Voyages loin de ma chambre t.2. Dondel Du Faouëdic Noémie
avaient un corps de troupes qui ravageaient les environs.
Le château de Bouffret construit en style gothique.
Le château de Corcoué, style Renaissance.
Les vieux châteaux de Saché et de Marcilly-sur-Maulne.
Le beau château de la Ferrière avec sa grande forêt du même nom.
Gizeux, demeure du XIIe siècle.
Le château de Vantourneux, à Madame la comtesse de Montesquiou.
Le château de Bossay avec son antique donjon du XIIIe siècle.
Le château de la Chenardière qui appartint aux familles de Montmorency, de Laval, de Maillé. Les châteaux de Sennevières, de Sazilly, du Coudray-Montpensier, de Valesne, de Courcelles, de Sonnay, de la Guérinière, de Montgoger, de Rouvray, de Coulaines, de Custière, de la Branchoire, de Valmer, de Poillé, d’Alette, des Recordières, des Ports, des Bordes, de la Brêche, de Saint-Ouen, etc., etc.
J’en passe sans doute beaucoup et peut-être des plus beaux, mais quand on voyage rapidement, on ne peut tout voir, et encore moins tout retenir.
Cette façon prompte de parcourir le pays ne manque pas d’attraits. Ce qu’on voit se présente sous son meilleur aspect, on n’a pas le temps d’envisager l’envers des choses ni d’examiner leur mauvais côté.
LANGEAIS
J’ai vivement regretté de ne pouvoir visiter le vieux château de Langeais, en mémoire de notre bonne duchesse. En effet, n’est-ce pas dans la grande salle de ce château qu’eut lieu en 1491 le mariage de Charles VIII avec Anne de Bretagne. Oui, l’élégante Touraine est remplie de souvenirs de notre fière Bretagne, qui semble avoir posé sa griffe de granit sur tout ce qu’elle a touché.
Des étrangers ont, paraît-il, acheté ce château qui reste fermé aux visiteurs, mais il n’y a pas bien longtemps encore on pouvait lire sur une pierre posée dans l’escalier, l’inscription suivante: «La pierre phyllozofalle, c’est estre content de ses biens; qui n’a souffisance, n’a rien; 1520.»
Le donjon du château de Langeais est le doyen des édifices de ce genre, il fut construit vers 992 par le duc d’Anjou, Foulques Nerra. Plus tard le château devint la propriété de Pierre de Brosse, barbier de Louis IX. Il passa ensuite aux mains de Jean Bourré, ministre et favori de Philippe le Hardi qui le reconstruisit entièrement. C’est à Langeais que se passait autrefois une coutume étrange, un devoir féodal des plus singuliers. Quand un roi de France arrivait dans cette bourgade pour la première fois, ses habitants étaient obligés d’aller à sa rencontre à une demi-lieue, tenant chacun en main une petite botte de paille. Hein! les habitants ne se mettaient pas en frais pour recevoir leur roi! Cette bienvenue extraordinaire dont on n’a pu me donner l’explication, eut lieu le 14 novembre 1565, lorsque Charles IX vint au château de Langeais, où il passa la nuit.
J’ai entrevu le château de Plessis-lès-Tours. Ce château construit en 1463 par Louis XI, fut sa demeure favorite. C’est là qu’il mourut en 1484, assisté par saint Vincent de Paul et cinq autres religieux que le roi avait près de lui depuis un an. C’est à Plessis-les-Tours que le traître La Balue fut d’abord emprisonné. Son cachot était la tour qui contient l’escalier; voilà à peu près tout ce qui reste de ce château. Ah! ce n’est plus une demeure royale, ce n’est même plus une belle ruine que l’on conserve respectueusement. Décadence des choses humaines: ses pieds baignent dans la fange et ses jardins sont devenus un réceptacle de fumiers et servent de dépotoir à la ville!
Le château de Richelieu n’a pas été plus heureux. Il fut bâti en 1637, par le célèbre cardinal, dans un petit village auquel il donna son nom, et dont il essaya de faire une ville; mais les villes ne s’improvisent pas, elles sont l’œuvre patiente du temps. Et Richelieu n’est aujourd’hui qu’un chef-lieu de canton de deux mille trois cent dix-huit habitants.
