Rencontres décisives. Roberto Bandenas

Rencontres décisives - Roberto Bandenas


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se détendent et, bien sûr, dans le sanctuaire où ils adorent. Si le verbe divin s’est approché d’eux par amour, mettre en pratique le verbe aimer dès maintenant sera aussi le moyen de s’approcher de l’autre et de s’élever vers le ciel.

      L’amitié de Jésus fait découvrir aux jeunes gens tout ce qu’il leur faut pour donner un sens à leur vie. Que se recueillir dans la solennité d’un temple n’est pas nécessaire pour sentir la présence de Dieu mais que celle-ci se trouve aussi dans la fraîche embrassade de l’eau lors d’une baignade nocturne. Que pour entrer en communion avec le sustentateur de toutes choses, il ne faut pas nécessairement participer au rituel d’un sacrifice ; l’on peut communier avec lui en partageant avec gratitude quelques grenades et une poignée figues ou de dattes. Qu’il n’est pas besoin d’initiation mystique pour s’approcher du Créateur de l’univers ; il suffit de se laisser porter par l’émotion en contemplant les étoiles.

      Les voyageurs ont rencontré le maître qu’ils cherchaient. Mais celui-ci les déconcerte. Il rompt tous leurs schémas. Ils ne savent comment le définir : conseiller admirable, maître, ami, chemin à prendre, guide de leur route…

      Lorsqu’il leur parle de buts à atteindre, d’amour incarné, de joie sereine, de vérité, de vie et de bien d’autres sujets fondamentaux, ses paroles sont à la fois si simples et si profondes que chacune de ses réflexions semble inépuisable. De sorte qu’ils n’arrivent jamais au fond de ses pensées.

      Il les déroute. Car le maître caresse avec un saisissant réalisme le rêve impossible des prophètes et des réformateurs les plus ambitieux : changer le monde !

      Et eux veulent faire partie de ce rêve.

      Mais seront-ils capables de suivre le maître dans cet impensable projet ?

      1 . La plaine fertile de Sodome et Gomorrhe se situe dans la dépression de la mer Morte. Selon la tradition, ces villes furent consumées par le feu tombé du ciel (Genèse 19.1-28).

      2 . Sur la communauté essénienne de Qumram, voir Flavius Josèphe, Guerre des Juifs contre les Romains, livre II, 12, trad. A. D’Andilly, Paris : LIDIS, 1968-1973, p. 707-713.

      3 . Jean 1.19-28.

      4 . Ce sont les premières paroles de Jésus enregistrées dans les évangiles (Jean 1.35-39).

      5 . Jean 1.35-37.

      6 . E. G. White, Jésus-Christ, p. 120-121.

      7 . Mes études des Évangiles m’ont conduit à la conclusion que ces premiers disciples de Jésus avaient moins de trente ans. La première et principale raison est qu’ils l’appellent “rabbi” (maître). Quant à Jésus, il avait alors environ trente ans (Luc 3.23) et n’avait encore jamais enseigné, parce qu’il était charpentier. Dans cette société patriarcale traditionnellement gérontocratique, il était inconcevable qu’un maître soit plus jeune que ses disciples. Encore moins qu’il se risque à exercer avant les quarante ou cinquante ans. Si ces jeunes gens s’adressent à Jésus en l’appelant “rabbi”, c’est parce qu’ils étaient nettement plus jeunes que lui. Jusqu’à la fin de son ministère, Jésus continue à les appeler paidia (Jean 21.5), terme grec qui signifie “enfants” ou “petits enfants”. Les désigner ainsi serait impensable dans cette culture s’ils avaient été plus âgés que lui. Le plus probable est qu’ils devaient avoir alors une vingtaine d’années. Leur jeunesse expliquerait leur énorme disponibilité qui leur permit de suivre Jésus à plein temps pendant plus de trois ans, ce qui aurait été très difficile s’ils avaient eu des familles à entretenir (Luc 18.28-31).

      8 . « Jésus-Christ qui ordonne qu’on le suive est le seul à savoir où conduit cette voie. Quant à nous, nous savons en toute certitude que ce sera une voie d’une infinie miséricorde. Vivre en disciple c’est la joie » (D. Bonhoeffer, Vivre en disciple : Le prix de la grâce, Genève: Labor et Fides, 2009, p. 20).

      9 . Voir Matthieu 3.7-10 et ses parallèles.

      10 . Jésus menaçait seulement ceux qui se délectaient à menacer les plus faibles qu’eux, c’est-à-dire les scribes et les pharisiens qui pensaient que la peur permet d’obtenir les changements désirés. Mais des menaces ne résultent que changements extérieurs et passagers. La véritable transformation naît à à la fois de l’intérieur et d’en-haut.

      11 . Le terme « disciple » désigne celui qui suit un maître auprès duquel il se forme.

      12 . Les Évangiles disent que Jésus avait quatre frères appelés Jacques, Joseph, Simon et Judas, ainsi que plusieurs sœurs (Matthieu 13.55).

      13 . « Il est préférable de percevoir la vie de Jésus en termes de changement plutôt qu’en termes de conservation. Il fut le Réformateur des réformateurs, et son levier de réforme fut la révélation du plan divin pour l’humanité » (G. Knight, Philosophie et éducation, Introduction et approche chrétienne, Collonges-sous-Salève : Faculté adventiste de Théologie, 2004, p. 265).

      14 . Selon Matthieu 28.20, les dernières paroles de Jésus seront : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ».

      15 . Paul de Tarse, le grand disciple de Jésus, gagnait sa vie en fabriquant cette sorte de tentes (Actes 18.1-3).

      16 . Cette disponibilité confirme que ces disciples étaient jeunes. Quelques-unes de leurs réflexions, comme celle que rapporte Matthieu 19.10 - “S’il en est ainsi, mieux vaut ne pas se marier” – donnerait à entendre par l’usage du temps aoriste, qu’ils étaient encore célibataires. Le fait que l’on trouve un peu plus tard le disciple Pierre déjà marié ne signifie par pour autant qu’il ait été un homme d’âge mûr. En effet, l’âge idéal recommandé par les rabbins pour se marier fluctuait entre seize et vingt-quatre ans. Il est d’ailleurs bien plus facile de comprendre l’impulsion de Pierre à vouloir marcher sur l’eau (aujourd’hui, on dirait “surfer sans planche”) si on l’attribue à un emportement juvénile que le maître ne se soucie guère de satisfaire, plutôt qu’à une décision d’un adulte mûr qui ne se serait normalement pas risqué à pareil jeu (Matthieu 14.28-33). Quelque trois ans plus tard, Pierre et Jean courent à qui mieux mieux vers le sépulcre. Bien que bouleversé, Jean exprime naïvement sa satisfaction d’être arrivé le premier (Jean 20.3-8). Si l’on ajoute à cela qu’il était mal vu dans cette société que les adultes courent en public, cet incident apparaît clairement comme une affaire de jeunes gens.

      17 . La dixième heure équivaut plus ou moins à deux heures avant le coucher du soleil (Jean 1.39).

      18 . L’auteur de ce récit est Jean, l’un des deux voyageurs, qui deviendra l’apôtre bien-aimé (Jean 1.35-42).

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