Poésies de Charles d'Orléans. Charles d'Orléans

Poésies de Charles d'Orléans - Charles d'Orléans


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tost mon passaige,

      Et pour en avoir prestement,

      La ballade eut du succès, Philippe donna trente mille écus.

      Enfin, après une détention de vingt-cinq années, Charles d'Orléans débarqua à Calais; la duchesse de Bourgogne l'attendait à Gravelines, où le duc son mari arriva peu après. Les deux cousins se jetèrent dans les bras l'un de l'autre, il n'y avait plus ni Armagnac, ni Bourguignon, et la réconciliation était complète. Charles d'Orléans, ses hôtes et un brillant cortége se rendirent à Saint-Omer; là fut célébré (novembre 1440) le mariage du poëte avec Marie de Clèves, nièce de Philippe de Bourgogne. Après un voyage à Bruges, les princes se séparèrent. Le duc et la nouvelle duchesse d'Orléans prirent le chemin du château de Blois.

      Mais ici notre tâche se complique; Charles d'Orléans ne faisait pas seulement de charmantes poésies, il faisait aussi des poëtes; et nous ne pouvons pas tout à fait passer sous silence cette seconde partie des oeuvres de notre auteur. Habité par un prince riche et puissant, le château de Blois devint bientôt le centre d'une colonie littéraire, où des rois, des grands seigneurs, le duc d'Orléans, la duchesse sa femme, confondus avec d'humbles gentilshommes et de pauvres poëtes, venaient chaque jour apporter leur tribut. Parmi les membres de cette petite académie, qui rappelle le Dauphin et ses familiers écrivant à Génappe les Cent nouvelles nouvelles, on remarque quelques noms devenus célèbres dans les lettres, et au premier rang François Villon.

      Les relations littéraires de Charles d'Orléans et de Villon, qu'on n'a peut-être pas assez remarquées, ont laissé dans les ouvrages du dernier une trace qu'on retrouve, pour ainsi dire, à chacun de ses vers: nous ne citerons qu'un exemple. Charles d'Orléans adresse à sa maîtresse une ballade (p. 22) où nous lisons:

      Au fort, martir on me devra nommer,

      Se Dieu d'amours fait nulz amoureux saints,

      Car j'ay des maulx plus que ne scay compter.

      Puis qu'ainsi est que de vous suis loingtains.

      Ouvrons le petit testament de Villon:

      Au fort, je meurs amant martir,

      Du nombre des amoureux sains.


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