C’était un splendide château. Richelieu avait déployé là toute sa magnificence. A l’extérieur, architecture admirablement ornementée; à l’intérieur, marbres, sculptures et peintures des grands maîtres remplissaient les appartements.
Quelques-uns des tableaux sont à Tours, quelques autres à Paris, ainsi que la fameuse table de marbre dont il a été parlé si souvent et qu’on voit aujourd’hui au Louvre.
Quant au château, l’un des plus beaux de France, comme je viens de le dire, et peut-être le plus régulièrement bâti, il n’en reste pas trace. Il a été démoli du faîte à la base, sans qu’on en retrouve une seule pierre.
Le même sort attendait le château de Chanteloup, habitation vraiment royale que le duc de Choiseul, ministre sous Louis XV, avait acheté en 1760. C’est pendant son exil dans ce château, exil qui lui valut tant de sympathies, qu’il fit édifier cette élégante pyramide de quarante mètres de haut, composée de sept étages, qui vont toujours en se rétrécissant, qu’on appelle La Pagode. Elle existe encore et on la voit de loin s’élevant au milieu des bois.
Une table de marbre, placée au rez-de-chaussée, portait le registre de maroquin rouge, où l’on inscrivait le nom des personnages éminents qui venaient visiter le duc pendant sa disgrâce.
Le château de Champigny habité par des princes du sang et jadis par Charles IX, n’est plus lui aussi qu’un souvenir. Richelieu en étant devenu propriétaire le fit complètement démolir.
Il existe cependant la Sainte-Chapelle dont les vitraux, représentant la vie de saint Louis, sont très remarquables.
Le bourg de Champigny est la patrie de Lambert, grand musicien sous Louis XIV. Sa fille épousa Lulli.
Du château de Marmande il ne reste plus qu’une tour de cent dix pieds de haut, qu’on nomme la Flèche de Marmande, et un gros pavillon qu’on appelle la Tour carrée.
Sainte Radegonde dont le nom vient de la pieuse reine de France Radegonde, qui l’habita longtemps, est un joli village tout près de Tours.
On y remarque les ruines de l’ancienne et très célèbre abbaye de Marmoutier.
L’ABBAYE DE MARMOUTIER
C’est au IVe siècle que saint Martin, évêque de Tours, fonda cette célèbre abbaye, dont la renommée devait s’accroître de siècle en siècle. Elle était aussi riche des dons du ciel que de ceux de la terre. D’un côté, les vertus austères de ses saints moines qui inspiraient la plus grande vénération; de l’autre, les immenses biens, dus à la piété des peuples et des rois qu’elle possédait. Ce fut avec la sainte ampoule de Marmoutier qu’Henri IV fut sacré.
L’église et les anciens bâtiments rendus en 1797 ont été démolis. Il ne reste que le vieux portique qui servait d’entrée principale au sud. Le superbe escalier qui avait échappé aux fureurs révolutionnaires a été vendu depuis et emporté en Angleterre. On en voit une reproduction très exacte au musée de Tours. Marmoutier appartient aujourd’hui aux Dames du Sacré-Cœur, qui ont fondé dans l’enceinte même de l’abbaye un très beau pensionnat.
SAVONNIÈRES
Les grottes de Savonnières d’une longueur de cent dix mètres et divisées en plusieurs compartiments qu’on appelle ici caves gouttières, sont curieuses à visiter.
Elles ont beaucoup d’analogie avec les fameuses grottes d’Arcy dans l’Yonne. Elles sont si sombres qu’on ne peut y entrer qu’avec de la lumière. L’eau qui suinte des voûtes forme à la longue de petits ruisseaux qui ont le don de pétrifier tout ce qu’on y dépose. Mais il faut beaucoup de temps pour que l’objet, fruit, légume, nid devienne pierre. Il faut aussi plusieurs mois, pour que ces eaux, qui tombent goutte à goutte se soient solidifiées, dans les moules généralement en métal qui les reçoivent; on fait ainsi de fort jolis camées qui ont toute l’apparence d’une pierre finement sculptée.
Le dépôt de ces eaux, blanches et diaphanes, chargées de sels calcaires, forme encore avec le temps des cristallisations remarquables: des