Somme théologique. Paris : Le Cerf

      Thomas d’Aquin (1993) : Somme contre les Gentils. Paris : Le Cerf

      Tugendhat Ernst (1979) : Selbstbewusstsein und Selbstbestimmung. Sprachanalytische Interpretationen. Frankfurt/M. : Suhrkamp

      Zahavi Dan (2007) : « The Heidelberg School and the Limits of Reflection ». In : Heinämaa S., Lähteenmäki V. & Remes P. (éd.), Consciousness. From Perception to Reflection in the History of Philosophy, (= Studies in the History of Philosophy of Mind, Vol. 4). Dordrecht, The Netherlands : Springer, p. 267–285

      „Erschließung des Humanen aus seiner Verleugnung und Abwesenheit“

      Zwischen methodischem und inhaltlichem Negativismus

      Emil Angehrn

      Abstract

      Die Welt des Menschen vom Negativen her zu erschließen, ist ein vielschichtiges Projekt. Es umfasst unterschiedliche Qualifikationen des Gegenstandes und verschiedene Zugangsweisen zu ihm: unterschiedliche Bestimmungen des Negativen (Endlichkeit, Mangel, Verfehlen, Leiden, Böses) und verschiedene Weisen negativer Erfassung (Beschreibung ex negativo, methodischer und inhaltlicher Negativismus, kritische Darstellung, Deutung). Der Aufsatz erkundet das Spektrum negativer Erkenntnis anhand exemplarischer Positionen aus Negativer Theologie, Kritischer Theorie, Existenzphilosophie, Hermeneutik und Negativismus.

      Einleitung

      Das Humane „aus seiner Verleugnung und Abwesenheit“ zu erschließen – so lautet eine prägnante Anweisung,


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